La réalisatrice nous raconte comment elle a monté le casting de son dernier film, où l’on croise notamment Gilles Lellouche, Leila Bekhti et Adèle Exarchopoulos.
Cinq après Pupille, son second long-métrage qui a consacré son talent de réalisatrice, Jeanne Herry est revenue cette année avec un nouveau film au sujet fort, Je verrai toujours vos visages, sur la justice restaurative. Un espace de discussion qui permet à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés.
Dans le numéro d'avril de Première (toujours disponible sur notre boutique en ligne), nous avions rencontré la cinéaste pour tenter de comprendre et décrypter ce qu’on peut déjà appeler la "méthode Herry". Un style qui séduit le public mais aussi les acteurs et les actrices, qui se bousculent pour jouer pour elle. Disponible depuis quelques jours en VOD (notamment sur Première Max), Je verrai toujours vos visages a connu un joli succès en salle, avec près d'1,2 millions de spectateurs, le meilleur score d'un film de Jeanne Herry.
Regardez Je verrai toujours vos visages en VOD sur Première MaxAu casting de Je verrai toujours vos visages, on retrouve ainsi Gilles Lellouche, Miou-Miou ou Elodie Bouchez, qui étaient déjà à l’affiche de Pupille, mais aussi une prestigieuse liste de nouvelles têtes : Leila Bekhti, Dali Benssalah, Fred Testot, Adèle Exarchopoulos ou encore Jean-Pierre Darroussin.
Extraits :
Je verrai toujours vos visages : la nouvelle réussite de la réalisatrice de Pupille [critique]Vous écrivez avec des acteurs en tête ?
Oui. Pour certains. Ici notamment pour ma mère [Miou-Miou], Gilles [Lellouche] ou Leïla [Bekhti]. Mais je me suis laissé des portes de sortie car j’avais conscience que leurs personnages n’arrivent qu’à la cinquantième page du scénario et que ça aurait pu les rebuter. D’ailleurs, j’ai même failli ne pas oser le proposer à Leïla.
Le fait que vous ayez réalisé Pupille joue pour vous dans ces cas-là, non ?
Complètement. D’ailleurs, Gilles a commencé par me dire oui sans lire le scénario. C’est moi qui ai insisté pour qu’il le fasse, qu’il prenne conscience de la taille de son rôle et qu’il en tombe amoureux, et non pas juste de l’idée de retravailler ensemble.
Vous prévenez en amont ceux pour qui vous écrivez ?
Non, je ne commets plus cette erreur! (Rires.) J’ai pu constater que les gens avaient trop d’attentes et pouvaient être déçus ! Je le garde donc pour moi jusqu’au moment où je donne le scénario à lire.
Avez-vous un plaisir particulier à remettre des acteurs sous le feu des projecteurs comme Fred Testot ici ou Élodie Bouchez dans Pupille ?
Oui, même si je ne le recherche pas à tout prix. Je m’appuie juste sur un plaisir de spectatrice à retrouver des gens que j’ai aimés et qui ont un peu disparu des radars. Cela se fait évidemment dans un équilibre de casting et d’économie puisque, de fait, on ne peut pas monter un film sur leurs noms.
Mais en faisant appel à des visages connus, vous ne craignez jamais que l’acteur prime sur le personnage ?
Vous avez raison mais pour l’instant, travailler avec des amateurs ne m’intéresse pas. Cela peut arriver qu’une personne connue vampirise un personnage. Mais je trouve que les comédiens que j’ai choisis – Gilles, Leïla, Adèle [Exarchopoulos], Dali [Benssalah] ou ma mère – sont ancrés dans la vie. Cependant je fais attention. Je sais que je ne peux pas choisir des visages connus pour jouer les victimes et des visages moins connus pour jouer les agresseurs, par exemple. Je dois aussi prendre garde à la diversité. Tout est miné quand on s’aventure sur ce terrain-là.
Propos recueillis par Thierry Chèze
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