EXCLU - Cannes 2011 : interview de Cécile de France, la star "solaire" des frères Dardenne
Le Gamin au vélo : premier film joyeux des frères Dardenne
<strong>Heureuse d?être dans le premier film estival, happy end inclus, des Dardenne?</strong> <strong> </strong> Oui. J?étais honorée d?être appelée par eux, ce sont un peu des dieux ! Je ne m?attendais pas à faire partie du casting. C?est nouveau de leur part car ils sont habitués à travailler avec des comédiens qu?ils connaissent bien ou des non professionnels. <strong>Ça fait quoi d?être la première « star » dans l?univers des Dardenne ?</strong> <strong> </strong> C?est? Waouh ! Je ne pensais plus qu?ils feraient appel à moi, étant donné que j?étais rentrée dans une sorte de star-system. Très vite, ils m?ont dit qu?ils m?avaient choisie parce que je dégageais quelque chose de très positif. Un mélange de force et de douceur. <strong>D?où leur vient ce nouvel optimisme ?</strong> C?est une vraie volonté de leur part. Je crois qu?ils sont à un stade où ils ont conscience de réaliser des films pour des gens et que ces gens n?ont pas toujours envie d?aller voir des histoires tristes. Mais on ne parle jamais avec eux de la psychologie des personnages ou de leurs secrets de fabrication. On discute plutôt de conneries : de foot, de météo, etc. <strong>Votre personnage incarne la bienveillance, la compassion. Est-ce difficile à jouer, quelqu?un de bien ? N?avez-vous pas craint que ce ne soit pas un rôle « payant » ?</strong> J?ai vite compris que je ne devais pas livrer une « performance ». J?étais au service des Dardenne comme Samantha est au service de Cyril. Je n?aime rien tant que m?adapter à un univers, comme une poupée. Ce n?est pas toujours évident car je prends des habitudes au fur et à mesure des tournages. J?ai dû apprendre la retenue, la neutralité. On peut avoir de l?empathie pour un personnage, vouloir le « défendre », mais avec les Dardenne, il faut se retenir. Ce serait un pléonasme, leur histoire est tellement forte qu?elle se suffit à elle-même. Pas besoin de pathos ou de démonstration, tout est déjà dans la situation. Il faut juste venir avec son corps et ce qu?on est dans la vie.
Cécile de France, une icône gay ?
<strong>Avec <em>Haute tension</em>, <em>L?auberge espagnole</em> et sa suite, <em>Les Poupées russes</em>, et <em>S?ur Sourire</em>, vous n?êtes pas un peu devenue une icône gay ?</strong> J?ai un public gay et j?en suis fière ! J?assume ma part de masculinité, que je peux effacer totalement dans d?autres films, notamment ceux, justement, de Giannoli.
Un personnage "solaire"
<strong> </strong> <strong>Ils disent qu?avec vous, ils savaient qu?ils éviteraient la psychologie et que votre corps, votre visage, seraient là, évidents. Pourquoi êtes-vous si physiquement évidente ?</strong> Je ne sais pas. Ils ont trouvé cette force physique en moi. Samantha a quelque chose de stable, comme un socle sur lequel le petit peut s?appuyer. Apparemment, mon corps dégage cela. Je ne suis pas dans la fragilité, ni dans le romantisme ni dans l?évanescence. La seule explication un peu psychologique que j?ai pu soutirer aux frères, c?est que Samantha représente à la fois le père et la mère. Il m?a fallu du temps avant de comprendre que Cyril s?accroche au début à Samantha non pas par amour, mais parce qu?elle peut lui permettre de retrouver son père. Un autre réalisateur aurait tout de suite joué cette carte des sentiments. Dans la scène où je dis au revoir la première fois à Cyril, je le lui dis vraiment, sans intention cachée. Samantha n?a pas un vide affectif à combler, Cyril n?est pas l?enfant qu?elle n?a pas eu ou qu?elle aura peut-être. <strong>Samantha est solaire. Avez-vous fait exprès de vous faire une tête de soleil avec vos pointes décolorées ?</strong> Pas du tout. Lors de notre première rencontre, je suis arrivée avec cette coiffure. Quand ils m?ont choisie, ils m?ont demandé d?être comme au premier rendez-vous. Sur le tournage, je faisais ma coiffure moi-même le matin. Comme sur le Clint Eastwood. Enfin sauf au début du tournage, parce que c?était quand même le coiffeur d?Angelina Jolie et qu?il ne pouvait pas ne rien faire? Pour le look de Samantha, en fait, je me suis racontée qu?elle était fan de Johnny. Je voulais qu?elle soit un peu rock avec ses boucles d?oreille et sa veste en jean. Les Dardenne, eux, s?intéressaient plus aux couleurs, aux matières, à la façon dont les tissus bougent. <strong>Vous êtes l?une des rares actrices à cheveux courts?</strong> A douze ans, alors que j?avais les cheveux très longs, j?ai joué le premier rôle dans un spectacle amateur avec 500 figurants. J?étais tellement habitée par le personnage qu?à la fin, pour me dire au revoir, tout le monde m?appelait par son nom : Lou. Pour retrouver mon identité, je me suis coupée les cheveux très court, comme ma mère et ma grand mère. Bon, après, ils ont repoussé, mais à partir de 25 ans, je les ai gardés courts.
