Charlotte Serrand nous raconte son travail de programmatrice de ce festival à la fois défricheur et grand public, qui célèbre sa 15e édition.
Le festival a démarré cette année avec Par Amour d’Élise Otzenberger, où Cécile de France tient le rôle principal. Un film d’ouverture, c’est toujours une déclaration sur la programmation d’une édition. À quel point est-ce un casse-tête de le choisir ?
Disons que c’est un chemin (Rires.) J'attends d'avoir visionné beaucoup de films avant de me décider [plus de 140 long-métrages sont projetés durant le festival]. Mais ce qui me permet de trancher, c’est la dimension accessible du film. Je tiens à montrer que le festival est fait pour le grand public, même si ça n'empêche évidemment de proposer des choses plus aventureuses. Par Amour ne m’était pas apparu comme une évidence pour le film d’ouverture la première fois qu’on me l’a projeté. Mais je l'ai revu il y a quelques jours, et j’ai réalisé qu’il questionnait aussi notre rapport au cinéma, à l’image. Et puis le mélange entre les genres que le film propose m'intéresse énormément. C’est quelque chose qui est d’ailleurs au cœur du festival : pouvoir explorer une narration, une émotion, et ne pas être cantonné à une esthétique.
Comment être singulier et défricheur, tout en restant accessible au plus grand nombre ?
Je visionne énormément de films. C’est un très gros travail de prospection dans les festivals principaux de l'année, mais aussi un dialogue avec les distributeurs ou les vendeurs, qui me montrent les films. Nous sommes l'un des rares festivals de cinéma généraliste en France, ce qui permet de faire une prospection très large. Je prends vraiment beaucoup de plaisir à essayer de montrer toute la palette du cinéma contemporain. Ce qui veut dire être éclectique et s’autoriser tous les genres. Et puis il y a la contrainte de la première projection française, que nous nous imposons pour la compétition. C’est une sorte de filtre quand il y a des choix à faire. Cela n'empêche pas certaines exceptions, bien sûr, comme avec la section « Continuité », qui permet de suivre des réalisateurs qui sont déjà venus à La Roche-sur-Yon, et de continuer à défendre leur travail. Mais le gros de notre boulot repose sur la dimension d'inédit, de découverte.
Programmer à destination du grand public, c’est aussi lutter contre ses propres goûts ?
Parfois, mais pas tant que ça. Cela demande d'être surtout très ouvert, plus que de lutter contre ses goûts. Je ne me mets par vraiment de barrières et je fonctionne avec une envie de partage immédiat quand je vois un film. Après, il y a une question d'équilibre dans la programmation, de composition d’un programme varié. Pour moi, un film est un film, quelle que soit sa durée ou son genre. J'essaye de ne pas trop cloisonner.
Le Festival international du film de La Roche-sur-Yon a lieu jusqu’au 20 octobre. Plus d’infos et billetterie sur le site officiel de l’événement.
Michel Hazanavicius, Cécile de France, Reda Kateb… Le beau programme du Festival de La Roche-sur-Yon
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