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Alors que Jason Dorkel, 18 ans, est sur le point de se faire baptiser, Fred, son demi-frère, est libéré de prison. Ensemble, ils décident de partir en virée avec Mikaël, leur cadet. Mais Fred a une idée en tête : il veut voler un camion rempli de cuivre. Depuis une dizaine d’années, Jean-Charles Hue suit les Dorkel, une famille de Gitans qui lui a précédemment inspiré un semi-documentaire (La BM du Seigneur). Avec "Mange tes morts...", il accentue la part de fiction tout en maintenant ses interprètes dans un univers proche de leur quotidien. Les premières images du film, qui montrent deux personnages chevauchant une moto, l’un tenant une carabine, évoquent un western, ce qui n’est pas un hasard. Hue étant un grand cinéphile, il a injecté ici des éléments issus de différents genres, y compris le fantastique, pour alimenter une intrigue qui tend majoritairement vers le polar noir. Son long métrage tire profit de la puissance des ressorts dramatiques, tandis que la connaissance intime des interprètes et de leur mode de vie souligne avec conviction les motivations des personnages, tiraillés entre tradition hors la loi et attirance pour la rédemption. C’est fort, inédit et attachant.
Toutes les critiques de Mange tes morts
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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A la croisée des genres filmiques, "Mange tes morts" s’impose comme une oeuvre crépusculaire, poétique et audacieuse. (...) Empruntant à la fois au western, au film de gangsters et au road-movie, "Mange tes morts" est porté par cette espèce d’audace qui caractérise le cinéma américain des années 70. Il dynamise de ce fait une cinématographie d’auteur trop souvent vouée à la « chronique sociale », avec ce que celle-ci peut comporter d’ennuyeux et d’attendu. Il s’offrira aussi comme une méditation poignante, crépusculaire et sauvage, sur l’irréductible besoin d’échapper aux images conventionnelles et aux discours normés. Assurément, une révélation.
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Aux confins du thriller noir et de la plongée poético-ethnographique, le film soulève un tas de questions sur l'époque et sur notre liberté d'y habiter quand le nomadisme n'est plus possible.
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Choc culturel de taille hier, en découvrant ce thriller moderne tourné avec des acteurs, issus de la communauté du voyage. Mémorts-ables!
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Accrochez vos ceintures, ça va secouer ! L'équipée des quatre gitans fantastiques part à fond la caisse en dérapages incontrôlés qui virent à la castagne. (...) "Mange tes morts", un film brut de décoffrage ? C'est peu de le dire.
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Réalisé par Jean-Charles Hue, le film, qui sort aujourd'hui en salles, est une fiction plus vraie que nature, virée à tombeau ouvert en compagnie du clan Dorkel, Joseph et les siens, des gens du voyage de la communauté yéniche, Gitans à la scène comme à la ville.
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Splendide photo crépusculaire, gros plans quasi abstraits, acteurs en transe qui débitent un sabir gitan-ch'ti... On partage le voyage entre enfer et promesse de paradis, entre crime et rédemption. Avec une incertitude : de quel côté se situe l'homme le plus libre ?
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Dans le nord de la France, les pérégrinations d'un gang de semi-nomades yéniches. Un portrait saisissant, au ras du bitume, par l'auteur de "La BM du seigneur". (...) "Mange tes morts" est peut-être un western, un film d’action, de gangsters, mais pour cow-boys pas solitaires, hommes de doute, crime désorganisé.
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Une histoire d'hommes et d'accomplissement, de défi et de courage, de fureur et de stupidité. Une histoire, aussi bien, de fidélité à ce que l'on est, à une vie de risque et de mouvement, quoi qu'il en coûte, quoi qu'on en pense. C'est toute la beauté du film : montrer le prix de la liberté.
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La traversée d’une nuit charpentée de reliques de film noir et de western, qui a valeur, tant pour le cinéaste que ses figurines amies, tout à la fois de reconquête, d’initiation, et de quête cascadeuse de la grâce. Une furieuse embardée aux éclats embrassés dans les auras filantes des lampadaires et des gyrophares, comme autant de fragiles et éblouissants reflets dans un œil d’or éclairé au néon.
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Jouée par des Yéniches, acteurs non professionnels, cette chronique brûlante en forme de docu-fiction trouve sa force dans le dégoupillage constant des conventions d'un cinéma classique. Ça rafraîchit l'oeil. Mais ça ne suffit pas forcément. La nouveauté de la chose, qui a émoustillé la Croisette lors de la présentation du film à la Quinzaine des réalisateurs, prend trop le pas sur un scénario mince comme un auvent de caravane et une mise en scène qui se dérègle parfois. Du coup, l'intérêt du sujet faiblit au fur et à mesure que les images avancent.
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Déroutant pour le spectateur, l’immersion en terre inconnue n’est pas complétement maîtrisée et peut facilement laisser le spectateur sur le côté de la route.
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Malgré sa nature de thriller manouche ô combien séduisante, le film a tendance à se cannibaliser, comme engorgé par sa fougue et ses effets de signature -le jargon dont abusent les acteurs amateurs, en roue libre-, laisse une impression de trop-plein où l'ultraréalisme bascule trop souvent dans le pittoresque saturé.