- Fluctuat
Film sympatique qui prend le temps de devenir attachant (1h54mn), on ira d'abord voir Ma mère, moi et ma mère pour l'agréable intimité qu'il nous offre de partager avec ses deux héroïnes. Du matin au soir et du soir au matin, on est avec Adèle (Susan Sarandon), Ann (Natalie Portman), ou bien les deux.
La caméra nous lie à elles comme le scénario les lie l'une à l'autre, car c'est ce lieu de la proximité, de la transmission entre les êtres qui fait la matière et le sujet du film.
Voilà donc qu'on apprécie, en plus de la performance d'une actrice, le grain de sa peau, le charme un peu kitch de son maquillage, de sa coiffure, ou le cheminement de la tendresse trouvant, derrière les yeux sombres, la bouche renforcée d'un visage adolescent, un passage pour laisser afleurer sa lumière.Signe du temps : il appartient à la mère de jouer les cartes de la fantaisie, de l'audace, de l'enthousiasme irresponsable. Le conflit de génération sera donc initié par l'enfant au nom de la rigueur et de la conformité auxquelles elle pense avoir droit.Autre signe du temps : dans la famille monoparentale l'apprentissage progressif, par l'enfant de son autonomie et de son pouvoir de décision se fait en droite ligne, comme en conséquence, de l'apprentissage par la mère de son autonomie dans le monde social et par rapport aux hommes.Loin de Sonate d'automne (Ingmar Bergman) et des ravages sur sa fille de l'absence d'une mère, c'est du bonheur (certes chaotique et conflictuel) de sa présence dont il est question. Encombrante, hystérique, légèrement timbrée, Adèle est là pour Ann, attentive à son devoir : élever l'enfant qu'elle a porté, subvenir à ses besoins jusqu'à ce qu'il soit autonome. Ainsi s'accomplit le travail fondamental de la génération, donnant aux différents revers de fortune des deux femmes un sol grâce auquel leur dimension restera anecdotique et légère quoi qu'il arrive, grâce auquel, donc, tout peut arriver.Ma mère, moi et ma mère
De Wayne Chang
Avec Susan Sarandon, Natalie Portman, Eileen Ryan
Etats Unis, 1999, 1h54.
Ma Mere, Moi Et Ma Mere