Guide du 6 février 2019
Universal Pictures International France / Metropolitan FilmExport / Sony Pictures Releasing France

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

DRAGONS 3 – LE MONDE CACHÉ ★★★★☆
De Dean DeBlois

L’essentiel
Dean DeBlois clôt en beauté sa trilogie initiatique aux visions fulgurantes. Au point de l’imposer comme l’une des sagas animées majeures.

Dans Dragons (2010), le jeune Viking Harold et le petit Krokmou, en s’apprivoisant, remettaient en cause des siècles d’animosité entre humains et monstres cracheurs de feu. Quatre ans plus tard, Harold retrouvait sa mère et devenait chef d’une communauté mixte, avec le soutien actif de Krokmou, relégué au rôle de sidekick. Au tour de ce dernier d’occuper le haut de l’affiche dans cet ultime opus (en tout cas, pensé comme tel) qui voit le Furie Nocturne s’émanciper à son tour.
Christophe Narbonne

Lire la critique en intégralité

 

PREMIÈRE A ADORÉ

MY BEAUTIFUL BOY ★★★★☆
De Felix Van Groeningen

En trois films consécutifs (La Merditude des choses,Alabama MonroeBelgica), le Belge Felix Van Groeningen s’est imposé comme le portraitiste inspiré – et mélomane – des familles dysfonctionnelles, aspirées par les trous noirs de l’atavisme et de la dépendance. Adepte d’un cinéma total, euphorisant et plombant, trivial et mythologique, déconstruit et narratif, FVG se distingue aussi par son amour de la culture américaine, patent à travers ses personnages de rednecks flamands fans de Roy Orbison dans La Merditude... ou de bluegrass dans Alabama Monroe. Il ne faisait aucun doute que cet homme-là n’allait pas se limiter longtemps au plat pays.
Christophe Narbonne

Lire la critique en intégralité

LA FAVORITE ★★★★☆
De Yórgos Lánthimos

Entre les surpuissantes Élisabeth Ièreet Victoria, la reine Anne a bien eu du mal à se faire un nom dans la généalogie britannique. C’est donc d’abord avec curiosité qu’on découvre cette monarque, dernière héritière de la lignée des Stuart qui, malgré ses attaques de goutte et sa timidité, aura régné au début du XVIIIe siècle alors que la Grande-Bretagne se hissait parmi les plus grandes puissances mondiales. Pour autant, résumer La Favorite  à un simple film historique serait mensonger. Ce qui a intéressé Yórgos Lánthimos c’est le rapport au pouvoir. Et là, force est de constater que rien n’a changé. Ou presque.
Sophie Benamon

Lire la critique en intégralité

UNE INTIME CONVICTION ★★★★☆
D’Antoine Raimbault

Dans les écoles de cinéma, les professeurs mettent souvent en garde leurs élèves débutants contre un sous-genre réputé le plus difficile à mettre en scène : le film de procès. Et de fait, les pièges ne manquent pas : espace confiné, multiplication des protagonistes et donc des points de vue, complexité du récit... Pour son premier long métrage, Antoine Raimbault passe outre et revient sur l’affaire Suzanne Viguier, du nom de cette mère de trois enfants dont le corps a disparu en février 2000.
Thomas Baurez

Lire la critique en intégralité

TOUT CE QU’IL ME RESTE DE LA RÉVOLUTION ★★★★☆
De Judith Davis

Elle a le physique et l’intellect de Diane Keaton dans Annie Hallet le romantisme de la râleuse Bridget Jones. Voici Angèle. Urbaniste au chômage, fille d’un ancien révolutionnaire, perdue dans ses idéaux. À travers ses rencontres et ses repas de famille, on découvre comment réconcilier les utopies avec la société d’aujourd’hui. Car Angèle est en décalage. Elle ne veut pas entrer dans cette société de consommation qui pousse à vouloir toujours plus, elle refuse aussi le culte de la performance. Mais va réussir à trouver sa place dans un groupe de marginaux comme elle. Le jeune cinéma français s’est déjà fait l’écho de cette génération sacrifiée qui peine à s’insérer dans la société (2 automnes, 3 hiversou Jeune femme). La singularité de Tout ce qu’il me reste de la révolutiontient dans son parti pris délibérément joyeux, optimiste. Loufoque et barrée, cette comédie politique se découvre littéralement comme des poupées russes. Derrière et devant la caméra, Judith Davis est une révélation. La réalisatrice-scénariste-interprète prolonge ici le travail du collectif d’acteurs-auteurs L’avantage du doute dont elle fait partie. Tout ce qu’il me reste de la révolution, c’est Simonest la première pièce de théâtre qui a fait connaître cette troupe en 2008. Le film en partage le sujet, les interrogations mais pas le récit, réinventé pour le grand écran. Valois du jury du dernier festival d’Angoulême, ce premier film est une belle découverte.
Sophie Benamon

