A la poursuite de demain : Brad Bird a-t-il eu raison de refuser Star Wars 7 ?
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A la rencontre de Brad Bird
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Décalé et hors du temps
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Syndrome John Carter ?
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A la poursuite de demain : Brad Bird a-t-il eu raison de refuser Star Wars 7 ?
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Syndrome John Carter ?

A la rencontre de Brad Bird

Voici comment le réalisateur d'A la poursuite de demain présentait son projet dans Première, en 2015.

Les Indestructibles, Ratatouille, Le Géant de fer : Pourquoi Brad Bird est le plus « joueur » des réalisateurs

Décalé et hors du temps

"La productrice Kathleen Kennedy m'a proposé de réaliser le nouveau Star Wars alors que George Clooney venait de s'engager avec nous. On avait enfin le feu vert. J'ai quand même demandé à Kathleen s'il y avait moyen que Disney décale son tournage le temps que je finisse À la poursuite de demain, mais ce n'était évidemment pas possible. Je ne pouvais pas réaliser L'Épisode 7 sans tuer mon film. Plus délicat, plus fragile... Dire non n'a pas été facile, mais je suis sûr d'avoir pris la bonne décision. De toute façon, il n'y avait aucun doute : Star Wars se ferait, avec ou sans moi."

Auteur de l'un des meilleurs Pixar (Les Indestructibles, 2004), Brad Bird réussit son passage au cinéma live de manière spectaculaire en 2011 avec Mission : Impossible Protocole fantôme. Fin 2012, il rejoint David Fincher dans le cercle très fermé des metteurs en scène qui ont dit non à Star Wars. Pour faire quoi ? Un film de SF décalé et hors du temps. "Exactement comme La Guerre des étoiles pouvait l'être en 1977", analyse le cinéaste dans un sourire.

Jeu de clés

Au printemps 2011, alors qu'il est dans la dernière ligne droite de la production de Mission : Impossible 4, Bird inaugure sa collaboration avec Damon Lindelof, le cocréateur de Lost. "Le gros du tournage était terminé mais il y avait encore quelques scènes à mettre en boîte. Cela nécessitait un travail scénaristique très précis. Damon s'en est chargé, sans être crédité" (pratique courante aux États-Unis où un scénariste doit avoir écrit 33% d'un film pour que son nom figure au générique). Bird poursuit : ''Avec peu de marge de manoeuvre, il a parfaitement fait son boulot.'' Pour fêter ça, le réalisateur et le scénariste vont manger des sushis en discutant de leurs projets en cours. "C'est là qu'il m'a raconté le film, se souvient Bird. En l'espace d'un dîner, il m'a entraîné dans son monde." À ce stade, le projet n'a pas de scénario, juste des pistes pour les personnages et un background extrêmement détaillé. "Avec Jeff Jensen, Damon avait écrit le déroulé des cent ans qui précèdent le film, toute l'histoire du 'Pays du Lendemain'. C'était fascinant !" Jensen et Lindelof s'étaient amusés à fabriquer un faux journal intime plein de notes, de dessins et d'infos censé avoir été rédigée dans les années 20-30 et qui donnait les clefs de tout un univers. "C'est la lecture de ce truc qui m'a convaincu", conclut Bird. En juin 2011, Disney donne donc son feu vert. Titre de travail : 1952.

Boîte mystère

Dès le départ, le secret autour du projet invite aux spéculations. Dans un premier temps, beaucoup de gens "informés" sont ainsi convaincus que 1952 est le nom de code de Star Wars 7. D'autres pensent qu'il s'agit d'un biopic de Walt Disney. Lindelof, lui, va une nouvelle fois faire parler son sens du teasing. Le gimmick ? "La boîte, s'enthousiasme Brad Bird. Le voilà le vrai point de départ. Je crois d'ailleurs que Damon l'avait imaginée avant même d'écrire la moindre ligne du journal intime." C'est ainsi que fin janvier 2013, Lindelof publie la photo d'un vieux carton noir étiqueté '1952', dans lequel on peut voir des documents, un 45 tours, un objet en métal non identifié, de la pellicule Technicolor, un numéro du périodique Amazing Stories datant de 1928 (celui qui contient la première apparition de Buck Rogers), sans oublier des photos de Walt Disney. Après une semaine de surchauffe sur le Web, le vrai titre est révélé : Tomorrowland, le même nom que l'un des mondes des parcs d'attractions Disney avec lequel le film dialogue manifestement.

It's a Small World

"On a tourné à Disney World (Orlando) et à Disneyland (Anaheim, en Californie), raconte le réalisateur. On a malheureusement dû couper la scène située en Floride, mais la version originale de l'attraction It's a Small World, celle qui fut montrée à l'Exposition universelle de New York en 1964, figure bien dans À la poursuite de demain. Pour preuve, les étiquettes de l'époque sont encore dessus... " 

