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Indissociable de certains chefs-d’œuvre (2001, L’Arbre aux sabots, tout Tarkovski post-Andrei Roublev, le récent Il était une fois en Anatolie), la notion d’« ennui » chez les grands auteurs vire à une forme d’hypnose où l’écoulement du temps se voit aboli. Ce n’est pas vraiment le cas du nouveau Cristi Puiu, dont La Mort de Dante Lazarescu nous avait pas mal secoués en 2006. Déambulation d’un homme dans les rues de Bucarest, crucifiante de lenteur, Aurora ne doit qu’à un foudroyant épilogue l’impact rétrospectif de ses trois heures, dont chaque minute résonne comme un défi à la patience.
Toutes les critiques de Aurora
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Oppressante mais magistrale, cette radioscopie d’un criminel confirme le talent de l’auteur de La mort de Dante Lazarescu.
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Si le film souffre de sa longueur excessive (notamment dans sa première heure), il prouve une fois encore que la cinématographie roumaine a atteint une belle maturité.
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par Thomas Baurez
Découvert à Cannes en 2010 nous ne pensions pas voir réapparaître ce long film peu tranquille tant sa durée (3h) semblaient rédhibitoire. (...) Réalisé par l'auteur du déjà éprouvant mais jubilatoire La Mort de Dante Lazarescu, le roumain Cristi Puiu joue avec l'espace et le temps à la façon d'un Melville. Où l'on suite un homme méticuleux et très patient qui attend le bon moment pour frapper. Cette incursion violente dans un quotidien à priori banal donne à ce faux thriller des allures de cauchemar éveiller.
Un objet filmique radicalement singulier qui tranche dans le cinématographiquement routinier, qu'il soit hollywoodien ou français, et nous laisse avec un rire jaunâtre au coin des lèvres.
"Aurora" est d'abord déstabilisant, mais on est très vite saisi par l'intensité d'une mise en scène qui entretient sans cesse curiosité et acuité.
On émerge donc de ce thriller paranoïaque comme après un long périple en terre inconnue : groggy et fasciné.
Itinéraire d'une haine ordinaire, filmé avec un talent minutieusement descriptif. Mais c'est long!
On reste troublé par le choix de Puiu d'incarner lui-même le protagoniste de ce film ample et saisissant - sans que l'on y retrouve tout à fait la densité et l'ironie glaciaire qui avait érigé Dante Lazarescu en plus brillant représentant du renouveau du cinéma roumain.
En trois heures, Cristi Puiu tente avec un succès certain de démontrer que les tueurs en série sont aussi ennuyeux que le reste de l'humanité.
Une oeuvre ton sur ton, assez ingrate visuellement, plaquant la grisaille sur la misanthropie, et ne faisant que trop peu appel à une salvatrice ironie .
(...) le film finit par donner une vision du monde aussi palpitante qu'une main courante au commissariat du coin.