De nombreux films de l'actrice qui va y recevoir un Lion d'or d'honneur seront proposés sur MyCanal.
La 79e Mostra de Venise démarrera demain, le mercredi 31 août 2022, et se poursuivra jusqu'au samedi 10 septembre. Mais sur Canal +, partenaire de cet événement cinématographique à partir de cette année, la programmation spéciale débutera dès ce soir avec la premières diffusion à la télévision (en crypté) de L'Evénement, le film d'Audrey Diwan qui a reçu le Lion d'Or lors de la dernière édition. D'autres films phares du festival seront aussi programmés tout au long de la Mostra, sur les différentes chaînes du groupe : Nomadland, de Chloé Zhao, qui avait gagné en 2020, Madres Paralelas, de Pedro Almodovar, qui avait ouvert les festivités l'an dernier, Dune, le blockbuster de Denis Villeneuve qui avait fait sensation quelques jours plus tard... Rendez-vous notamment sur Canal + et sur Canal + Cinema.
Durant tout le festival, Antoine de Caunes animera une émission quotidienne de 15 minutes pour revenir sur les temps forts de cette 79e édition, et interviewer l'une des stars présentes sur le Lido. Rendez-vous à 20h50 pour cette case cinéma programmée spécialement dans le cadre de la Mostra de Venise, mais aussi le dimanche 11 septembre à 13h20 pour revenir plus longuement sur les meilleurs moments du festival. Les cérémonies d'ouverture et de clôture seront aussi diffusées sur la chaîne, en clair.
Le groupe Canal profite aussi de l'hommage qui sera rendu à Catherine Deneuve pour mettre à l'honneur l'actrice française. En plus de dévoiler De son vivant, le drame d'Emmanuelle Bercot sorti au cinéma l'année dernière (rendez-vous précisément le jeudi 1er septembre à 21h sur Canal + Cinéma), des dizaines d'oeuvres phares de la star seront disponibles sur MyCanal : Peau d'âne, Les Demoiselles de Rochefort, Belle de Jour, La Sirène du Mississipi, Le Dernier métro, Un Conte de Noël, La Tête haute... Une collection visible pour les abonnés à partir du 31 août.
Catherine Deneuve va recevoir un Lion d'Or d'honneur à Venise, et elle ne compte pas prendre sa retraite !Pour finir, revenons sur les deux films proposés dès ce soir sur Canal + : après L'Evénement, la chaîne proposera Nomadland, de Chloe Zhao. Deux oeuvres fortes, réalisées par des femmes et portées par des actrices talentueuses, qui ont été acclamées par la critique. Voici les nôtres, accompagnées des bandes-annonces et d'infos sur les films.
Notre critique de Nomadland, de Chloe Zhao :
Après Les Chansons que mes frères m’ont apprises et The Rider, Chloé Zhao poursuit son exploration des invisibilisés du pays de l’Oncle Sam avec un regard d'une humanité poignante. Grand vainqueur des Oscars 2021, Nomadland suit les traces de Fern, une sexagénaire qui, en l’espace de quelques mois, a tout perdu. Son mari Bo, victime d’un cancer et son boulot dans une usine d’une petite ville minière. Il ne lui reste plus en sa possession qu’un van, avec lequel elle va traverser les Etats- Unis, de parking en camping, au gré des petits boulots qu’elle arrivera à glaner ici et là mais aussi des rencontres qu’elle fera au fil des étapes avec ceux qui ont fait leur cette vie de nomade. A travers elle, à travers eux, Chloé Zhao plonge donc une nouvelle fois dans l’Amérique des laissés pour comptes. Comme toujours, elle évolue sur une ligne de crête extrêmement fine entre une naïveté assumée qui la pousse à préférer scruter la lumière au bout du tunnel plus que la noirceur violente du quotidien et cette part documentaire (en faisant notamment appel majoritairement à de vrais nomades pour camper ses personnages) qui inscrit son propos dans cette réalité rude. Depuis son premier film, Chloé Zhao revendique cette part de poésie que permet la fiction. Son cinéma ouvre grand les bras aux spectateurs, quitte à froisser les tenants d’une radicalité cinématographique. Et son actrice principale symbolise ce grand écart qu’elle exécute avec un naturel à chaque fois fascinant : Frances McDormand.
Notre critique de L'Evénement, d'Audrey Diwan :
A la sortie de L’événement, son roman autobiographique où Annie Ernaux racontait son parcours pour se faire avorter clandestinement dans la France des sixties, l’auteure expliquait avoir voulu résister « au lyrisme et à la colère. » En adaptant ladite prose, Audrey Diwan voyait donc devant elle, un chemin à priori balisé sur lequel ses pas devaient tant bien que mal respecter une cadence, une humeur. Au lyrisme, la réalisatrice répond donc par une image au (presque) carré qui emprisonne un être que la caméra suit de près. « Il fallait qu’il y ait contrainte pour qu’il y ait enjeu. », affirmait jadis Chabrol scrutant Huppert faiseuse d’anges, entre quatre murs très resserrés dans son Affaire de femmes, film contretype de celui-ci. Chez Audrey Diwan, le hors champ tient lieu de menace, le cadre devenant un sanctuaire où l’héroïne – jugée impure par une époque – se protège, se bat et se tient prête. Droite surtout. Le hors champ invisible par nature, empêche l’exhibition d’une époque reconstituée et ajoute par soustraction un surcroît d’intemporalité (le combat continue). Quant à la « colère », le seul fait de voir Anne (Anamaria Vartolomei, un événement à elle-seule !) aller au bout de son combat avec les appréhensions d’une reine et un calme tout aussi souverain, il est l’expression d’une rage souterraine dont les vibrations fracturent le monde. Trois ans après Mais vous êtes fous, où là encore la menace venait de l’intérieur même d’un corps, Audrey Diwan signe un survival tendu où l’enjeu ne repose pas seulement les faits relatés mais sur l’élan qui rend une résistance à l’ordre établi possible.
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