La Communauté de l'anneau revient ce soir à la télévision.
Aragorn n'aime pas Le Hobbit ? Dans une interview à The Telegraph datant de mai 2014, Viggo Mortensen a partagé sa vision de la seconde saga fantastique de Peter Jackson dans l'univers de J.R.R. Tolkien. Nous repartageons ses propos à l'occasion de la rediffusion du premier opus de toute la franchise, La Communauté de l'anneau, ce soir sur TMC.
Un peu avant la sortie au cinéma du Hobbit 3, l'un des héros de la trilogie du Seigneur des Anneaux révélait n'apprécier pas vraiment la tournure prise par cet univers, mais se rappelait en revanche avec émotion le tournage des trois premiers films : "ça allait à une telle vitesse, il y avait tellement d'équipes de tournage, c'était vraiment dingue. Mais c'est vrai que le script du premier était beaucoup mieux organisé", se souvient l'acteur. "Peter a toujours été un geek en termes de technologie, mais une fois qu'il a eu les moyens de faire ce qu'il voulait, quand la technologie a vraiment décollé, il n'a jamais regardé en arrière. Dans le premier film, okay, il y a Fondcombe, le Mordor, mais ils ont une espèce de qualité organique, des acteurs qui jouent entre eux, de vrais paysages. C'est plus réaliste. Le deuxième film commençait déjà à être plus délirant à mon goût, et le troisième était vraiment trop bourré d'effets spéciaux. C'était grandiose mais toute la subtilité du premier film s'est peu à peu perdu dans les deux suivants. Maintenant, avec Le Hobbit et la suite, c'est ça puissance 10." Bref, l'acteur regrette qu'il y ait trop d'effets spéciaux numériques dans le Tolkien version Jackson, sauf dans La Communauté de l'Anneau...
L’évolution de la performance capture racontée par Andy SerkisPour Viggo, la transformation de Jackson en bricolo génial apôtre du "do-it-yourself" et de l'effet mécanique (Bad Taste, Brain Dead) en grand manitou du tout numérique date en fait de 2001, lorsque Peter a dû partir en reshoots pour améliorer Les Deux tours et Le Retour du roi, les deuxième et troisième films de la trilogie dont les premiers montages étaient paraît-il très mal foutus : "Tous ceux qui disent qu'ils savaient que ça allait être un énorme succès, je crois qu'ils mentent. Personne n'aurait pu s'en douter avant de voir les vingt premières minutes présentées à Cannes en mai 2001", explique Viggo. "La production était dans la merde, et Peter avait beaucoup dépensé d'argent. Officiellement, il a tout terminé en décembre 2000 -les trois films de la trilogie étaient alors tous tournés- mais vraiment le deuxième et le troisième film étaient affreux. Ils étaient bâclés, pas terminés du tout. Il fallait faire beaucoup de reshoots, et on l'a fait, année après année. Mais Peter n'aurait jamais eu l'argent nécessaire si le premier n'avait pas autant cartonné. Le deuxième et troisième film seraient sortis directement en vidéo..."
Conclusion, d'après Mortensen, Peter est tout simplement passé dans le système. "Je crois que Peter est devenu comme Ridley Scott, un cinéaste industriel, avec toutes ces personnes qui dépendent de lui. Mais je crois que c'est une question de choix. J'ai demandé à Ridley quand j'ai bossé avec lui [sur A Armes égales avec Demi Moore en 1997], "pourquoi tu ne fais pas un autre film comme Les Duellistes ?" Sans réponse... "Quand à Peter, j'étais sûr qu'il allait revenir à un film à plus petite échelle comme Créatures célestes, comme son projet sur les soldats Néo-Zélandais pendant la Première guerre mondiale. Mais il a fait King Kong. Et après Lovely Bones, je croyais que ça allait être son petit film. Le problème, c'est qu'il l'a tourné pour 90 millions de dollars. Il aurait dû le faire pour 15 millions. Le génie -les effets spéciaux- est sorti de la bouteille et l'a possédé. Je crois qu'il est heureux..."
La politesse de Viggo cache bien mal une certaine amertume. Et Lovely Bones fut effectivement une déception au box-office, poussant Jackson à revenir vers Tolkien et à reprendre le projet d'adaptation de Bilbo le Hobbit après que la version de Guillermo Del Toro se soit cassé la figure avec la MGM. Mortensen a l'air heureux, lui, et certainement à l'aise pour égratigner Le Seigneur des Anneaux lui a pourtant apporté une notoriété mondiale. Il a réussi à ne pas se faire dévorer par le rôle et a pu continuer sa carrière notamment grâce à une rencontre avec David Cronenberg (History of Violence, Les Promesses de l'ombre, A Dangerous Method). Il est d'ailleurs lui-même passé à la réalisation récemment avec le drame Falling.
20 ans après, Orlando Bloom sait encore tirer à l'arc comme Legolas
Commentaires