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On s'attendait à une comédie premier degré, genre Mon copain le zombie. On avait oublié que le film était canadien et non américain. En fait de grosse farce, on a la très agréable surprise de se retrouver devant une satire politique virulente sur l'explication des minorités et la peur comme arme de destruction massive, doublée d'une fable philosophique: mieux vaut un mort vivant qu'un vivant mort.
Toutes les critiques de Fido
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Alain Spira
Hautement corrosive, cette comédie fantastique subversive canadienne brille par une reconstitution des années 50 digne d'une comédie musicale. A ce titre, ce film d'horreur soft est à mettre sur le même plan que Reefer Madness d'Andy Fickman. Drôle, amoral, il s'attaque, mine de rien, à tous les types de ségrégation ou d'exclusion. Dommage que le rythme se relâche et devienne un peu mou de genou.
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
Andrew Curtis signe une satire amusante qui condamne toute forme d'esclavage et les gouvernements installés sur la peur. Si on a le sentiment qu'il aurait pu aller plus loin dans son réquisitoire, le cinéaste canadien lance, à travers cette fable, un appel à la tolérance en dépeignant un univers régi par la xénophobie et la propagande, qui aspire à la perfection.
- Fluctuat
Après Shaun of the Dead, voici une nouvelle série B de zombies, plus amusante qu'effrayante, où les vivants, repliés sur leurs peurs, mettent l'humanité en danger. Dommage qu'un rythme lénifiant plombe lourdement la première heure car sa lecture satirique de l'American Way of life, qu'il n'est pas inutile de comparer au modèle français, est souvent savoureuse.
- Exprimez-vous sur le forum FidoUn nuage radioactif transforme les morts en zombies assoiffés de sang. Heureusement, la compagnie Zomcon créé un collier domestiquant les affreux jojos qui deviennent alors doux comme des agneaux et serviles comme des pakistanais sans-papiers. Hommes à tout faire, ils sont, à l'instar de n'importe quel bien de consommation, l'indicateur d'un niveau social. Dans ces foyers aseptisés, victimes consentantes d'une société de consommation qui s'éveille, ne pas posséder son zombie fait tâche. Alors, malgré l'inquiétude du mari, traumatisé d'avoir abattu son père qui menaçait de manger toute la famille, les Robinson franchissent le pas en achetant Fido. Bienvenue dans le monde de la société de consommation et... de la peur !Baigné des tons technicolor des années 50, englué dans des conservatismes stupides et dominé par le paraître, ce monde faussement idyllique repose sur l'entreprise de décervelage des médias. Répétant en boucle les mêmes mots d'ordre qui font autant échos à la campagne irakienne qu'au Maccarthysme des années 50, ils assurent la pérennité de ce "meilleur des Mondes". Si l'on veut bien croire, comme l'indique le générique, qu'aucun zombie n'a été maltraité durant le tournage, toute ressemblance avec certains événements n'est évidemment pas fortuite. Ainsi, les zombies, maintenus dans des zones de non-droit quand ils ne sont pas asservis, y sont l'équivalent de nos sans-papiers : des sous-hommes dont on préfère nier l'humanité.
Au-delà de la critique jubilatoire de la société de consommation, on retient donc surtout celle de la culture de la peur. Déjà dénoncée sous une autre forme par Bowling for Columbine de Michael Moore, elle est ici habilement stigmatisée, avec, par exemple, le concours de "la rue la plus sûre", organisée par la banlieue proprette de Willard.Avec un budget modeste qui l'oblige aux effets les plus simples, Fido, s'avère hélas plus riche en idées politiques que cinématographiques. Quelques pépites hilarantes jaillissent pourtant : ainsi, Madame Robinson, véritable Desperate housewive délaissée par son mari, s'offusque t'elle que Fido, son zombie préféré, ne lui saute pas dessus quand son collier se désactive. Pourtant, si le scénario, pas idiot, fait la part belle aux trouvailles symboliques à même de susciter un rire réfléchi, au second degré, le tout peine franchement à décoller. La faute a une réalisation bien plate et un manque de rythme rédhibitoire qui pendant une heure fait avancer le film à l'allure... d'un zombie, avant un final plus emballant.
Le défaut est gênant, mais il n'entame pas vraiment le plaisir d'apprécier une fort ingénieuse satire d'un monde où les valeurs dominantes (le repli identitaire, la peur de l'Autre, la recherche du bouc-émissaire...) ne sont après tout que le reflet de celles sur lesquelles se sont jouée nos dernières élections. Pris en sandwich entre la lâcheté des médias et la démagogie des politiques, on déguste avec plaisir cette petite tranche de rigolade. Sans prétention, elle met le doigt sur des conformismes ancestraux qui perdureront encore longtemps et a le mérite de rappeler qu'un modèle qui cultive la peur n'offre guère d'espoir d'épanouissement. Fido
Un film d'Andrew Currie
Avec Carrie-Anne Moss, Billy Connolly et Dylan Baker
Sortie en salles le 1er août 2007[Illustrations : © Metropolitan FilmExport]