Les Bronzés 3 : Les secrets de leurs retrouvailles
Warner Bros. France

La comédie aux 10 millions d'entrées revient ce dimanche à la télé.

Vingt-huit ans après leurs premières aventures, il fallait oser reformer une équipe aussi mythique pour Les Bronzés 3 : Amis pour la vie. Résultat : 10 millions de spectateurs en 2006. Et autant de déçus ? Le pari n’était pas gagné d’avance, et cette suite a reçu un accueil critique très mitigé malgré ce gros score qui a confirmé la popularité de l'équipe du Splendid... Alors que Les Bronzés 3 est rediffusé ce soir sur TF1, retour sur sa fabrication, et sur les discussions autour d'un potentiel n°4. 


Christian Clavier est le seul acteur à avoir passé 4 fois les 10 millions d'entrées au box-office

Une origine gauloise
En 2003, alors que Gérard Jugnot travaille sur l’ébauche d’un troisième Astérix, Christian Clavier, qui joue l’intrépide Gaulois, lui souffle une idée : "Si on donnait un rôle à chacun des membres du Splendid ?" Le réalisateur est emballé, mais pas ses producteurs. "On s’est retrouvé sans le film, mais on a gardé l’idée des retrouvailles", se souvient Jugnot. Pendant un an, Clavier et lui explorent des pistes, y compris une suite pour Le Père Noël est une ordure. Mais les Bronzés l’emportent.

Le temps des réconciliations
Il faut reconstituer toute la troupe, malgré les inévitables brouilles survenues au fil des décennies. Ainsi, Josiane Balasko s’était un temps fâchée avec Michel Blanc, qui avait refusé, en 1981, de jouer dans son film Les hommes préfèrent les grosses. "Nous avons renoué des liens qui s’étaient un peu distendus, reconnaît la réalisatrice. Notamment avec Marie-Anne Chazel et Christian Clavier, que je ne voyais plus… " Quant à Dominique Lavanant, si elle accepte de rejouer Christiane l’esthéticienne, c’est sans enthousiasme : "Je n’ai jamais fait partie du Splendid et ils ne m’accepteront pas."

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Un scénario collectif
Ecrire une suite aux deux premiers Bronzés : l’aventure est risquée, ce dont ont parfaitement conscience les six acteurs du Splendid : Blanc, Jugnot, Balasko, Lhermitte, Clavier et Chazel décident de soigner la rédaction du scénario. Début 2005, Thierry Lhermitte part dix jours en Corse, chez Christian Clavier, pour pondre un synopsis de dix pages autour des retrouvailles des héros autour d’une thalasso, en Sardaigne. Proposition ensuite soumise au reste de l’équipe. Chacun y va de ses gags : Chazel propose que Gigi soit opérée des seins et vive en couple avec Jean-Claude Dusse qui, postiche sur la tête, aurait fait fortune dans la coiffure aux Etats-Unis. Jugnot, qui incarne Bernard, avance l’hypothèse d’un fils homo, joué par Arthur Jugnot. Chaque idée est votée ou rejetée à main levée. Une légion de blagues potaches finit aux oubliettes. Huit mois plus tard, on atteint la version définitive, validée par le producteur Christian Fechner.

Réalisation : Leconte est bon…
Mais qui réalisera le film ? Balasko, Blanc et Jugnot se proposent. Mais Thierry Lhermitte les raisonne : le seul légitime est le génial Patrice Leconte, qui a déjà réalisé les deux premiers Bronzés. Joint au téléphone, l’intéressé accepte illico. "S’ils avaient choisi quelqu’un d’autre que moi, je l’aurais eu mauvaise et j’aurais tout mis en œuvre pour faire capoter le projet", confesse-t-il.

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Un tournage 5 étoiles
Il débute le 9 mai 2005, en Sardaigne, au Cala di Volpe, rebaptisé le Prunes Resort Hôtel, avec son centre de thalasso fondé sur les bienfaits du pruneau. Le palace – de réputation mondiale – a déjà accueilli James Bond, pour L’espion qui m’aimait, en 1977. Coût de la nuitée : 1 000 euros. La production en a réservé 400 pour sept semaines de tournage, soit 400 000 euros de location. Sur le plateau, l’ambiance est à la franche hilarité. "Moi qui avais peur qu’ils se soient embourgeoisés, je m’étais trompé, raconte Leconte. Ils n’ont jamais été aussi déconneurs !"

