L'icône du rock sixties, muse des Rolling Stones nous a quittés à l'âge de 78 ans. Elle laisse une belle carrière de comédienne. Sélection.
Made in USA (Jean-Luc Godard, 1967)
Un an avant de fricoter avec les Rolling Stones pour son One + One, JLG filme leur muse Marianne Faithfull le temps d’une séquence a cappella où elle interprète son tube inaugural composé par Jagger et Richards, As Tears Go By. Dans ce film volontairement pop où Godard paye sa dette à une Amérique rêvée, les signes sont partout. Marianne Faithfull y est MF et rappelle que l’icône participa à la British Invasion aux USA au moment même où le pape de la Nouvelle Vague l’immortalisait avec sa caméra. Les vrais débuts cinématographiques de Faithfull auront lieux la même année sous la houlette de Michael Winner dans Qu’arrivera-t-il après ? où elle fait face à Orson Welles.
La Motocyclette (Jack Cardiff, 1968)
Réalisé par le chef op’ légendaire des plus beaux films de Powell et Pressburger (Les Chaussons rouges, Le Narcisse noir, excusez du peu), La Motocyclette est une rêverie érotico-motorisée pré-Easy Rider, adorée par les fétichistes des Harley-Davidson et du Swinging London. Et du cuir, évidemment, puisqu’on y voit Marianne Faithfull s’y glisser, entièrement nue, dans une combinaison fantasmatique, avant de foncer rejoindre sur deux roues son amant joué par Alain Delon (que la chanteuse, soit dit en passant, traitera de « connard » dans un morceau, 34 ans plus tard). Entre curiosité pop, érotisme soft et bikesploitation, le film fut l’un des tous premiers à être classé X aux Etats-Unis, avant d’être expurgé de ses scènes les plus hot et rebaptisé Naked under leather (Nue sous son cuir), afin de surfer sur l’aura sulfureuse de sa star, forgée dans les manchettes des tabloïds relatant ses bacchanales avec les Rolling Stones.
Intimité (Patrice Chéreau, 2001)
Pour celles et ceux qui ne suivaient pas à la trace Marianne Faithfull, sa présence dans cet exil londonien de Patrice Chéreau aurait pu passer inaperçu. Non que son rôle certes discret, ne soit pas fort mais Faithfull y est assez méconnaissable. Elle incarne une « dame » qui suit les cours d’art dramatique de Claire la sulfureuse héroïne de ce drame sexuel et passionné. Il est assez beau de voir comment la chanteuse-actrice s’amusait ici à jouer l’élève volontaire, désireuse de transfigurer sa vie par le jeu. Avec le rôle Betty, Marianne F. entrait à pas feutrés dans le nouveau millénaire.
Marie Antoinette (Sofia Coppola, 2006)
Sofia Coppola et Kirsten Dunst repeignent Versailles en rose macaron, New Order à fond dans leurs iPods. Elles sont les princesses pop du nouveau millénaire. Qui pour incarner leur aïeule, la reine des icônes sachant conjuguer la grâce et la débauche, la frivolité et la subversion ? Marianne Faithfull bien sûr, ici castée par l’autrice de Virgin Suicides en impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, mère de la future reine guillotinée. Un rôle qui assit un peu plus le statut d’idole de Faithfull auprès d’une nouvelle génération qui regardait les sixties comme un âge d’or mythologique, et ses stars comme membres d’une aristocratie bohème. Lady Marianne, définitivement.
Irina Palm (Sam Garbarski, 2007)
Etrange retour pour Marianne Faithfull dans un Soho au clinquant fané voire dépravé. Faithfull est ici une mamie sensible qui pour couvrir les frais d’hospitalisation de son petit-fils gravement malade, accepte de masturber anonymement les clients d’un sordide bouge du West End London. La mamie change de blaze et devient Irina Palm laissant suggérer un âge plus conforme à sa fonction. Faithfull y est magnifique et détourne le film des pièges d’une sensiblerie annoncée. C’est peut-être le dernier rôle marquant de l’icône rock si on excepte sa présence vocale dans le Dune de Denis Villeneuve en 2021.
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