Un enfant des étoiles en guise de chanteur, un démon affublé d'une langue démesurée qui crache du feu tout en jouant de la basse, un guerrier de l'espace tirant des roquettes avec sa guitare et un matou qui décolle de scène avec sa batterie, telles sont les créatures de Kiss, champion incontestable du rock grand public et surtout grand guignol.Le groupe est fondé à New York en 73 dans le quartier du Queens par le chanteur guitariste Paul Stanley et son pote bassiste Gene Simmons, tous deux anciens membres du groupe Wicked Lester. Le tandem s'entoure du gratteux Ace Frehley et du batteur Peter Criss. S'inspirant de l'attitude théâtrale des stars du glam et des shows provocateurs d'Alice Cooper, les quatre musiciens s'inventent des personnages et élaborent leur célèbre mise en scène délicieusement carton pâte.Le groupe parvient à se dégotter un manager et à attirer l'attention d'un certain Neil Bogart, patron d'un nouveau label, Casablanca Records. Il rentre en studio fin 73 pour enregistrer son premier opus Kiss, qui sort l'année suivante et comprend notamment les singles « Nothin' To Lose » et « Strutter ». En dépit d'une très grosse campagne de pub, le public suit peu et la presse se montre acerbe. Les quatre saltimbanques se pressent donc de composer leur deuxième galette Hotter Than Hell mais peinent une fois de plus à convaincre les auditeurs. Le quatuor décide alors de tout miser sur ses shows en renforçant encore le côté spectaculaire. Ses efforts commencent enfin à payer : à défaut de réussir à écouler ses disques, le groupe attire de plus en plus de curieux à ses concerts. En 75, il fait paraître Dressed To Kill. Si l'album marche mieux que les deux précédents, les ventes ne suffisent pas à compenser les sommes investies depuis le début par leur label, menacé par la faillite. Le manager de Kiss, Bill Aucoin, tente alors un coup de poker : pariant sur le charisme scénique de ses poulains, il organise donc quelques gros concerts à travers le pays et fait éditer dans la foulée un double album live, baptisé Alive ! Ce titre plein d'espoir porte chance au groupe : sa galette devient disque d'or en l'espace de deux semaines, puis double disque de platine au bout de quelques mois.Du jour au lendemain, les membres de Kiss deviennent de véritables stars et la version live de « Rock and Roll All Nite » perce le top 20 des charts. Le quatuor, qui a désormais les moyens de se payer des producteurs de luxe, recrute ainsi Bob Ezrin, collaborateur de Pink Floyd, Lou Reed ou encore Alice Cooper, pour l'enregistrement du nouvel opus Destroyer. Le disque sort en 76 et devient disque de platine avant même d'être mis en vente. L'album comprend notamment le tube « Beth », une ballade chantée par le batteur Peter Criss qui va permettre au groupe d'étendre sa notoriété au-delà du cercle des amateurs de hard. Après avoir sillonné l'Europe et rempli les stades à domicile, Kiss retourne en studio en septembre de la même année. Désireux de retrouver toute la puissance de leur son live sur album, le groupe enregistre son nouveau disque Rock'n'Roll Over au sein d'un théâtre désaffecté du New Jersey avec l'ingénieur du son Eddie Kramer. Nouveau carton pour les quatre musiciens, qui suscitent désormais une véritable Kissmania aux Etats-Unis comme au Japon. Ils reviennent dès le début de l'année suivante avec une sixième galette, Love Gun, très vite suivie de Alive II, qui rassemble des prises de concerts et des morceaux inédits. Mais les conflits d'égo et les problèmes de drogues des deux leaders contraignent le quatuor à s'offrir un congé sabbatique pour ne pas exploser en vol. En attendant le comeback, Casablanca Records fait paraître une compil. Les nombreux produits dérivés permettent également de faire fonctionner le tiroir-caisse. De manière à apaiser les tensions, les membres du groupe décident de publier simultanément quatre albums solo sous le nom de Kiss en 78. Si celui du guitariste Ace Frehlay connaît un certain succès, les trois autres disques peinent à se vendre. Le quatuor enchaîne ensuite avec un téléfilm , Kiss Meets The Phantom Of The Park (Kiss contre les fantômes en France), avant de revenir avec l'album Dynasty en 79. Orienté disco, le disque déconcerte totalement les fans mais fait un carton grâce au tube international « I Was Made For Lovin' You ». Aveuglé par le succès, le groupe renouvelle l'expérience avec Unmasked, qui n'atteint pas le score de son prédécesseur et se fait allumer par la presse spécialisée. A ce demi-flop s'ajoute l'éviction du batteur Peter Criss, remplacé par Eric Carr pour assurer la tournée. De retour en Amérique, Kiss se lance dans un projet d'album-concept soutenu par un film, à l'image du The Wall de Pink Floyd. L'idée n'emballe ni Ace Frehley ni Eric Carr mais le disque finit par voir le jour, contrairement au long-métrage. Music From the Elder fait un bide total en 81 et le groupe est au bord de l'implosion.Le quatuor se recentre alors sur ses fondamentaux avec la compilation Killers et l'album Creatures Of The Night et adopte une attitude plus agressive sur scène. La galette suivante, Lick It Up, enfonce encore le clou et permet à Kiss de reconquérir pas mal de fans. De disque en disque (Animalize, 84, Asylum, 85) le navire se remet à flot, en dépit de changements récurrents de line-up. Après s'être essayé au glam métal, le groupe se lance avec succès dans le hard FM à la Bon Jovi sur l'album Crazy Night en 87. La carrière de Kiss se poursuit en dents de scies, oscillant entre flop (Hot In The Shade, en 89) et énième résurrection (Revenge, 92). Le groupe livre encore quelques galettes (Carnivals Of Souls : The Final Sessions, en 96, Psycho Circus en 98) mais concentre l'essentiel de ses efforts sur les tournées géantes et autrement plus lucratives qu'il organise à intervalles réguliers.
