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Refn transcende un pitch d’heroic fantasy pour roman de gare et le transforme en trip métaphysique. Si One-Eye brise les crânes de ses ennemis à mains nues, c’est bien la tête que vise le réalisateur danois avec ce film qui a le rythme d’une chanson de geste hallucinée. Refn y dépèce les codes d’une mythologie façon Conan le Barbare pour en faire une quête existentielle. Si certains spectateurs se
montreront réticents à l’idée de monter à bord de cette croisade mentale, ceux qui l’accepteront embarqueront pour un périple rare, à contre-courant du cinéma d’action actuel.
Toutes les critiques de Le guerrier silencieux
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce voyage hallucinant a tout d'un cauchemar lancinant sur fond de guerres de religions et de rituels barbares. Le Guerrier silencieux envoûte autant qu'il surprend par son esthétique et sa brutalité.
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Nous donnons quatre étoiles à Le Guerrier Silencieux parce que c'est un film qui, après projection, nous tient encore. Et, dont on pressent qu'il va nous suivre encore comme ça durant quelques temps. Tranquillement. En silence. Avec une hache à la main et un oeil borgne...
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Pour autant, le film n'est pas uniquement d'aventures. Epure esthétique au service d'un récit existentiel: c'est un peu comme si Robert Bresson avait signé un clip. Beau et particulier, donc. A l'image de Mads Mikkelsen.
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Proche d’un happening halluciné Le Guerrier silencieux flirte avec le cinéma expérimental. Différent, ce film brillant l’est certainement dans la façon dont il malmène les codes d’une narration classique pour plonger dans un monde de sensations. Les amateurs de sensations fortes et d’oeuvres singulières trouveront leur bonheur dans cet univers de bruit et de fureur.
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Dire que Nicolas Winding Refn réinvente le film de Vikings est un euphémisme. Ce film découpé en six chapitres est une odyssée poétique dans l'inconnu, le symptôme de la recherche de l'un des cinéastes actuels les plus intrigants qui soient, poussé du nihilisme vers une métaphysique qui rechigne à dévoiler ses codes. Dans ce film envoûtant, où les repères géographiques et temporels restent flous, où le réel se brouille au rêve en des visions rouge sang, un combattant traque au coeur des ténèbres ce qui pourrait lui donner une raison d'être.
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La quête sacrificielle de ce surhomme vire à l'exercice de style. Le réalisateur semble rechercher constamment un point de sidération esthétique. Pour ceux qui voudraient un peu plus à manger, (re)voyez Stalker, disponible en DVD dans toutes les bonnes crémeries !
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A mesure que le film avance vers le « nouveau Jérusalem » escompté par ces Vikings-chrétiens-bourrins, le trouble s'évente, le vertige s'estompe, cédant sa place à la lassitude : la manière terroriste qu'a Windin Refn de faire sursauter le spectateur par des flashs chocs et autres dissonances aiguës, agace. Et surtout, l'absence de fond sidère. Car, sous sa gangue hostile de film métaphysique sur une humanité revenue à la sauvagerie, entre La Route et Herzog avec une pointe de Terminator 2, qu'a donc à nous dire Le Guerrier silencieux ? Que reste-t-il, une fois passé le frisson de cette débauche de violence glacée, joliment expérimentale ? Pas grand chose, sinon un silence assourdissant, désespérément creux.
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Un film ultra-brutal (certaines séquences sont à peine supportables) dont le héros, boule de muscles borgne et muette, parvient à terrasser ses geôliers avec la complicité d'un enfant. La fascination du metteur en scène pour l'esthétique de la violence atteint cette fois des sommets. Le film est néanmoins sauvé par l'atmosphère sauvage des paysages de fjords et par la performance physique impressionnante de Mads Mikkelsen.
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(...) si le film demande une abnégation totale de la part de son spectateur, c’est que celle-ci représente le prix à payer pour ne pas avoir le temps de soupçonner le film d’abus de ridicule. On regrette à cet égard que les dialogues, peu nombreux, n’aient pas été davantage ciselés, ce qui aurait évité au scénario de tomber dans de véritables poncifs d’écriture : on rêve encore de l’auteur dont les doigts pourront se retenir de commettre des répliques du type « Il dit que tu vas mourir »... Si Le guerrier silencieux intrigue - et ce non sans un certain degré d’audace -, il demande donc d’adopter une attitude similaire à celle de son cinéaste : sauter dans l’aventure tête la première, pour ne pas voir les gouffres qui risquent de s’ouvrir sous nos pieds.
