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Le "pays de Charlie", l’Australie, appartient désormais à l’homme blanc qui réglemente tout : la consommation d’alcool et de tabac, le port d’armes et le permis de conduire des Aborigènes. Ce constat sans appel, Rolf De Heer en a écrit le scénario avec son acteur fétiche alors que celui-ci purgeait une peine de prison. Il y a donc beaucoup de la réalité de David Gulpilil dans cette fiction aux allures de documentaire. Ni héros ni victime, Charlie est à la fois dépossédé de tout et responsable de ses actes, errant entre deux mondes, l’ancien et le moderne, épuisant le peu d’options qui lui restent. Gulpilil porte toute sa vie sur son visage magnifié par une barbe fournie et d’épais cheveux blancs, toute son énergie dans une silhouette élancée et noueuse. À lui seul, il est le film. De tous les plans (lumière et cadre sont superbes), de toute son âme, il fait de "Charlie’s Country" un poème, un manifeste et un étonnant objet de cinéma.
Toutes les critiques de Charlie's Country
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une fable morale (...) reposant sur le stupéfiant acteur aborigène David Gulpilil, vu et adoré chez Nicolas Roeg, Peter Weir, Wim Wenders.
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Le film acquiert une profondeur supplémentaire lorsque l’on sait que l’histoire de Charlie et celle de David sont intimement liées. L’acteur a lui aussi connu des problèmes d’alcool, la prison et l’éloignement des siens. Il ne joue pas son propre rôle mais presque, d’autant que Rolf de Heer lui a laissé la liberté d’improviser ses dialogues. Une liberté qu’on retrouve comme thème central de ce Charlie’s country touchant, sensible et profondément humain.
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De Heer filme la souffrance de Gulpilil sans verser dans le sentimentalisme, entre force tranquille et dignité poétique. Un cri du coeur.
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Espérons que ce film généreux aura remis ce formidable acteur sur le chemin des plateaux.
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Rolf de Heer signe un portrait puissant et attachant qui exprime les blessures, les amertumes et les nostalgies de la communauté aborigène.
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A la direction d’acteurs et à la technique cinématographique, exceptionnelles, s’ajoute la peinture remplie de vie d’une situation inextricable.
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Le film est magnifiquement mis en scène, sans pathos, sans démonstration idéologique avec en vedette le pays aborigène mais aussi l'acteur épatant David Gulpili.
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La lucidité de la mise en scène et de l’interprétation n’empêche pas l’optimisme et l’enthousiasme. Cette puissance vitale, qui est d’abord celle de l’acteur-scénariste, définit "Charlie’s Country", invitation irrésistible à s’imaginer d’autres manières de vivre sa vie d’humain que la nôtre.
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Le film d’abord comique prend alors un tour plus dramatique et poétique. Ses péripéties parachèvent un tableau sans concession de l’Australie actuelle, où les descendants aborigènes sont souvent acculés à dériver dans l’indifférence.
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Cela n’a rien d’inattendu, mais ce qui pourrait être un poussif parcours sur une piste de clichés se révèle singulièrement habité, crédible et surtout sincèrement chargé d’une émotion suscitée moins par la trajectoire que par ce qui se joue à chaque pas.
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Le Néerlandais Rolf De Heer filme longuement son acteur principal, David Gulpilil, le laisse improviser, s’enivrer et s’autodétruire à force d’alcool, avec une fascination quasi chrétienne pour ce martyr de cinéma.
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Rolf de Heer, cinéaste jadis bizarre et vaguement insolent s'est consacré à la cause aborigène. "Charlie's Country" en est l'exemple le plus convaincant.
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Un film estimable, au scénario bien construit. Le récit montre avec finesse les déboires d’une acculturation douloureuse et, au-delà d’un cas individuel, l’intégration difficile d’une communauté encore victime de la domination des Blancs.
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Ce film tout en sobriété, qui témoigne avec force, mais sans effets, de ce qu’endurent encore les peuples autochtones, se fait toujours plus poignant à mesure qu’il avance. Il laisse une trace profonde et silencieuse.
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CHARLIE’S COUNTRY, d’abord chronique d’un paria, bifurque vers le brûlot engagé qui dénonce sans ambages. Le regard plongé dans l’objectif de la caméra de Rolf De Heer, Charlie sera rasé (ses longs cheveux, sa barbe noble). Après, il se tiendra droit derrière des barreaux, les yeux rivés vers nous comme dans l’attente d’une réaction révoltée. Ce n’est pas bien subtil, mais c’est désespéré. Il n’y a de toute façon pas 36 manières de filmer la dépossession d’un peuple de toute sa culture.