C'est à ce moment-là que s'ouvre le film, pendant cette exposition qui fut l'une des dernières à célébrer la science et ses promesses exploratrices alors que la course à la conquête spatiale battait son plein. "On a même conservé la musique de l'attraction, poursuit Bird. Mais pas trop longtemps, rassurez-vous, je sais que tout le monde en a un peu ras le bol de cette chanson." En août 2013, Brad et Damon font le show à la D23 Expo, la convention bisannuelle de Disney. Ils y présentent le contenu de la boîte d'À la poursuite de demain, allant jusqu'à prétendre qu'elle a été trouvée dans les archives des "Imagineers", la "caste supérieure" des concepteurs de parcs Disney. Partant de là, ils peuvent dérouler l'histoire du "Pays du Lendemain", une cité au look de SF "golden age" nourrie à l'imaginaire des plus grands génies de l'histoire (d'Albert Einstein à... Walt Disney) et située dans un monde parallèle. La jeune Casey Newton (Britt Robertson) va trouver un pin's magique (coucou la référence 90s) lui permettant d'avoir une vision de la cité. Avec l'aide de Frank Walker George Clooney), un ex-enfant prodige vivant reclus, l'aventure va alors pouvoir commencer.

De beaux lendemains

"Le titre du film a toujours été Tomorrowland. Le nom de code était là pour attiser la curiosité, explique Bird. Et ça a marché : tout le monde y est allé de sa théorie. Ensuite, quand on a dévoilé le véritable titre, on a eu l'impression que les gens savaient ce que ça signifiait, qu'ils l'avaient toujours su. Mis ensemble, les mots "demain" et "pays" font un drôle d'effet. Dans le temps, le terme "demain" avait une connotation positive alors que de nos jours, il renvoie à quelque chose de sombre et d'incertain. Pourquoi cela a-t-il changé ? Quand j'étais gamin, le futur semblait lumineux, plein de promesses. C'était pourtant la Guerre froide, l'anéantissement nucléaire ne tenait qu'à une pression de bouton... Le film s'interroge sur ce changement de perspective à travers le récit d'une fable ou d'un mythe."

Cette thématique laisse entrevoir un retour à la veine rétro des meilleurs Brad Bird, Le Géant de fer (1999) et Les Indestructibles, deux films baignés par un regard nostalgique sur l'âge d'or des années 50-60, quand tous les possibles s'offraient à l'imaginaire des baby-boomers. Bird balaie cette hypothèse : "La nostalgie est un état passif, comateux. Les Indestructibles, c'est au contraire la défaite de la crise de la quarantaine, la reconquête des rêves perdus, l'équilibre entre boulot et vie de famille."

N'empêche : À la poursuite de demain s'annonce autant comme un film "birdien" (grand huit, inventions visuelles, modernité) que "lindelofien" avec ses énigmes et sa dialectique de chasse au trésor méta.

Syndrome John Carter ?

En voyant les premières images du film, difficile de ne pas penser à John Carter, l'un des flops les plus coûteux de Disney, réalisé en 2012 par Andrew Stanton, un autre pilier de Pixar. Un film d'aventures SF premier degré mêlant western et space opera, qui fut flingué par une campagne marketing tellement "mystérieuse" qu'elle en était devenue incompréhensible.

"Je crois que certaines personnes ne supportaient plus les succès de Pixar et qu'il a fallu un bouc émissaire, analyse Bird. Andrew a été anéanti par cet échec." Alors À la poursuite de demain pourrait-il devenir le John Carter de Bird ? "Il y a des similitudes, concède ce dernier. Ce sont deux gros films de SF qui ne sont ni des suites ni des adaptations et qui n'ont aucun schéma préconstruit pour convaincre les studios qu'ils vendront autant de pop-corn que les autres. Attention, je n'ai rien contre les suites. J'en ai fait une et je vais écrire et réaliser Les Indestructibles 2. Mais elles laissent de moins en moins de place pour le reste. Aujourd'hui, l'originalité est devenue difficile à financer, ou alors elle est synonyme de tout petit film. Je me fais du souci pour une industrie qui ne souhaite investir que dans des concepts déjà vus, déjà connus."

"Avec Tomorrowland, j'ai essayé de faire quelque chose de différent"

 

Le réalisateur des Indestructibles a réussi son ambitieux film de SF, qui revient ce soir sur W9.

En mai 2015, soit quatre ans après les premières rumeurs, Tomorrowland, joliment renommé À la poursuite de demain, arrivait enfin dans les salles obscures... pour y faire un flop. Pourtant, ce projet de SF de Brad Bird ne manque pas de qualités. A l'époque, le réalisateur de Ratatouille, Les Indestructibles et Mission : Impossible 4 avait même refusé de mettre en scène Le Réveil de la Force pour privilégier cet univers original et optimiste imaginé par Damon Lindelof (LOST, Watchmen...). Il expliquait dans Première assumer pleinement ce choix, préférant créer un univers inédit plutôt que de poursuivre une saga déjà bien établie.

Retour sur la drôle de conception du film, à l'occasion de sa rediffusion sur W9.

A la poursuite de demain, Lone Ranger, John Carter : trois flops de Disney à réhabiliter

L'histoire d'À la poursuite de demain : Unis malgré eux par le destin, Frank Walker, un inventeur désabusé, et Casey Newton, une adolescente passionnée par les sciences au caractère bien trempé, s’embarquent pour une quête périlleuse qui va les conduire dans un mystérieux univers parallèle où rien n’est impossible. Ce qu’ils vont y découvrir changera le monde – et eux-mêmes – à jamais.

Bande-annonce :


10 choses à savoir sur A la poursuite de demain sans se le spoiler