Dexter : original sin
Showtime

Le tueur en série le plus célèbre du petit écran raconte sa jeunesse dans un thriller pop à la légèreté déconcertante. Une exploration de la mythologie sanglante de Dexter, qui bouge au son de Gloria Estefan. Pas tout à fait indispensable.

On a déjà vu cette histoire non ? Pur préquel s'il en est, Dexter : les origines remonte le temps pour raconter comment le petit garçon recueilli par Harry est devenu ce fameux tueur en série qui nous a fait frissonner pendant 8 saisons (et plus si affinités). Sauf qu’au fil de ses 96 épisodes, Dexter avait déjà narré cette jeunesse, souvent même, pour expliquer sa personnalité déroutante. Immanquablement, ce retour vers le passé donne le sentiment de poignarder dans le vide.

Alors pour contourner ce problème évident, la nouvelle série - qui commence ce soir en France sur Canal Plus - semble maladroitement tenter une nouvelle approche, essayant de donner à Dexter une origin story digne d'un super-héros. On le retrouve en fac de médecine, génie de la dissection et doté d'un super-pouvoir : l’étudiant est capable de résoudre une scène de crime au premier coup d'œil ! Et le voilà débauché par la police de Miami - où travaillent déjà papa et un jeune Batista – pour faire un stage au sein de la brigade scientifique. Mais il a faim… de meurtre ! Sans vraiment tenter d’éclairer plus en amont la complexité du personnage, la série se contente de recycler ses fondamentaux : les bâches en plastique, le tablier, le couteau, le code… Tout est là. Cette nouvelle évocation du tueur a très conscience d’elle-même, alimentée grossièrement par du fan-service.

Dexter Original Sin
Paramount

Ce qui change surtout, c’est le cadre. La mise en scène appuie lourdement sur l’esthétique du Miami du début des années 1990 : walkmans, chemises criardes, musiques emphatiques nourries à Gloria Estefan. Chaque épisode sature de ces marqueurs nostalgiques presque caricaturaux, comme si Dexter avait été élevé par Deux flics à Miami. Une atmosphère colorée qui détonne avec l’obscurité oppressante qui faisait la force de la série originale. La noirceur psychologique de Dexter semble s’être diluée, remplacée par un thriller pop où le meurtre perd toute gravité, quasi banalisé.

De quoi rester sur sa faim… même si tout ça reste divertissant, parce que sauvé par son casting XXL. Patrick Gibson - révélation de The OA - fait un improbable sosie de Dexter dans la vingtaine. Christian Slater tient sa place avec assurance, mais ce sont surtout les seconds rôles qui font le taf, du moustachu magnétique Patrick Dempsey, au plaisir de revoir Sarah Michelle Gellar. Loin de raviver la fascination morbide de la série originale, la nouvelle itération se contente d’une évocation plaisante mais sans ambition réelle.

Dexter : les origines, à voir sur Canal Plus à partir du jeudi 6 février 2025.


A lire aussi sur Première

Conflict : le thriller militaire finlandais qui joue à se faire peur (critique)

Et si le sud du pays nordique était un jour envahi par une obscure milice armée ? Une nouvelle dystopie géopolitique qui imagine le pire pour demain afin d'exorciser les peurs d'aujourd'hui.

Families like Ours : la passionnante dystopie du réalisateur de Drunk [critique]

La crise climatique et les migrations qu'elle engendrera inévitablement, racontées depuis le Danemark dans une dystopie humaine, intelligente et bouleversante, signée Thomas Vinterberg.