Le film de Maïwenn est particulièrement marquant.
Polisse, le nouveau film de Maiwenn, vient de secouer le festival de Cannes 2011. Présenté vendredi soir, ce polar réaliste pourrait bien se retrouver au palmarès.
La première claque du Festival est française et elle fait mal, très mal. Maïwenn, l’enfant terrible du cinéma hexagonal, signe avec Polisse, plongée ultra réaliste dans le quotidien glauque de la Brigade de Protection des Mineurs (BPM), un polar documenté, un film choral harmonieux, un huis-clos étouffant. Polisse, c’est Police de Pialat + L 627 de Tavernier, la noirceur humaniste + l’état des lieux de la maison poulaga. Confrontés à des déviants et à la misère sociale concomitante, les flics de la BPM sont des éponges mal essorées qui ont du mal à faire la part des choses, à séparer la fonction de la personne, l’objectivité de l’affect. Aucun personnage n’est sacrifié, aucune affaire expédiée. Maïwenn réussit, sur le fond et sur la forme, à faire vivre une intrigue complexe, riche et signifiante, sans temps morts ni sensationnalisme. L’épilogue, incroyablement cathartique, achève de nous convaincre qu’une cinéaste importante est définitivement née. Le film prétend d’ores et déjà à des prix d’interprétation, à celui de la mise en scène, voire à la Palme d’Or. Le niveau de la compétition est en tout cas subitement monté de plusieurs crans.
Christophe Narbonne
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