Ennuyée par la "belgitude" ?
<strong>Ça vous énerve qu?on parle à chaque fois de « belgitude » dès que deux comédiens belges émergent ?</strong> Non, au contraire, c?est génial ! Etre belge est devenu presque chic et branché, alors qu?il y a quelques années, c?était une tannée. Quand je suis arrivée à Paris dans mon cours de théâtre et que j?ai annoncé ma nationalité, tout le monde a rigolé. La tendance s?est inversée avec <em>C?est arrivé près de chez vous</em>. A partir de Benoît Poelvoorde, les gens ont retourné leur veste !
Interview de Cécile de France
C'est aujourd'hui qu'a été présenté Le Gamin au vélo, le nouveau film des frères Dardenne, qui a surpris les sélectionneurs en étant le plus drôle et léger des cinéastes, déjà vainqueurs de deux Palmes d'Or, en 1999 pour Rosetta, puis en 2005 pour<em> L'enfant</em>. <strong>Après un photocall où elle apparaissait rayonnante</strong>, découvrez une interview exclusive de <strong>Cécile de France</strong> par Stéphenie Lamome, de <em>Première</em>. <strong>Le nouveau numéro du magazine est en effet consacré au 64ème festival de Cannes</strong>, avec notamment de longs entretiens avec <strong>Jean Dujardin </strong>, qui présente aujourd'hui <strong>The Artist</strong> et <strong>Denis Podalydès</strong>, qui incarne Nicolas Sarkozy dans La Conquête. Mais revenons à Cécile, qui nous parle de son expérience auprès des frères Dardenne, ainsi que de ses précédents films : Au-delà, de <strong>Clint Eastwood</strong> ou encore L'Auberge Espagnole, de <strong>Cédric Klapisch</strong>. <strong><strong>Pour tout savoir sur le festival de Cannes 2011, c'est ici !</strong></strong>
Un point commun entre Clint Eastwood et les Dardenne ?
Aucun. C?est tout l?inverse. Eastwood ne répète pas, ne vous rencontre pas avant le tournage et tourne une seule prise, alors que les Dardenne font dans le pointillisme. <strong>Vous dites avoir une part d?ombre qui n?a pas encore été vraiment exploitée à l?écran?</strong> Oui, c?est vrai, mais dans <em>S?ur Sourire</em>, où j?incarne cette religieuse qui cache sous son voile ses démons, j?ai pu l?exploiter un peu. C?est pour ça que je me suis autant battue pour ce film, qui a mis sept ans à se faire. Ca m?ennuierait de toujours jouer la fille fraîche et sympa? Je suis fascinée par des acteurs comme Tim Roth, Ray Winstone, Tilda Swinton qui montrent ce côté obscur, mais généralement, moi, on me choisit pour mon côté solaire ! Mon rêve ultime, ce serait l?équivalent du rôle de Tim Roth dans <em>Made in Britain</em> ou de Ray Winstone dans <em>Scum</em>. Avec Xavier Giannoli, en ce moment, je suis comblée. Je joue actuellement sous sa direction un personnage qui a cette part d?ombre. Il a beaucoup d?imagination, il ne s?en tient pas aux apparences. Lorsqu?il m?a demandée de jouer dans <em>Quand j?étais chanteur</em>, c?était après m?avoir vue dans <em>La Confiance règne</em> !
C'est aujourd'hui qu'a été présenté Le Gamin au vélo, le nouveau film des frères Dardenne, qui a surpris les sélectionneurs en étant le plus drôle et léger des cinéastes, déjà vainqueurs de deux Palmes d'Or, en 1999 pour Rosetta, puis en 2005 pour L'enfant. Après un photocall où elle apparaissait rayonnante, découvrez une interview exclusive de Cécile de France par Stéphenie Lamome, de Première. Le nouveau numéro du magazine est en effet consacré au 64ème festival de Cannes, avec notamment de longs entretiens avec Jean Dujardin , qui présente aujourd'hui The Artist et Denis Podalydès, qui incarne Nicolas Sarkozy dans La Conquête.Mais revenons à Cécile, qui nous parle de son expérience auprès des frères Dardenne, ainsi que de ses précédents films : Au-delà, de Clint Eastwood ou encore L'Auberge Espagnole, de Cédric Klapisch.Pour tout savoir sur le festival de Cannes 2011, c'est ici !
Commentaires