Primé à Angoulême et à Deauville, Slalom, récit remarquable de l’emprise d’un entraîneur sur une jeune skieuse, révèle une réalisatrice de premier plan.
Sélectionné à Cannes l’an dernier, repoussé en raison de la crise sanitaire, Slalom de Charlène Favier, avec Noée Anita et Jeremy Renier, va enfin sortir en salle, ce mercredi 19 mai. Nous avions consacrée une page révélation à la cinéaste, dans le numéro 512 de Première.
Slalom: un premier film passionnant d'ambiguïté sur l'emprise masculine [critique]"Je suis une autodidacte." Chez Charlène Favier, l’envie de cinéma est venue sur le tas. "Après mon bac, j’ai intégré l’école internationale de théâtre Jacques Lecoq, puis je suis partie faire le tour du monde." Elle se retrouve en Australie dans une communauté hippie qu’elle décide de filmer pour son premier docu autoproduit, Is everything possible, darling ? "Là, j’ai compris que j’avais trouvé ma place. Je suis rentrée à Paris monter ma société de production. Avant de revenir à mon envie essentielle : réaliser." Elle décroche alors le concours d’atelier scénario de la Fémis, où elle commence à développer Slalom.
"J’ai ce film en moi depuis longtemps." Slalom raconte l’emprise d’un entraîneur de ski sur l’une de ses jeunes élèves, très douée. "Ce film traite de choses personnelles : j’ai grandi à la montagne, pratiqué du sport à haut niveau et vécu des situations de non-consentement, une zone grise qu’il me tenait à cœur d’explorer." Le résultat est passionnant car jamais manichéen. "Je ne voulais pas raconter l’histoire d’un serial-abuseur face à une oie blanche. Je suis moi-même ambivalente et contradictoire donc mon film, logiquement, l’est aussi." Tout en se confrontant à la violence des faits.
"J’ai besoin d’un sas de décompression." Développé avant l’exposition au grand jour des récits de harcèlement dans le monde du sport, Slalom a été complexe à financer. "L’épopée fut telle que je ne me sens pas d’enchaîner tout de suite." Mais le label Cannes 2020 décroché par ce film devrait rendre la production de son deuxième long métrage moins chaotique.
Propos recueillis par Thierry Chèze
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