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Une ado atteinte d’un cancer en phase terminale rencontre par hasard sur un quai de gare un jeune marginal à peine plus âgé qu’elle avec qui elle va vivre sa première grande histoire d’amour appelée à être la dernière… Décrit ainsi, le pitch du premier film de l’australienne Shannon Murphy peut faire redouter un torrent lacrymal incontrôlable et vite insupportable, dans tous les sens du terme. Précisément tout ce que n’est pas Milla ! Tant on se situe ici à mille lieux de Nos étoiles contraires et autres Everything, everything. Car Shannon Murphy (réalisatrice de divers épisodes de Killing Eve) ne va avoir de cesse que de tordre ce point de départ tragique et l’arc d’un récit en apparence trop écrit d’avance pour susciter une quelconque surprise. D’abord par son parti pris d’un récit précisément jamais linéaire, construit par des digressions et des rupture incessantes. Mais aussi par la vivacité de sa caméra toujours en mouvement, traduisant à la fois l’énergie débordante de vitalité et l’instabilité permanente de ses personnages principaux. Dans un parfait équilibre entre rires et larmes, au gré des couleurs tonifiantes de sa photographie signée Andrew Commis (Fantastic birthday), Milla invente comme un nouveau genre, la feel- good tragedy, qui place le spectateur dans une inconnue permanente. Et peut compter pour cela sur Eliza Scanlen. Après Les Filles du Docteur March et Le Diable, tout le temps, elle confirme sa montée en puissance par sa capacité de jouer avec les sentiments les plus contradictoires dans un naturel qui laisse bouche bée. Une (déjà) grande actrice.