Un succès... sur un malentendu ?
Quand Les Bronzés 3 sort début 2006, le public est au rendez-vous : le film enregistrera plus de 10 millions d'entrées en France. Dont près de 4 en première semaine, et 9 au cours de son premier mois d'exploitation. Autant dire que si l'attente est importante, la chute de fréquentation aussi : Amis pour la vie démarre très fort au box-office, puis le bouche-à-oreille étant globalement négatif, son succès ne tient pas sur la durée. Contrairement à des comédies devenues populaires au fil du temps, comme Les Visiteurs, par exemple, un autre film avec Christian Clavier qui a fait le chemin inverse : démarrant autour de 500 000 entrées en janvier 1993, elle a vu son nombre de spectateurs augmenter durant 7 semaines (!), puis se maintenir à de bons scores jusqu'en novembre de cette même année. Des entrées enregistrées sur la durée qui lui ont permis d'en cumuler au final plus de 13 millions !

A l'époque, Première n'assassinait pas cette suite, mais disait bien qu'elle avait perdu du mordant des deux premiers volets sortis en 1978 et 1979 (et qui ont paradoxalement attiré "seulement" 1,5 et 2,3 millions de personnes en salles, devenant cultes principalement grâce à leurs multiples rediffusions à la télévision). Voici un extrait de notre critique des Bronzés 3 : "La niaque de la jeune troupe qui n'avait rien à perdre a ici laissé place au savoir-faire pépère d'artistes talentueux mais arrivés. Et que penser de cette irruption à mi-parcours d'un leitmotiv scénaristique laborieux (les griffes mystérieuses) censé relancer le film alors qu'il ne fait que le figer ? Reste un fil plaisant, émaillé de répliques qui mouchent ("De fil en aiguille, elle est morte.") Juste ce qu'il faut pour ne pas crier: "Remboursez!""

Les Bronzés 3 : "Quand un film fait plus de 10 millions d’entrées, vous pensez sincèrement qu’il n’est pas apprécié ?"

Suite ou pas suite ?
Cet accueil public exceptionnel par rapport à ses critiques fait des Bronzés 3 un cas peu banal, si bien que ses créateurs ne se sont toujours pas officiellement décidés, plus de 15 ans plus tard, à lui offrir une suite. Patrice Leconte a bien partagé des idées de scénario au fil du temps : en 2018, il parlait par exemple d'un 4e opus se déroulant dans une maison de retraite : "Il n’y a pas de scénario écrit, juste une idée, mais mon rêve secret est de faire Les Bronzés 4 dans une maison de retraite. Un petit peu comme La Fin du jour de Julien Duvivier avec une maison de retraite pour comédiens, tourné entièrement en noir et blanc. Je leur en ai parlé et ça les fait marrer. Ce serait comme un adieu, comme se tirer une balle dans le pied. Dans cette maison de retraite, il y aurait un ciné-club pourri avec des vieux films en 16 millimètres et ils se passeraient Les Bronzés par exemple. Y a plein de trucs marrants à faire. Ce serait top." A peine évoquée, cette idée était pourtant immédiatement balayée par le réalisateur, qui ajoutait que ce projet "ne se ferait jamais". 

Deux ans avant, Christian Clavier défendait vivement Les Bronzés 3 dans Première : "J’ai l’impression que vous n’aimez pas le cinéma populaire. Ce n’est pas un procès d’intention, je trouve cet avis... respectable, entendez bien, mais disons amusant. Vous alliez me dire que Les Bronzés 3 n’a pas été apprécié ? Quand un film fait plus de 10 millions d’entrées, vous pensez sincèrement qu’il n’est pas apprécié ? Comme vous ne l’aimez pas, votre goût supplante la réflexion objective. Je ne dis pas qu’il s’agit d’un film sans défaut et je suis prêt à en parler. J’ai toujours une vision très critique de ce que j’ai fait. Mais je crois profondément que quand un film rencontre le public, il fonctionne. Votre goût transparaît trop ici. Et c’est un problème car cela devient compliqué de parler avec vous de manière objective." Voudrait-il pour autant tourner dans une nouvelle suite ? Voici ce que répondait son complice Michel Blanc, en 2013 : "Honnêtement, je ne suis pas du fier du 3. Il y a de très bonnes scènes, celles de Christian Clavier par exemple, mais je ne me trouve pas très intéressant dedans. C’est dû au fait qu’on n’a pas écrit comme on écrivait avant. Je pense qu’on est allé au bout. Trois c’est un beau chiffre. Et puis c’était marrant de voir Les Bronzés jeunes et vieux. Maintenant, si c’est pour les voir à l’hospice, je ne suis pas sûr que ce soit pertinent. Ou alors on fait autre chose mais on ne fait pas une comédie. On fait un truc à l’anglaise, mais je ne suis pas sûr que cela intéresse mes camarades. Et au final ça voudrait dire qu’on se grille nous-mêmes. J’ai récemment parlé de différents projets avec Christian Clavier et pas du tout des Bronzés 4. Je pense que la suite n’est dans la tête de personne."

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