L’acteur détourne l’interview-confession pour un exercice auto-réflectif sidérant de vérité nue quitte à s’épuiser lui-même. Une expérience totalement folle.
Présenté lors du dernier Festival Lumière, le documentaire Vincent Lindon, cœur sanglant sera diffusé le 5 février sur Arte. Il est déjà visible en streaming sur le site de la chaine et sur YouTube.
A quel moment Vincent Lindon cesse-t-il d’être Vincent Lindon ? Le comédien avance-t-il en circuit fermé l’empêchant d’être autre chose que ce qu’il revendique en permanence ? Lui qui aime à citer son grand-père et dire que son métier "l’oblige". Ce n’est pas un hasard si ses deux derniers longs métrages en date, Le Choix et Jouer avec le feu, le montrent un casque de chantier sur la tête, la mine grave prêt à en découdre avec les injustices.
Le duo de réalisateurs Thierry Demaizière et Alban Teurlai (Rocco) a eu la bonne idée de se laisser sciemment déposséder de leur film pour laisser l’acteur le phagocyter de l’intérieur. Nous voilà avec du Lindon au carré, filmant des morceaux d’une aventure en solitaire où l’homme formidable conteur cherche à ne surtout rien dissimuler : le pathétique comme le fantastique. Lindon en panne sur la route des vacances ; Lindon sur son vélo d’appartement regardant Equalizer ; Lindon solo à la Closerie des Lilas ; Lindon ébahi à l’idée d’être président du jury de Cannes surjouant les extatiques dans sa chambre d’hôtel ou encore un Lindon-confession admettre que "oui, vivre en lui et avec lui, ce n’est pas simple."
Le résultat est sidérant. Dans un geste presque suicidaire, le comédien met en scène ses angoisses, ses névroses, ses emportements, ses manies, sa solitude et au-dessus tout, sa propre folie avec une conscience phénoménale. Le génie de Lindon se situe précisément dans cette faculté de tout contrôler même lorsqu’il donne l’impression de tout lâcher. La bête est là, rugit, sourit un peu, et se barre. Ne reste plus qu’à recoller les morceaux.
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