Toutes les critiques de Le journal d'Anne Frank

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Pour l'anniversaire de ses treize ans, le 12 Juin 1942, Anne Frank reçoit un journal intime. Immédiatement sensible à la liberté que lui donne l'écriture, elle s'invente un confident qu'elle nomme Kitty. Le film s'ouvre sur cette scène de dédicace à travers laquelle paraît le mélange de candeur et de gravité qui caractérise le parcours d'Anne.
    Le 6 Juillet, pour échapper aux persécussions antisémites, la famille Frank entre dans la clandestinité. Réfugiés au dernier étage d'un immeuble de bureaux, leur vie s'organise. Bientôt rejoints par les Van Petel puis par Fritz Pfeffer, la petite communauté, ravitaillée et informée de la vie extérieure par plusieurs employés des bureaux, attendra deux ans que la guerre soit finie. Mais, dénoncés, ils seront arrêtés le 4 Août 1944.Le scénario insiste avec justesse, aux derniers moments du film, sur la décision d'Anne, quittant l'appartement clandestin qu'elle nomme l'Annexe, d'y laisser le journal sur sa table de travail. Elle veut que son amie Miep le trouve et qu'il prenne, en cessant d'être intime, la dimension de témoignage historique et d'oeuvre littéraire que nous lui connaissons aujourd'hui. Ce geste est le dernier acte libre d'Anne Frank.Le journal d'Anne Frank, mis en image de façon très précise et documenté quant au paysage urbain et à l'espace de l'Annexe, se présente comme un hommage au message d'Anne, à son universalité. Le dessin animé permet justement de faire voyager son histoire à travers le monde sans que le doublage ou la pregnance d'un décor réel ne posent problème à des spectateurs de cultures différentes. Mais du coup, face à cette forme lisse et lente que prend le dessin animé, la question se pose: la forme, polie et universalisée, n'a-t-elle pas fait disparaître la force du témoignage, la dimension historique de son sujet ?Si on pouvait craindre, en entrant dans la salle, l'emphase dramatisante à laquelle se prête l'histoire d'Anne Frank, on en sort tout à fait rassuré et même un peu surpris que d'un destin aussi cruel, d'une résistance aussi délicate (terrible délicatesse), il ne reste que la tendresse un peu mièvre d'un dessin animé pour enfant. Le tranchant de la situation passe à l'as. La faim, la promiscuité, la peur d'être découvert, la folie du monde extérieur sont absents de l'image et le rythme narratif demeure imperturbable, voire soporifique.Le journal d'Anne Franck
    Réalisé par Julian Y/Wolf
    Etats Unis, 1999
    Durée 1h29
    Sortie salle France 2 février 2000.