« Le plus beau rôle de sa vie ». Au cas où vous en doutiez, la tagline de Grace de Monaco fait bien référence à Grace Kelly elle-même, et pas à son interprète Nicole Kidman. Il faut dire que « Son pire rôle depuis Australia », ça sonnait beaucoup moins bien…Non, non, le nouveau biopic d’Olivier « La Môme » Dahan entend bien faire passer l’idée que c’est grâce à son job de princesse monégasque que l’actrice de Fenêtre sur cour a pu prétendre à la postérité, plus que pour n’importe laquelle de ses prestations ciné. Pourquoi pas. Flashback sur 1961, année où Alfred Hitchcock (précisons qu’il n’est pas incarné ici par Anthony Hopkins) débarque dans la principauté pour tenter de convaincre son ancienne égérie de revenir au cinéma et d’accepter un emploi de kleptomane frigide dans son nouveau projet, Marnie. Le script est séduisant, la princesse Grace aimerait bien en toucher deux mots à son mari mais celui-ci, voyez-vous, a d’autres chats à fouetter : le Rocher est menacé de blocus économique par la France de De Gaulle…Plutôt bien tenue, la première demi-heure du film, habitée par l’ombre menaçante d’Hitch et une scène pastichant la course sur la corniche de La main au collet, laisse un instant penser qu’on va avoir affaire à une divagation fétichiste et postmoderne sur le métier d’actrice, enroulée dans les oripeaux d’un thriller hitchcockien (il y a même une méchante gouvernante sortie tout droit de Rebecca). Fausse piste : on est en réalité en train de regarder un mauvais remake méditerranéen du Discours d’un roi. Grace décline l’offre de son ancien pygmalion, choisit son destin et se décide à apprendre à faire un plan de table et à sourire aux petites gens, tout ça pour mieux se préparer à son grand oral devant de Gaulle, le climax de sa vie, qui sauvera Monaco et assoira son statut de princesse au grand cœur.Sans doute conscient de l’insignifiance historique absolue des « événements » qu’il dépeint, Dahan est contraint de rouler des mécaniques et filme des discussions politiques dans des boudoirs enfumés comme si on était en pleine crise des missiles de Cuba – mention spéciale à Tim Roth, en grande forme, qui transforme Rainier en une sorte de Parrain de Manchester, un peu comme Harvey Keitel avait fait de Judas une petite frappe italo-américaine dans La Dernière Tentation du Christ. Très drôle. On rigole moins rayon Kidman : la grande Nicole joue le jeu, vaillante, mais elle n’a clairement rien à faire dans ce petit navet aussi insignifiant que son sujet. Frédéric FoubertGrace de Monaco d'Olivier Dahan sort aujourd'hui dans les salles françaises Voir la vidéo de la conférence de presse avec Nicole Kidman :
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