-
Un top model madrilène revient chez elle pour s’occuper de sa grand-mère malade, et… C’est à peu près tout. Bon, il y a un petit twist fantastique, mais rien de réellement méchant ni bouleversant. En fait, ce n’est pas l’enjeu d’Abuela, qui évacue vite quelques thématiques contemporaines qui auraient pu être un peu reloues (l’héroïne superficielle qui sniffe de la coke dans des fêtes interlopes parisiennes, ce genre de trucs). Il suffit juste au film de mettre en scène une jeune femme et une vieille pour créer un effet de terreur absolument fascinant : celui provoqué par la perspective de devoir s’occuper de nos ancêtres en fin de vie. Non seulement cela nous renvoie au pourrissement et à la fin de nos corps, mais cela réactive les cauchemars d’enfance, dévoile les mensonges de jeunesse et les secrets de famille. Ayant définitivement tourné le dos à la saga de zombies REC (tant mieux, les deux derniers étaient d’une nullité abyssale), Paco Plaza vit en réalisateur solo sa meilleure vie : Verónica (sorti en 2017) était déjà un épatant petit film de possession 80’s dans un appart, imperméable aux modes malgré son cadre rétro. Abuela creuse le même sillon, en convoquant les grandes figures du ciné d’exploitation (Jess Franco, Jean Rollin) sans jamais s’y soumettre. Filmer deux élégantes jeunes femmes nues dans un appartement sans tomber dans les travers les plus racoleurs du male gaze est un des exploits qu’Abuela accomplit haut la main.