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

 

PREMIÈRE A AIMÉ

ARCTIC ★★★☆☆
De Joe Penna

Dans l’enfer blanc de l’Arctique, un homme creuse péniblement une tranchée. Il va et vient sans relâche, déblayant la neige et perforant le sol glacé pendant des heures. Une fois le labeur terminé, une vue aérienne dévoile ces trois lettres : S.O.S. Premier long métrage de Joe Penna, Arctic remplit le cahier des charges de l’odyssée en solitaire d’un homme face à la dangerosité de l’environnement. Pêche routinière, pointage des jours qui défilent et tentatives avortées d’établir un contact avec la civilisation... Arcticest un survival dépouillé et anti-spectaculaire, l’attraction principale du film étant Mads Mikkelsen défiant les éléments tel un Bear Grylls tragique. Barbu, fatigué et amaigri, son personnage anonyme que l’on soupçonne scientifique erre dans les déserts glacés après un crash d’avion en tentant par tous les moyens de s’extirper de sa condition de Robinson Crusoé. Arcticrappelle forcément Le Guerrier silencieuxde Nicolas Winding-Refn, survival d’un autre genre dans lequel l’acteur danois incarnait un prisonnier viking écrasant le crâne de ses adversaires pour gagner sa liberté. Même minimalisme affûté, même aspérité glaciale mais la violence sanguinolente en moins. Ici, celui-ci paie de sa personne pour sauver sa peau et celle d’une autre rescapée dans le coma. Avec en point d’orgue un combat à mains nues contre un ours polaire, Mikkelsen porte le film sur ses épaules plus monolithique que jamais et sans dialogue... Tremble, Ryan Gosling !
François Rieux

LA DERNIERE FOLIE DE CLAIRE DARLING 
★★★☆☆
De Julie Bertuccelli

La vieille maison familiale est un port d’attache où viennent forcément accoster les joies et les peines d’existence (dé)croisées. Ce film marque le retour au cinéma de fiction de Julie Bertuccelli qui adapte un roman de l’Américaine Lynda Rutledge qu’elle transpose dans un village de l’Oise dont le nom sonne comme un sortilège : Verderonne. La notion de temps est convoquée dès les premières secondes avec le tic-tac d’une horloge préfigurant les voyages entre passé et présent. Claire Darling (Deneuve), septuagénaire arrivée au bout de tout, y compris de sa raison, vide sa maison avant le grand saut. Autour d’elle, fantômes et revenants s’agitent. À l’instar de Raoul Ruiz, Bertuccelli appréhende le drame de l’existence comme un jeu où le surnaturel vient corriger les errances du réel.
Thierry Chèze

KABULLYWOOD 
★★★☆☆
De Louis Mounier

En Afghanistan, dans les années 2000, après le départ des talibans, l’espoir était revenu. Le Français Louis Meunier y était et a imaginé une folle entreprise, comme un acte de résistance contre le fondamentalisme : tourner une fiction qui raconte la réouverture d’un cinéma de Kaboul, tout en le reconstruisant. En 2014, le réalisateur y est parvenu malgré les obstacles (incendies, attentats, menaces...). Certains ont d’ailleurs été intégrés au scénario. Kabullywood, c’est l’espoir de voir l’art l’emporter sur l’obscurantisme. Le film est joyeux, romantique, grave. Illuminé de la figure combattante de la comédienne Roya Hedari, il témoigne d’un passé aujourd’hui révolu : l’espace de cet instant où la culture a éclairé Kaboul. Ne le ratez pas.
Sophie Benamon

