Affiche sorties de films mercredi 11 août 2021
StudioCanal, Diaphana Distribution, Gaumont

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT

BAC NORD ★★★★☆

De Cédric Jimenez

L’essentiel

Six ans après La French, le marseillais Cédric Jimenez est de retour dans sa ville natale pour un polar percutant porté par un trio d’enfer : Gilles Lellouche- François Civil- Karim Leklou

Au départ, il y a une histoire vraie datant de 2012 et non encore définitivement jugée : 18 membres de la BAC de Marseille déférés en correctionnelle pour trafic de stupéfiants et rackets. Cédric Jimenez s’en empare en se concentrant sur trois de ces policiers et fait rimer sociétal et spectaculaire. Il raconte un système qui broie implacablement les individus – cherchant à expliquer sans les justifier des méthodes défiant allègrement les règles – tout en signant un film d’action qui vous scotche régulièrement à votre fauteuil. A commencer par une scène centrale d’assaut à l’intérieur d’une cité, comme un écho marseillais à celle des Misérables. Deux films cousins qui se complètent sans jamais bégayer. Le réalisateur de La French signe son meilleur film ce jour en s’appuyant en outre sur la complicité du trio Lellouche- Civil- Leklou qui se donnent à corps et à cœur dans des personnages bigger than life.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A ADORE

DRIVE MY CAR ★★★★★

De Ryusuke Hamaguchi

Disons-le d'emblée, le nouveau film du réalisateur de Senses, Prix du scénario à Cannes, est une merveille. Un film d'un romanesque fou adapté d’une nouvelle de son Murakami avec pour personnage central Yūsuke, un metteur en scène de théâtre dont la spécialité est de monter des classiques en réunissant des comédiens de langues différentes. Le prologue de Drive my car (le générique ne surgit qu’au bout de 45 mn !) prend le temps d'installer les choses et notamment la relation de Yūsuke avec sa femme Oto, scénariste de télé, dont il découvre qu'elle le trompe sans qu'elle ne s’en aperçoive, avant qu’elle meurt soudainement sans qu'il n'ait pu mettre ce sujet sur la table.

Comment faire son deuil face à une situation ainsi restée en suspens pour toujours ? C'est ce que vont raconter les 2h15 qui suivent où Yūsuke part monter Tchekhov dans un festival avec sa Saab antique dans laquelle il a pour rituel d'écouter les enregistrements des dialogues de sa pièce à venir. Une lecture où... sa femme lui donnait la réplique. Chaque jour, il entend donc la voix de celle dont la disparition le rend inconsolable, conduit par une jeune femme mutique qui, au fil des des trajets, s'ouvre à lui. Drive my car va alors multiplier les personnages (un assistant coréen et sa femme sourde, l'amant de sa femme, star télé, qu'il a souhaité diriger…), prendre le temps de raconter l'histoire de chacun sans perdre de vue la colonne vertébrale du récit : ce long travail de deuil. Chaque mini- histoire mériterait un film en elle- même mais c'est la réunion de toutes qui crée la puissance jamais écrasante de cette fresque d'une délicatesse inouïe.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

LOULOUTE ★★★☆☆

De Hubert Viel

C'est la conjonction d'un événement douloureux (la vente de la ferme familiale) et d'un hasard heureux (son premier amour qui débarque dans l'établissement où elle enseigne) qui va replonger Louise dans son enfance. Ces années 80 où le bonheur insouciant à la ferme de ses parents a vite été rattrapé par la crise du lait qui les a fragilisés. A travers des aller- retour passé - présent, Hubert Viel parle avec la même délicatesse éclairée de cette part d'enfance qui reste en nous, pour le pire et le meilleur, de la question de la transmission comme des racines du malaise de la crise agricole. Son Louloute tient autant du conte que de la chronique naturaliste, convoque aussi bien Miyazaki que Pialat, en jouant sur le côté quasi mythologique que gardent les années 80 pour ceux qui les ont vécus, enfants. Un film de sensations qui questionne les souvenirs qu'on se construit pour fuir une réalité devenue insupportablement banale.

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SUMMER WHITE ★★★☆☆

De Rodrigo Ruiz Patterson

Rodrigo a 13 ans. Sa mère Valéria l’élève seule dans une relation fusionnelle qui rend complexe la présence d’un tiers au quotidien. Alors quand Valéria tombe amoureuse d’un homme et installe son nouveau petit ami dans leur maison, à la périphérie de Mexico, la jalousie de Rodrigo va prendre des formes de plus en plus incontrôlables, face à la fin de cette relation exclusive qui constituait son cocon douillet. Sur le thème de l’amour passionnel mère- fils, le mexicain Rodrigo Ruiz Patterson signe un film sous haute tension où la rivalité entre cet ado et son potentiel beau- père ne va cesser de créer un malaise d’autant plus grandissant que l’explosion des conflits se fait attendre alors que les pulsions destructrices de ce fils top aimé semblent de plus en plus incontrôlable. Un premier long métrage d’une grande maîtrise.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

LES FANTASMES ★☆☆☆☆

De David et Stéphane Foenkinos

La ludophilie (le fait d’être excité par l’idée de jouer un rôle), la dacryphilie (être excité par les larmes), la sorophilie (être excité par la sœur de l’être aimé), la thanatophilie (être excité par la mort), l’hypophilie (être excité de ne plus faire l’amour), l’autagonistophilie (être excité d’être regardé en faisant l’amour)… Voilà les 6 fantasmes choisis – parmi une liste de 250 – par les frère David et Stéphane Foenkinos – pour répondre favorablement à la proposition de deux autres frères Eric et Nicolas Altmayer (OSS 117) : signer un remake à leur main du film choral australien de 2014 resté inédit en France, If you love me, dont chacune des sous- intrigues développait l’idée d’un fantasme différent. On voit bien ce qui a séduit les réalisateurs de La Délicatesse et Jalouse dans cette aventure. L’idée pour ces amoureux fous des comédiens de réunir un casting quatre étoiles mêlant acteurs avec qui ils avaient déjà travaillé (Karin Viard, Joséphine de Meaux, Corentin Fila, Marie- Julie Baup) et plein de nouveaux venus dans leur famille (Jean- Paul Rouve qui avait adapté Les Sentiments de David Foenkinos comme réalisateur, Ramzy Bedia, Céline Sallette, Joséphine Japy, Monica Bellucci, Carole Bouquet, Suzanne Clément, Denis Podalydès, William Lebghil…). Mais le format court ne sied que très peu au duo, beaucoup plus à l’aise dans le romanesque qui se déploie dans le temps long. Les rires recherchés sont aux abonnés absents, les gags paraissent téléphonés, pas mal de situations traînent en longueur malgré la brièveté de chacune inhérente à l’exercice du film à sketches, les moments d’émotion peinent à prendre leur ampleur. On se retrouve devant une machine huilée et rythmée mais qui tourne à vide, comme sur pilote automatique. Sans doute Stéphane et David Foenkinos ont- ils besoin d’un sujet qui parte vraiment d’eux pour exprimer cette sensibilité qui fait le sel de leur cinéma

Thierry Cheze

 

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