Pourquoi Terminator est toujours un chef-d'oeuvre, 30 ans après
Pourquoi Terminator est toujours un chef-d'oeuvre, 30 ans après
Terminator a 30 ans
Terminator est sorti aux USA le 26 octobre 1984, il y a trente ans jour pour jour. Alors que bien des films de SF sont tombés dans l'oubli le plus profond, le film de <strong>James Cameron</strong> avec <strong>Arnold Schwarzenegger</strong> reste un classique, sorti au cours d'une année charnière pour la génération 80's (Indiana Jones et le Temple maudit, Gremlins, Karaté Kid, S.O.S. Fantômes, Le Flic de Beverly Hills, <em>L'Aube rouge</em> et L'Histoire sans fin datent tous de 1984). Mais pourquoi se rappelle-t-on de <em>Terminator</em> et beaucoup moins de Starfighter sorti la même année ? Parce que <em>"I'll be back"</em>, d'accord, mais pas seulement.<strong>Sylvestre Picard (@sylvestrepicard)</strong>
Parce que Sarah Connor
Evidemment Terminator c?est Schwarzie, les répliques <em>"I?ll be back"</em> et<em> "Sarah Connor ?"</em>. Mais le film est aussi la course contre la mort désespérée de Kyle et Sarah, le ronin du futur paumé dans le passé et la serveuse banale devenue chargée de sauver l?humanité. Et le film devient en creux le récit de la transformation d?une femme ordinaire en guerrière badass -elle fait relever Reese en lui donnant des ordres comme à un soldat, et sa dernière réplique en broyant le cyborg :<em> "You?re terminated, fucker"</em>. Ainsi Sarah Connor devenait le prototype de l?héroïne cameronienne, ouvrant la voie à Ripley dans Aliens - Le Retour, à Ellen dans True Lies, à Rose dans Titanic, et bien sûr à elle-même dans Terminator 2 : Le Jugement dernier. Au-delà de John Connor, Sarah engendrait ainsi toute la filmo future de Cameron.
Parce que Schwarzie
L?anecdote est connue : à l?origine Cameron voulait que le Terminator soit joué par <strong>Lance Henriksen</strong>. Un type ordinaire, capable de se fondre dans la foule pour atteindre sa proie. <strong>O.J. Simpson</strong> fut également envisagé, tandis qu?Arnold Schwarzenegger devait jouer Kyle Reese. Après un déjeuner au cours duquel Schwarzie explique à Cameron comment le Terminator devait recharger son arme, le réalisateur est convaincu. Arnold doit jouer le robot. L?acteur refuse, de peur qu?on le prenne vraiment pour un attardé -à cause du faible nombre de ses répliques comme dans Conan le Barbare- et qu?il ne passe le restant de sa carrière à jouer des bad guys. Il finit par céder, et le film transforme définitivement Arnold en légende. Comme <strong>John Milius</strong> l?a fait avec <em>Conan</em>, Cameron crée un nouveau corps de cinéma avec l?ex-Monsieur Univers. Schwarzie est effectivement d'une froideur de machine, d'une présence physique terrifiante et titanesque. L?osmose avec le personnage est totale, et la mythologie pop a un nouveau antihéros.
Parce que son scénario est imparable
Après une guerre atomique, deux guerriers du futur remontent le temps pour tenter de changer le cours de l?histoire. Héritier nihiliste de la parano Guerre froide, du péril atomique, de La Quatrième dimension, de <strong>John Carpenter</strong>, de <strong>Harlan Ellison</strong> (qui accusa le film de plagiat de son épisode <em>Demon with a Glass Hand</em> écrit pour Au-delà du réel), le script de Terminator est d?une efficacité imparable. A tel point qu?il a été pillé jusqu?à plus soif (le film va avoir une postérité inouïe, de Matrix à Looper en passant par des copies bien moins glorieuses). Au-delà, <strong>James Cameron</strong>, avec son premier vrai film (on peut considérer Piranha 2 : les Tueurs volants comme un exercice), découvre ici les règles de sa propre dramaturgie. Il y a par exemple ce moment qui deviendra typique du cinéaste où lorsqu?on pense le film terminé (quand Sarah et Kyle s?étreignent devant le camion en flammes et que le méchant ressuscite) et, finalement, tout recommence pour un dernier acte brutal où on n?hésite pas à tuer le héros masculin.
Pour son ambiance
La boîte de nuit où le Terminator, Kyle Reese et Sarah Connor se rencontrent pour la première fois s?appelle le Technoir. En un mot, tout un programme : Terminator va vivisectionner le film noir et la technologie dans ce que l?on appelle pas encore le cyberpunk. Cameron filme Los Angeles by night, comme New York, dans des rues noires, humides, hantées de punks et de SDF. Le film sort en 1984 ((le roman <em>Neuromancien</em> de William Gibson sort aussi cette année-là) et la coïncidence orwellienne est là. Exception au sein d?un cinéma 80?s mainstream qui va exalter les muscles reaganiens, Terminator est crade, sombre et violent, et ne propose dans son épilogue magnifique que l?holocauste nucléaire (provoqué par la propre surenchère technologique US) comme seul avenir.
Parce que sa réalisation est dingue
Un robot tueur se dressant dans des flammes : c?est l?image cauchemardesque et séminale qui a donné à <strong>James Cameron</strong> l'ambition de Terminator. Déjà grand technicien, Cameron shoote son film avec précision. Les nombreux plans à la steadycam, les transitions soignées (le flash-back provoqué par les lumières d?un engin de chantier), scènes d?action surpuissances (la fusillade au commissariat prophétise le FPS), les ralentis lors des scènes d?exécution, les scènes inouïes dans le futur? Sans oublier évidemment les SFX animatroniques de <strong>Stan Winston</strong> du Terminator, qui ont vieilli à quelques moments (il faudra attendre Terminator 2 : Le Jugement dernier pour atteindre la perfection en la matière) mais inscrivent le cyborg dans la lignée des movie monsters légendaires.
Terminator est sorti aux USA le 26 octobre 1984, il y a trente ans jour pour jour. Alors que bien des films de SF sont tombés dans l'oubli le plus profond, le film de James Cameron avec Arnold Schwarzenegger reste un classique, sorti au cours d'une année charnière pour la génération 80's (Indiana Jones et le Temple maudit, Gremlins, Karaté Kid, S.O.S. Fantômes, Le Flic de Beverly Hills, L'Aube rouge et L'Histoire sans fin datent tous de 1984). Mais pourquoi se rappelle-t-on de Terminator et beaucoup moins de Starfighter sorti la même année ? Parce que "I'll be back", d'accord, mais pas seulement.Sylvestre Picard (@sylvestrepicard)
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