Un film puissant sur la rédemption par le théâtre, magnifiquement interprété par le comédien nommé aux Oscars et d'anciens détenus éclatants de justesse.
“La prison est une usine qui fabrique des animaux humains”, disait Edward Bunker dans La Bête contre les murs, plongée amère et violente dans le quotidien de Saint Quentin. Changement de taule et changement de registre. C’est à Sing Sing que se déroule le film de Greg Kwedar et le régime d’incarcération paraît plus ambigu, moins dur. Sans doute parce qu’on y suit John "Divine G" Whitfield, remarquablement incarné par Colman Domingo.
Emprisonné à tort, ce détenu est au coeur d’un programme de réinsertion par le théâtre. Divine prend un jour le risque d'accueillir au sein de la troupe Clarence Maclin, un dealer dont la présence va bousculer la dynamique du groupe. Ensemble, ils vont écrire et monter une pièce improbable mixant l’Egypte antique des gladiateurs, Freddy Krueger et même Hamlet. Leur pièce est une capsule pour oublier la violence du mitard et s’échapper de la fabrique animalière. C’est surtout une épopée artistique et humaine qui confère au film sa puissance émotionnelle, d’autant plus forte que la plupart des rôles sont tenus par d’anciens détenus bénéficiaires du programme, tous éclatants de justesse.
Sur les planches, les prisonniers tombent la carapace, tentent de se débarrasser de la virilité toxique propre au milieu carcéral. Mais cet espace précieux reste fragile, menacé par la violence latente et les spectres du passé. Magnifiquement filmé par Pat Scola, Sing Sing oscille entre tension et émotion. Certaines séquences semblent digresser, mais la partition hallucinante de Domingo, parfait contrepoint à l'énergie chaotique de Maclin, maintient le cap.
De Greg Kwedar. Avec Colman Domingo, Sean San Jose, Clarence Maclin… Durée 1h47. Sortie le 29 janvier 2025
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