Lost : Damon Lindelof ne voulait que trois saisons depuis le début

Mais la chaîne a poussé pour surfer sur le succès de la série.

Depuis sa conclusion en mai 2010, Lost n’a jamais cessé d’alimenter les discussions de fin de soirée - souvent agitées - sur les qualités et les défauts de la série, et de son ultime épisode en particulier (obligeant votre serviteur, à peu près une fois tous les deux mois, à rappeler que « non, ils ne sont pas morts depuis le début »). La longueur de Lost est souvent critiquée, d’autant qu’à l’époque la norme était de dépasser les vingt épisodes par saison. Mais le co-créateur et showrunner Damon Lindelof explique à Collider qu’il s’est battu pour ne faire que trois saisons (au lieu de six), sans succès. « Les discussions sur le fait de terminer la série ont commencé dès le pilote. Une des notes qu’on recevait d’ABC était : ‘Quand allez-vous résoudre ces mystères ? Et une fois qu’ils seront résolus, pourquoi les gens continueraient de regarder la série ?’ Et on leur répondait : ‘On va ajouter de nouveau mystères au fur et à mesure. Donc avec un peu de chance, pour chaque question à laquelle on répondra, on aura un autre mystère intrigant à proposer. Si on arrive à trouver le bon équilibre, ils ne vont pas s’empiler’. Je crois qu’on peut se mettre d’accord sur le fait qu’on n’a pas trouvé le bon équilibre », confie-t-il, assez réaliste.

Lindelof précise qu’il souhaitait répondre aux questions principales posées par la série à un rythme soutenu : « Qu’est-ce qu’il y a dans la trappe ? Qu’est-ce que c’est que ce monstre ? Qui est le Sawyer original ? Comment Locke s’est retrouvé en chaise roulante ? Quelle est la nature de l’île ? Pourquoi semble-t-elle se déplacer ? Qui sont les Autres ?’ On disait [à la chaîne] : ‘On veut que ceci trouve une réponse à la fin de la saison 1, ce truc à la fin de la saison 2 et puis la série se terminerait après environ trois ans’. C’était le pitch initial, et ils n’écoutaient même pas (…) Ils disaient : ‘Vous comprenez à quel point c’est difficile de faire une série que les gens ont envie de regarder ? Et que les gens aiment cette série ? Alors pourquoi vous voudriez qu’on l’arrête ? On n’arrête pas les séries que les gens regardent’ ».

On comprend que Lindelof et Carlton Cuse (« qui est arrivé au milieu de la saison 1 ») ont été pris au piège par le succès de Lost et l’entêtement de la chaîne. À la fin de la saison 2, ils ont de nouveau tenté de négocier leur sortie avec ABC, qui pensait qu’ils voulaient simplement plus d’argent. Un contrat d’un an de plus a été signé, avec potentiellement le départ de Lindelof et Cuse. D’autres scénaristes auraient alors repris la main. « On leur disait que ces flashbacks ne pouvaient pas durer éternellement (…) ‘Donc il va falloir qu’on change les choses - on peut introduire de nouveaux personnages avec de nouvelles backstories, mais les gens aiment les anciens personnages. On a une vision à huit coups d’avance, et on peut vous dire que tout ça ne va pas bien se terminer.’ Et ils n’étaient simplement pas d’accord avec nous. » Finalement la saison 3 de Lost a démarré avec une fournée de six épisodes, la saison étant coupée en deux. ABC a commencé à se rendre compte de l’étendue des dégâts (« Les flashbacks n’avaient plus rien de bon (…) Il devenait évident qu’on se battait pour garder les personnages sur l’île ») et a accepté de finir la série… en dix saisons. « On est à la moitié de la saison 3, comment pensez-vous qu’on va aller jusqu’à dix ? C’était exactement comme de dire qu’ils n’allaient pas nous laisser finir la série, parce que combien de drama vont jusqu’à dix saisons ? » Après une âpre négociation, tout le monde est tombé d’accord sur six saisons, mais la quatrième a été raccourcie par la grève des scénaristes. « À part ça, tout s’est à peu près passé comme on l’avait prévu. Je ne dis pas que tout marchait, mais on avait un plan et l’a mis à exécution ».

Pour rappel, l’intégrale de Lost est disponible sur Amazon Prime Vidéo. Et s’il serait fou de refuser de reconnaître que la série a parfois traîné en longueur, elle mérite bien qu’on aille refaire un tour sur l’île.