GALERIE
Star Invest Films

Le film de Charlotte Regan réussit là où tant d’autres feel good movies ont échoué.

Dans une Angleterre qui semble cloisonnée du reste du monde, une jeune fille de 12 ans trompe l’ennui en piquant des vélos, en se bagarrant contre les filles du quartier et en procrastinant dans un grand appartement. Un grand appartement où elle vit seule à l’insu des services sociaux depuis la mort prématurée de sa mère, seul être aimant et aimé de cette petite bourgade au faux charme bucolique où elle (sur)vit. Et quand son père aux airs d’ado débarque dans sa vie pour en reprendre le contrôle, elle se braque contre cet homme qui l’a abandonné juste après sa naissance.

Avec à la photo Molly Manning Walker (la réalisatrice de How to have sex), Scrapper réussit là où tant d’autres feel good movies ont échoué : en choisissant de ne pas juger ses personnages, Charlotte Regan finit par les rendre solaires, plus vrais que natures, masquant par addition la grisaille qui entoure leur statut de laissés pour compte. La débutante Lola Campbell illumine ce film parfaitement mélancolique qui navigue avec agilité entre le larmoyant et la drôlerie, avec en point d’orgue une magnifique complicité partagée entre l’actrice et Harris Dickinson, véritable caméléon qui peut aussi bien jouer les idiots superficiels chez Ruben Östlund que les papa-poules mal éduqués dans des petites productions indé. 

Scrapper reprend finalement le flambeau du Aftersun de Charlotte Wells en ouvrant cette fois-ci une fenêtre sur l’avenir pour ses personnages, tout en nous laissant penser que le cinéma britannique n’a pas été aussi puissant et riche depuis un certain nombre d’années.