France 3 diffuse ce soir un nouveau numéro de SLC Salut Les Copains, avec Nino Ferrer. Il n’en pouvait plus du Téléfon, et autres chansons gags qui, tout en le rendant célèbre dans les années 60, lui ont collé à vie une étiquette de rigolo. De quoi désespérer…
France 3 diffuse ce soir un nouveau numéro de SLC Salut Les Copains, avec Nino Ferrer. Il n’en pouvait plus du Téléfon, et autres chansons gags qui, tout en le rendant célèbre dans les années 60, lui ont collé à vie une étiquette de rigolo. De quoi désespérer…Back to the Sixties ! Ce deuxième volet de l’émission, intitulé Les années cactus en clin d’œil à Dutronc, aborde les artistes poil à gratter de la deuxième moitié de la décennies. Outre le chanteur au cigare, on retrouve Michel Polnareff, Michel Delpech, Hugues Aufray et Antoine et Christophe. Curieusement, Julien Clerc semble oublié.En revanche, Nino Ferrer, lui occupe une place importante. "Je voudrais être noir !" chante, en 1966, un drôle de grand blond avec des chaussures noires, mais au physique plus proche de Clint Eastwood que de Pierre Richard. Dans cette chanson en forme de manifeste, Nino Ferrer clame son admiration pour Ray Charles, James Brown et, plus largement, la musique noire américaine.Comme Jacques Dutronc, avec lequel il partage dandysme et causticité, ce chanteur Italo-Breton, né à Gênes en 1934, raille la génération des chanteurs yéyé qui se contentent d’adapter des chansons anglo-saxonnes en les affublant de mièvres paroles (Richard Anthony, Ronnie Bird, Dick River, Lucky Blondo etc...). A cette époque, le public français, qui découvre les Beatles, les Rolling Stones Otis Redding et James Brown, veut du neuf, de la fraîcheur de l’originalité. Nino Ferrer va leur en donner.En 1965, il s’est fait connaître avec Mirza. Sur une musique empruntée à un succès de Steevie Wonder (Lalalala), il plaque des paroles absurdes où il est question des démêlés d’un propriétaire avec son chien. L’ancien étudiant en préhistoire se pose alors en avant-gardiste de la variété. Sa chanson-gag recueille un énorme succès. L’admirateur de Max Jacob et des surréalistes récidive avec un même bonheur l’année suivante. Il interprète des titres aussi décalés que Les cornichons, Oh Hé Hein Bon ! Puis Le Téléfon en 1967. Mais toute réussite à un revers. On finit par lui coller l’étiquette de yéyé rigolo. Un comble pour celui qui se moquait précisément de cette mode !À la fin de sa carrière, ce compositeur prolixe (17 albums) reste réduit à une image : interprète des quatre titres déjà cités et de deux ballades mélancoliques : La maison près de La Fontaine, (1972) et Le Sud, extrait de son album Nino and Radia (1974). Bref, le voilà catalogué, comme le fut longtemps Henri Salvador. Une frustration qui ne le quittera jamais.Quelque mois avant sa mort, il se désolait toujours du désintérêt des médias pour son œuvre: "Les programmateurs n’ont aucune curiosité. À chaque fois qu’on m’invite, on me demande d’interpréter les mêmes tubes." Nino Ferrer finit même par détester les titres qui ont fait sa fortune : "Ces chansons traversent les années parce qu’elles ont été matraquées en radio. Le show biz a fait ce qu’il fallait pour les faire entrer dans la tête des gens. Mirza est un blues en mineur sur tempo rapide, rien de plus. Le Téléfon, un texte rigolo qui aurait sûrement fait rire Max Jacob ou Alfred Jarry. Mais leur réalisation musicale et technique était épouvantable."Écoeuré et fatigué, Nino Ferrer a fini par raccrocher le "Téléfon". Définitivement. Le 13 août 1998, près de sa maison du Lot, il met fin à ses jours d’un coup de fusil en plein cœur.Hacène CHOUCHAOUI de Télé 7 Jours
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