LA CABANE AUX OISEAUX 
★★★☆☆
De Célia Rivière

La cabane aux oiseaux est à la fois tributaire et victime de son format. Le moyen-métrage d'animation de Célia Rivière propose un patchwork de petites fables colorées que l'on déguste un chapitre à la fois. Le dessin et les animations minimalistes n'enlèvent en rien au charme de ces vignettes qui, sous leur aspect enfantin, abordent des thématiques essentielles de respect et de tolérance. Séduisant dans la finesse de ses thèmes musicaux et dans la candeur de son humour, ce recueil de contes enfantins souffre tout de même de la durée éclair de chaque pastille qu'il présente.
Jean-Baptiste Tournié

 

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

NICKY LARSON ET LE PARFUM DE CUPIDON ★★☆☆☆
De Philippe Lacheau

Au départ, c’est le fantasme d’un trentenaire biberonné au Club Dorothée à qui tout réussit, au point d’envisager très sérieusement d’adapter sur grand écran Nicky Larson, dessin animé japonais fétiche des kids des années 90. Un projet a priori un peu zinzin que Philippe Lacheau (BabysittingAlibi.com) transforme pourtant en sympathique comédie d’action hybride, autant construite sur ses souvenirs de môme devant les programmes de TF1 (les caméos et références pullulent) que sur le personnage inventé par le mangaka Tsukasa Hojo.
François Léger

Lire la critique en intégralité

NUESTRO TIEMPO ★★☆☆☆
De Carlos Reygadas

Le Mexicain Carlos Reygadas, découvert en 2002 avec Japón, s’est imposé au fil d’une imposante filmographie comme un pilier du Festival de Cannes où sa Lumière silencieusea obtenu un Prix du jury en 2007 et son Post Tenebras Luxcelui de la mise en scène en 2012. Un statut de grand auteur international qu’il doit autant à son inspiration qu’à la pseudoradicalité d’un cinéma qui aime défier les lois de l’attraction (longs plans séquences, apparitions sauvages, nombrilisme assumé...). Le voici ici dans des habits bergmaniens, où il tente d’ausculter de l’intérieur la crise d’un couple pris au piège de la liberté qu’il avait lui-même mis en place. Envoûtant et intrigant dans ses premiers instants, le film, présenté à Venise, se délite à mesure qu’il ramène ses personnages dans un petit carcan d’intrigues petites bourgeoises qui ne transcendent pas grand-chose.
Thomas Baurez

MANGO 
★★☆☆☆
De Trevor Hardy

On connaissait le talent des Anglais pour le cinéma ancré dans le monde d’aujourd’hui qui fait cohabiter humour et conflits sociaux. Voici désormais qu’il s’applique à l’animation en stop motion (autre domaine où les British ne sont pas manchots). Mangoest une taupe pas comme les autres. Alors que tout le monde se ravit de travailler à la mine, lui n’a qu’un rêve : devenir footballeur. Forcément, une utopie pour quelqu’un qui ne voit rien le jour ! Sauf que, quand la mine est menacée de fermeture, les talents de Mangovont soudain s’avérer utiles. Devant ce Billy Elliotversion taupe, on reste un peu dérouté par la complexité du scénario dont on doute qu’il soit adapté aux enfants. Le film devrait cependant réjouir les plus jeunes fans de ballon rond et les nostalgiques de Chicken Run.
Sophie Benamon

UN COUP DE MAÎTRE 
★★☆☆☆
De Gastón Duprat

Repéré avec sa très bonne comédie Citoyen d’honneuren 2016, l’Argentin Gastón Duprat revient avec peu ou prou la même arme : un artiste vieillissant mêlé involontairement à une série de quiproquos. Dans ce Coup de maître, c’est Renzo, un peintre sans concession et bougon qui, suite à un accident, va perdre la mémoire et voir miraculeusement son inspiration et sa cote s’envoler à nouveau. Duprat entend ici dénoncer le monde de l’art où les goûts et les couleurs se vendent comme de vulgaires marchandises. Si son scénario assume la caricature, le récit reste bien trop sage et mécanique pour convaincre. À l’image de ce tableau qu’une voix off essaie dans les premières minutes d’interpréter, le film aurait dû se perdre dans sa propre représentation et non s’échiner à tenir debout. Le coup, alors, aurait été magistral.
Thomas Baurez

 

Et aussi
Hospitalièr(es) et suppliant(e)s de Pierre Guicheney
La position d’Andromaque d’Erick Malabry

 

Reprises
En quatrième vitesse de Robert Aldrich
Love streams de John Cassavetes