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Seize ans après le beau Etre et avoir, De chaque instant, le nouveau documentaire de Nicolas Philibert parle une fois de plus de l’école, de la transmission et de la parole. Mais cette fois-ci, finie la classe unique de Mr Lopez. Il s’agit d’une école pour les grands : celle d’un Institut de Formation en Soins Infirmiers de Montreuil.
Le film s’ouvre sur les gestes de base, le B.A.BA de l’infirmier. Le lavage des mains, comme un rituel qui permet d’entrer en douceur, contrastant par son humour et sa légèreté avec la complexité des opérations qui seront demandées aux stagiaires.
Loin d’être une méthode sur « Comment devient-on infirmier ? » le film est plutôt un aperçu pointilliste des différents aspects du métier, de ses hauts comme de ses bas, oscillant entre scènes émouvantes et intermèdes plus comiques. Une stagiaire émeut en fondant en larmes au récit des mésaventures d’une patiente. Un autre arrache un éclat de rire quand on lui confie le rôle d’une femme en train d’accoucher (attirail compris).
A travers les cours théoriques, Philibert dessine une petite scène de théâtre (un thème qui irrigue toute sa filmo) où chaque élève joue un rôle de manière très impliquée. Une stagiaire joue la mère prise de contractions, un autre le mari paniqué ; on essaie aussi d’être un soignant face au vrai malade pendant le stage... Philibert montre finalement des étudiants jouer les infirmiers avant de le devenir réellement au cours du film. Le premier essayage de l’uniforme paraît pataud avant de devenir comme une seconde peau à la fin du film et de la formation.
C’est cela au fond, la magie des films de Philibert : pointilliste, tendre et pudique, sa caméra enregistre des moments de joie ou de doutes, ces petits riens qui, mis bout à bout, forment une chronique fragmentée d’un univers abordé avec respect, empathie et curiosité.