"J’ai fait le film que je rêvais de voir", nous confie Gilles Lellouche dans le nouveau numéro de Première.
Gilles Lellouche nous a accordé un grand entretien dans le nouveau numéro de Première, actuellement en kiosque, pour la sortie de Soudains Seuls, au cinéma le 6 décembre. Un thriller enthousiasmant, adapté du roman de la navigatrice Isabelle Autissier, sur un couple de naufragés que nous présentent également le réalisateur Thomas Bidegain (scénariste d’Un Prophète) et Mélanie Thierry, qui partage l’affiche du film avec Lellouche.
On en aussi profité pour en savoir plus sur la prochaine réalisation de Gilles Lellouche cinéaste. Cinq ans après Le Grand Bain, il termine actuellement le montage de L’Amour ouf, un film énorme, tant pas sa durée annoncée (3h) que son casting (François Civil, Adèle Exarchopoulos, Benoit Poelvoorde, Alain Chabat, Elodie Bouchez, Karim Leklou, Raphaël Quenard…), son budget colossal (32 millions d’euros) ou l’ampleur de son tournage (88 jours) et de son récit étalé sur deux décennies. Le film adapté du roman éponyme de Neville Thompson (1997) ne sortira que dans un an (le 16 octobre 2024), mais il s’annonce déjà comme un évènement pour le cinéma français.
Voici un extrait de l’interview que vous pouvez retrouver en intégralité dans le magazine Première, avec d’autres photos exclusives du tournage de L’Amour ouf, qui s’est terminé il y a quelques semaines.
Première : Sur L’Amour ouf, avoir ces dix-huit semaines de tournage, le budget qui va avec, la certitude que le film durera plus de trois heures, vous rajoute de la pression ?
Gilles Lellouche : Dire ne pas avoir ce poids serait mentir. Par contre, je vais être très honnête. Quand Benoît Poelvoorde m’a donné le livre, à l’époque de Narco, j’en suis tombé fou amoureux et j’ai commencé aussitôt à écrire. C’est donc au fur et à mesure que je me suis rendu compte de son ampleur et de sa démesure. J’ai compris que pour rendre service à ce récit, il fallait faire un film d’époque, à savoir une partie qui se situerait dans les années 80, et une autre dans les années 90. Que le film allait être très musical. Que ça allait être un truc énorme.
Il était évident pour moi qu’à ce moment-là de ma carrière, on ne me donnerait jamais les moyens pour le faire. Alors, quand il y a eu le succès inespéré du Grand Bain, je me suis dit que je serais vraiment un pauvre type si je n’en profitais pas pour faire enfin ce film dont je rêvais depuis quinze ans. J’en ai profité, c’est vrai.
On a écrit avec le plus grand sérieux, avec Audrey Diwan et Ahmed Hamidi, mais sans jamais se mettre la pression. Pas plus que je n’en ai eu de mes producteurs alors que je les avais prévenus d’emblée que ça ne ferait pas moins de trois heures. Pas parce que je me prends pour le Martin Scorsese de Melun, mais parce que je ne peux pas raconter cette histoire en moins de temps. J’ai vécu le tournage avec enthousiasme et sans doute une forme de naïveté face à la pression qu’un film aussi cher et ambitieux peut engendrer. Mais maintenant que j’arrive à l’étape du montage, je dois avouer que mes petits doigts se mettent à trembler doucement, gentiment.
Sommaire de Première n°546 avec Gilles Lellouche, Eva Green, David Fincher, Timothée Chalamet...Le scénario du film est à la fois bourré d’influences américaines (Tarantino, Scorsese...) et en même temps très français. Vous teniez à cet équilibre ?
Ce côté américain, je ne le provoque pas. Il découle du mix de ma culture vidéo-club qui va de Massacre à la tronçonneuse aux Affranchis. Mais il y a bien chez moi une volonté farouche de faire du cinéma français. Je n’ai pas envie de singer le cinéma américain.
Outre de la violence, on y trouve une mélancolie qui rappelle le Leone d’Il était une fois en Amérique. On pense aussi à Rappeneau pour le rythme et à Resnais pour l’inventivité...
J’ai fait le film que je rêvais de voir. J’adore le mélange des genres. La violence quand elle est mâtinée d’humour, l’ironie au milieu de la plus grande sincérité. J’ai essayé de faire une sorte de voyage sensoriel. Les deux films que je préfère au monde sont Il était une fois en Amérique et Voyage au bout de l’enfer. Il y coexiste ces espèces de contradictions permanentes, de chaos, de chaud-froid. On ne sait jamais exactement où on va et on est toujours un peu cueilli. C’est ce que j’ambitionne avec L’Amour ouf.
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