amber heard
ABACA

Les médias Vice et Citizens ont mené l’enquête : le journal fondé par Ben Shapiro prend clairement le parti de Johnny Depp et va jusqu’à partager de fausses déclarations.

Depuis le 11 avril, le procès opposant Johnny Depp à Amber Heard est ouvert et continue de faire chauffer la toile. Dans un article publié le 19 mai, Vice explique comment le Daily Wire, deuxième média le plus populaire de Facebook, a dépensé entre 35 000 et 47 000 dollars sur les réseaux sociaux pour promouvoir ses articles sur le procès, la plupart étant clairement pro-Depp. 

Pour rappel, l’interprète de Jack Sparrow accuse Heard de diffamation à la suite d’un édito écrit par la comédienne dans le Washington Post en 2018. Dedans, elle déclare avoir dû faire face au harcèlement et aux abus sexuels dès son plus jeune âge. Elle y apporte son soutien au mouvement #MeToo et explique comment, suite à sa séparation avec Depp, certains de ses plus gros contrats ont été rompus ou modifiés. Plus important pour le cas du procès, l’actrice écrit : « Je suis devenue une représentation publique des femmes ayant subi des abus domestiques ». Suite à ce papier, le tabloïd The Sun titrait : « Johnny Depp : l’homme qui frappait sa femme », titre qui a valu un procès au journal anglais, qui fût perdu par Depp. Comme l’explique Forbes, The Sun avait reporté 14 épisodes d’abus sur Heard entre 2013 et 2016, cas qui avaient été examinés de près par le juge Andrew Nicol. A la fin du procès, il déclarait : « Bien qu’il ait prouvé les éléments nécessaires de sa cause d’action en diffamation, les défendeurs ont démontré que ce qu’ils ont publié était substantiellement vrai ». 

Si Amber Heard, dans son article du Washington Post, ne cite en aucun cas Johnny Depp, il aurait tout de même valu à l’acteur une forte baisse de popularité : viré de Disney et de la franchise Pirates des Caraïbes, viré de la Warner et des Animaux Fantastiques, etc. En compensation, il demande 50 millions de dollars, contre 100 millions de dommages et intérêts pour Amber Heard, qui a à son tour fait une demande reconventionnelle. Les deux s’accusent mutuellement d’abus et nient chacun les accusations de l'autre. 

Pirates des Caraïbes : Johnny Depp s'est senti trahi par Disney et aurait aimé "dire adieu proprement" à Jack Sparrow

Diffusé en direct sur les chaines de télé américaines, le procès fait l’objet d’une grosse médiatisation sur les réseaux sociaux : selon les données de la société NewsWhip, entre le 4 et le 16 mai, il a amassé plus d’interaction que tous les autres sujets, y compris celui de la guerre en Ukraine. Les contenus « pro-Depp » et « anti-Heard » sont les plus populaires, faisant suite à des hashtags comme #AmberHeardIsAPsychopath sur Twitter.

Sur Facebook, des centaines de news sur l’affaire sont diffusées chaque jour. Le média The Citizens a analysé les données de la bibliothèque publicitaire de la plateforme. Les résultats montrent comment le Daily Wire cherche à tirer parti du succès médiatique autour du procès pour attirer de nouveaux lecteurs tout en promouvant ses idées conservatrices. Une des news du journal, toujours en cours de promotion, qui titre « Tentative d’assassinat de Johnny Depp », affirme que « les seuls mots négatifs écrits à propos de la star hollywoodienne provenait occasionnellement de critiques de cinéma, jusqu’à ce qu’il épouse Amber Heard ». Loin d’être objectif, l’article comportait en plus de fausses déclarations : il expliquait que, lors du procès contre The Sun, « Depp [avait] pu réfuter 12 des 14 allégations de Heard, mais comme il est impossible de prouver une négation, le juge l’a qualifié de monstre et a refusé d’accepter sa défense ». En réalité, le juge a déclaré qu’il était plus probable que 12 de ces 14 cas d’abus présumés aient eu lieu, et le terme de « monstre » a été évoqué car mentionné par les deux acteurs pour qualifier la personnalité de Johnny Depp. Le Daily Wire a ensuite écrit un erratum en haut de leur article, indiquant que : « Une version précédente de cet article indiquait de manière incorrecte que Depp était capable de réfuter 12 des 14 allégations contre lui. Il a été corrigé pour noter qu'il n'a pas été en mesure de réfuter 12 des allégations. » Pour promouvoir ce papier, le média a dépensé la moitié de son budget sur l’affaire Depp-Heard, soit entre 20 000 et 25 000 dollars. 

Amber Heard a failli être remplacée dans Aquaman 2 à cause de son manque d'alchimie avec Jason Momoa

Un deuxième article sur le cas a également été promu, recensant cette fois les « 14 révélations les plus choquantes du procès de Johnny Depp et Amber Heard ». La parole est majoritairement donnée à Depp, 11 de ces révélations étant en sa faveur, la première étant la déclaration selon laquelle Heard aurait déféqué sur leur lit après une dispute. Une déclaration qui avait mené des pirates à renommer la fiche IMDB d’Amber Heard en Amber Turd (trad. : m*rde). De nombreuses vidéos ont également été postées sur le réseau, indiquant « Amber Heard est fautive » ou encore « Amber Heard est totalement lunatique », comme le rapporte Vice. Selon Nandini Jammi, la co-fondatrice de Check My Ads, un organisme de surveillance du secteur de la publicité, le Daily Wire est à la frontière entre l’info et l’infox. Elle explique que « le site a une poignée d’articles qui sont plus ou moins exacts sur le plan technique, mais les autres sont indéfendables. Pourtant, ils continuent à s’en tirer. » Pour Media Matters, organisme de surveillance américain, « Le Daily Wire est un réservoir de fanatisme et de haine », incitant au racisme, au sexisme et à l’extrémisme anti-avortement.

Johnny Depp vs Amber Heard : personne ne sortira gagnant du procès