Diego Maradona d'Asif Kapadia
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11 ans après le film d’Emir Kusturica consacré au légendaire footballeur argentin, Maradona revient sur la croisette avec un documentaire sur ses années napolitaines. Un premier extrait vient d’être dévoilé.

Le premier extrait du nouveau documentaire d’Asif Kapadia, Diego Maradona, qui sera présenté Hors Compétition au prochain festival de Cannes, ne dure qu’une minute à peine et déjà des frissons parcourent le corps des fans de ballon rond. Nous sommes le  5 juillet 1984, Diego Maradona entouré comme une rock star avance dans les couloirs du Stadio san Paolo du SSC Napoli, le club de foot napolitain qui végète alors dans le ventre mou de la série A (la première division du championnat italien) Le club s’est toutefois offert pour 12 millions de dollars (un record à l’époque !), celui que l’on surnomme déjà El Pibe de Oro, le gamin en or : Diego Maradona, petit milieu de terrain argentin de 24 ans, intraitable balle au pied et doté d’un tempérament de feu.

Lignes blanches

Son transfert depuis le rutilant FC Barcelone vers le SSC Napoli surprend mais Diego est venu pour écrire une légende qui n’existe pas encore et non pour rajouter une ligne à une liste déjà saturée. De toute façon, à Barcelone, le fougueux Maradona issu des quartiers pauvres d’une province de Buenos Aires, n’a rencontré que scepticisme, incompréhension et mépris. Naples et ses milliers de supporteurs qui se reconnaissent déjà en lui, sauront le comprendre. A Naples, il y a aussi l’ombre de la Camorra, la mafia locale. Mais pour l’heure, les lignes blanches servent surtout à délimiter le périmètre du terrain.

« DIEGO, DIEGO, DIEGO, DIEGO !!! »

5 juillet 1984, donc. Dans les travées du Stadio san Paolo, 70 000 supporteurs crient leur amour pour l’icône. Diego, les cheveux longs noirs bouclés, une casquette à la Huggy les bons tuyaux et un t-shirt blanc moulant, avance d’un pas assuré, un léger sourire se dessine sur un visage qui ne demande qu’à s’éclairer devant les buts adverses. La caméra se fraye un chemin jusqu’à la salle où va se dérouler la première conférence de presse pour présenter la nouvelle recrue. Un mur de photographes que les attachés de presse du club ont du mal à contenir, mitraille Maradona qui n’a pas encore pu dire un mot. Puis la caméra consciente que ce qui se joue est ailleurs, s’envole dans les airs et filme un morceau du plafond où un espace en verre laisse deviner la présence d’une foule de supporteurs qui tels des zombies de Romero, attend son heure : « Diego, Diego, Diego, Diego…. » L’ambiance est électrique, étouffante, brûlante. Cut. Fin de l’extrait. La suite va durer 8 ans avec des hauts, mais aussi des bas et des déboires. Et au milieu, la coupe du monde 1986 et le but du siècle.

Après nous avoir raconté la saga tragique du pilote Senna et le chemin de croix de la chanteuse soul Amy Winehouse, on fait confiance au britannique Asif Kapadia pour nous restituer toute l’ampleur de cette épopée napolitaine.