Britney Spears, sexualisation et rumeurs de chaos sur le tournage : Sam Levinson et l’équipe de la série ont balayé tous les sujets face aux journalistes.
The Idol est la seule série qui était présentée cette année au Festival de Cannes. Pas une série de grand cinéaste cannois, comme Twin Peaks : The Return de David Lynch, ou Top of the Lake de Jane Campion. Mais la dernière création de Sam Levinson qui, s’il a réalisé deux longs-métrages sortis au cinéma au début de sa carrière, est surtout connu comme étant le papa d’Euphoria, le show le plus populaire de HBO depuis Game of Thrones.
Thierry Frémaux avait bien tenté de faire passer The Idol pour un film en présentant la sélection officielle de Cannes 2023 en avril dernier. Et le site du Festival ne mentionne d’ailleurs pas clairement son statut, jouant même sur l’ambiguïté en affichant une durée de 106 minutes pour la projection, sans préciser qu’il s’agit de deux épisodes diffusés à la suite. Pourtant, lors de l’avant-première organisée lundi soir (qui n'était d'ailleurs pas retransmise sur la chaine YouTube du Festival), on a bien senti la différence.
Quand la saison 3 de Twin Peaks a été présentée à Cannes en 2017, on pouvait croiser Abel Ferrara, Barry Jenkins, Cristian Mungiu et Costa Gavras sur le tapis rouge. Pour The Idol, pas de grands noms du cinéma en vue. Mais le rappeur Travis Scott, la chanteuse et actrice Louane, les influenceuses Lena Situations et Leonie Hanne ou encore Francesca Scorsese, la fille de Martin Scorsese. Le tout devant une foule en délire venue acclamer Abel Tesfaye et Lily-Rose Depp, les deux têtes d'affiche de la série, mais aussi la star de la Kpop Jennie Kim, du groupe BLACKPINK, qui est également au casting. Sans la présence de Thierry Frémaux et de la présidente Iris Knobloch en haut des marches, on aurait même pu se demander si on était bien au Palais des Festivals.
Ce mardi, après le traditionnel photocall, l’ambiance était également lunaire lors de la conférence de presse. Mais pas pour la même raison. Après les retours de la projection, qui confirmait la nature sulfureuse du show, on attendait des explications de la part de l’équipe de The Idol. Sam Levinson n’a pas déçu. Ou plutôt si. Enfin on ne sait pas, tout dépend du point de vue.
Interrogé sur sa manière de traiter la sexualité féminine, parfois décrite comme révolutionnaire ou dépassant les limites, le réalisateur assume :
"C’est drôle, parce que les choses qui peuvent être révolutionnaires vont parfois trop loin. On vit dans un monde très sexualisé, l’influence de la pornographie est vraiment forte dans la psyché des jeunes gens aux Etats-Unis, et on retrouve ça aussi dans la musique pop, et ça reflète les entrailles d’internet d’une certaine manière (…) On sous-estime Jocelyn [le personnage joué par Lily-Rose Depp, NDLR] à cause de la sexualité qu’elle dégage, mais en même temps c’est ce qui attire le public, et ça correspond à presque toutes les pop star d’aujourd’hui."
Is Sam Levinson's portrayal of female sexuality revolutionary or is it taken too far? "Sometimes things that might be revolutionary are taken too far," he says." https://t.co/HWTIBTeCkO #Cannes pic.twitter.com/EIq0mg4rXi
— Variety (@Variety) May 23, 2023
The Idol raconte l’histoire d’une pop star qui tombe entre les mains d’un gourou, Tedros (incarné par Abel Tesfaye), après une dépression. Mais Sam Levinson réfute que Jocelyn soit calquée sur Britney Spears ("c’est une des plus grandes pop star de ma jeunesse, mais on ne cherchait pas à évoquer quelqu’un en particulier"). Lily-Rose Depp assure qu’elle a été inspirée par "d’autres femmes puissantes comme Sharon Stone ou Jeanne Moreau". Et même par The Weeknd : "Jocelyn c’est une version alternative de moi-même si j’avais pris de mauvaises décisions", estime Abel Tesfaye, qui a co-créé la série avec Levinson.
Quant aux comptes-rendus sur le tournage, et notamment le grand papier de Rolling Stone qui relataient des témoignages sur l’ambiance toxique qui régnait sur le plateau, ils ont été une nouvelle fois totalement balayés par l’équipe de The Idol.
Chaos sur le tournage de The Idol ? The Weeknd contre-attaque"On sait qu’on a tourné une sérié provoc', on en est conscient, quand ma femme m’a lu l’article je lui ai dit : 'je crois que on va avoir le plus gros show de l’été'", a répondu Sam Levinson, sourire en coin. "Mais ça n’a rien à voir avec la réalité. Ils peuvent écrire ce qu’ils veulent, je leur reproche juste d’avoir intentionnellement omis ce qui ne rentrait pas dans leur narration".
"C’est triste de voir des fausses informations, ça ne correspond pas du tout à mon expérience du tournage", a appuyé Lily-Rose Depp. "Le travail sur le tournage était très créatif, pas chaotique, c’est comme sur Curb Your Enthousiasm ou des films de Judd Apatow où les gens improvisent", a renchéri Hank Azaria, qui joue un des managers de Jocelyn dans la série.
A la toute fin de la conférence, Levinson a rebondi sur cette dernière intervention en revendiquant l’approche expérimentale qu’il adoptée sur The Idol, en faisant tourner plusieurs caméras et laissant les acteurs improviser : "Ca a créé une énergie qu’on peut retrouver dans la télé-réalité. Ce business est comme ça quelque part, on travaille sans filet".
The Idol sera lancée le 4 juin prochain sur HBO aux Etats-Unis, et en France sur le pass Warner de Prime Video.
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