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Un film-trip sans véritable scénario et presque sans dialogues, d'une austérité toute nordique. Epaulé par un excellent chef opérateur (lumière crépusculaire, filtres rouges) et une bande-son de rock industriel, le cinéaste plonge le spectateur dans une transe anxiogène. Dans un violent poème sur l'hostilité de la nature et la sauvagerie humaine. Dans un Aguirre arty et abstrait.
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Beau à trancher le souffle mais violent à retourner l'estomac, ce film primitif se veut expérimental. Dommage pour Nicolas Winding Refn que Werner Herzog, avec Aguirre, la colère de Dieu, soit, de façon magistrale, déjà passé par là.
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Direction : le Nouveau Monde que ses compagnons de route comptent bien évangéliser. Le Danois Nicolas Winding Refn, auteur de la trilogie "Pusher", emprunte à Werner Herzog ("Aguirre la colère de Dieu") ou à Terrence Malick et signe un trip fascinant et épique sur les visées hégémoniques, l’aveuglement des religions et quelque chose comme la place de l’homme dans le cosmos. Le tout peut prêter à rire – certains ne s’en privent d’ailleurs pas, d’autant qu’un soupçon de prétention vient parfois nimber ce grand tout – mais Nicolas Winding Refn affirme là un vrai geste de cinéma. Ce film, où flotte une constante odeur de mort, tranche – et de quelle façon – sur la production habituelle.
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Nicolas Winding Refn, prodige du cinéma danois, se trouve toujours là où on ne l’attend pas. Mais il se peut que cette fois il désarçonne son public avec cette errance mystico-guerrière dans la lignée d’Aguirre, la colère de Dieu, de Werner Herzog.
S’il continue de fragmenter son récit en chapitres, il abandonne le rythme décapant de ses précédents longs métrages, la trilogie Pusher et Bronson, au profit d’une narration lente et contemplative qui hypnotise mais finit par plonger le spectateur dans une profonde torpeur. Le réalisateur propose une expérience hallucinogène, au scénario minimaliste, quasiment dépourvu de dialogues. Dans cette atmosphère troublante, on reste impressionné par le charisme de Mads Mikkelsen, qui emplit l’écran sans dire un mot. -
Pas de gonds dans Le Guerrier silencieux. Juste, on le disait, une succession de panneaux impeccablement cadrés et éclairés, mais tellement profonds qu'ils ne renvoient aucun écho. Logiquement, au fur et à mesure de cette virée sans but dans les limbes de la Scandinavie, la vacuité va l'emporter sur la fatuité, l'ennui sur la fascination des débuts, pour finalement nous laisser au milieu du guet, incrédules et agacés. La nature a horreur du vide, certains spectateurs aussi.
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Dès ses premières minutes, Le Guerrier silencieux se pose ainsi comme parangon de cette postmodernité plastronnante où l’antipsychologie, la musique par nappes tonitruantes, les outrances visuelles (montage elliptique, très gros plans déformant les visages, filtres rouges pour figurer les pensées torturées du héros…) et la fascination pour le mâle (sueur et sang en soldes) tiennent lieu de béquille à la nullité philosophique. Car contrairement à ses maîtres, qui jamais ne négligent le rôle de la parole dans le processus de la violence (idéalement dans 2001 : l’odyssée de l’espace, qu’on ne manquera pas d’évoquer ici), Nicolas Winding Refn se voudrait un pur imagier, ne fonctionnant qu’aux stimuli visuels et auditifs tous dialogues congédiés. A ce fantasme mortifère (et extrêmement naïf) de cinéma pur, on préfèrera un autre film de Vikings, Le 13e Guerrier, qui, comme tous les films de John McTiernan, tourne autour des problèmes de communication et n’oublie pas la grande leçon hawksienne : parole et action sont indissociables, coup de poing et coup de langue les deux revers d’une même médaille.Vive les guerriers bavards.