Dépassée par son esthétique vintage démente, la série peine à développer un récit à la hauteur, aussi virevoltant que le Los Angeles de l'époque.
Ce n'est pas tout à fait la série ultime sur le basket qu'on espérait. Winning Time avait pourtant un cinq de départ idéal : Adam McKay (Succession, Déni Cosmique...) en chef d'orchestre, Jerry Buss en capitaine, Pat Riley en lieutenant, et Magic Johnson et Kareem Abdul-Jabbar pour assurer le show. De quoi faire saliver n'importe quel sériephile amoureux de la balle orange... même un fan des Celtics !
L'histoire nous ramène en 1979, à une époque où la NBA se meurt, incapable de remplir les salles. Dominée par Boston, la ligue cherche un second souffle que Jerry Buss compte bien lui apporter, en créant une nouvelle dynastie de winners à Los Angeles. Pour épauler la star vieillissante Kareem Abdul-Jabbar, le nouveau propriétaire de la franchise jette son dévolu sur le très prometteur Magic Johnson, immense meneur au talent rare, venu du Michigan. Fils d'une famille nombreuse, sans argent et très croyante, le gamin s'apprête à faire le grand saut dans la vie glamour de l'équipe californienne...
Pour nous ramener dans le temps, Winning Time s'appuie sur une esthétique vintage absolument somptueuse. Du grain de l'image aux couleurs pâlies, on a l'impression de regarder une vieille VHS. Evidemment, c'est fait exprès et ça permet à la série d'afficher d'emblée un ton fun rétro très assumé, comme une drôle de nostalgie désuète mais délicieusement enveloppante.
Seul hic, le scénariste Max Borenstein (à qui l'on doit les derniers films Godzilla et Kong) est visiblement un peu dépassé par cette forme hyper flashy, qui prend le pas sur le fond. Totalement captivée par son propre style, la série semble ne plus vraiment savoir ce qui rend son sujet si passionnant. Elle s'obstine au moindre détail. Patine à créer un récit véritablement historique (ou au moins épique). Et de petit twist en retournement mineur, ces Lakers là ont un mal fou à saisir la balle au bond.
Bien sûr, c'est cool. N'importe quel fan de basket trouvera excitant de voir Magic Johnson croiser le grand Kareem. De voir Jerry West péter un câble. De comprendre d'où vient Pat Riley. D'entendre Red Auerbach, le mythique patron des Celtics, se moquer de ses rivaux losers de la côte ouest. Mais la forme super-clinquante de Winning Time, cul, cru et et étonnamment outrancière, finit par laisser perplexe.
D'ailleurs, elle s'effondrerait certainement sur elle-même sans le charisme de John C. Reilly, phénoménal Jerry Buss, qui, au fil de petits apartés avec le public, face caméra, permet à la série de retrouver de vrais enjeux. Pour expliquer au public à quel point cette époque-là est importante à raconter, parce qu'elle a marqué un tournant dans l'histoire du jeu. Que cette dynastie des Lakers a eu un impact socio-économique sous-estimé sur les années qui suivront. Reste à savoir si cela intéressera vraiment ceux qui ne savent pas que la petite Jeanie Buss est aujourd'hui la patronne de la franchise...
Winning Time est à voir en France sur OCS à partir du lundi 7 mars.
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