Barb Wire (1996)
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L’ex-secouriste d’Alerte à Malibu tournait en 1996 une sympathique série B qui sera étouffée par le scandale de la sex tape.

Il était une fois à Hollywood, nouvelle histoire à raconter avant de se coucher : celle de Barb Wire, le film qui a mis fin à la carrière d’actrice de Pamela Anderson. Pas forcément une histoire géniale à raconter, mais un souvenir sympathique des années 90 alors que la comédienne est de retour au cinéma cette année avec un film à la The Wrestler, un drame qui sonne à la fois comme un épilogue et une renaissance, The Last Showgirl. Un an avant les trente ans de la sortie cinéma de Barb Wire, et de son gros flop en salles : moins de 4 millions de dollars de recettes pour 9 millions de budget.

Barb Wire, c’est quoi ? Il s’agit de l’adaptation d’un comics Dark Horse (l’éditeur de Hellboy ou Sin City), qui a compté neuf numéros seulement de 1993 à 1994. Les (brèves) aventures d’une enquêtrice badass et bien gaulée dans l’Amérique du futur, qui proclamait fièrement sur la couverture du premier numéro : "Don’t Call Me Babe !" Une accroche que le film reproduira en gros sur un billboard pour faire la promo du film, et un slogan tout trouvé pour affirmer que Pamela Anderson n’est pas uniquement bonne à courir au ralenti sur la plage d’Alerte à Malibu (la série avait été lancée en 1992).

Mais au moment de la sortie du film, Pamela Anderson s’appelle encore Pamela Anderson Lee, comme l’indique le générique, en tant qu’épouse du batteur de Mötley Crüe Tommy Lee. Leur couple est au coeur d’une tempête médiatique, à cause de la fameuse affaire de leur sex tape volée - qui sera mise en ligne sur Internet en 1997. Le scandale aurait paraît-il empêché Anderson de jouer la call girl de luxe Lynn Bracken dans L.A. Confidential (il était une fois à Hollywood, effectivement), rôle qui valut l’Oscar à Kim Basinger.

Barb Wire (1996)
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Et donc, Barb Wire, c’est bien ? On ne va pas se mentir, ce n’est pas terrible : c’est une série B, très B. Mais ce n’est pas non plus un nanar honteux. Ça se passe en 2017, après "la deuxième guerre de sécession" qui a vu la victoire d’une bande de nazillons qui en a profité pour raser la Maison Blanche et porter des uniformes pseudo-SS avec fierté. Dans la dernière enclave libre des USA, nommée Steel Harbor, Barb Wire est une ancienne résistante devenue détective privée en cuir moulant, chaussée de talons aiguilles et armée d’un gros Desert Eagle.

Le scénario est plutôt simpliste : après une intro où elle danse lascivement sous des trombes d’eau dans un bar à strip-tease (mais c’était une mission d’infiltration), elle doit aider la femme de son ex (elle porte en elle le remède pour guérir un super-SIDA) à rejoindre le pays libre du Canada.

C’est même shooté avec un savoir-faire très honnête par le réalisateur David Hogan qui dirigeait la deuxième équipe de Batman Forever ou Alien 3, mais avait surtout une grosse expérience dans le clip musical (All I Wanna Do de Sheryl Crow en 1994, c’est lui).

Barb Wire (1996)
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Comme les comic book movies de la fin des années 80 et du début des années 90, l’influence du film noir (et des frères Ridley et Tony Scott bien sûr) est très présente, avec des reflets de néon sur des flaques d’eau et des intérieurs jouant sur des contrastes forts entre ombres et lumières. Barb Wire n’a pas trop mal vieilli grâce, paradoxalement, à son petit budget : c’est de la SF mais très low tech, on voit un scanner rétinien et une technologie capable de lire le cerveau pour extraire des souvenirs mais c’est bien tout.

Bien sûr, il faut un certain amour - et un peu de nostalgie - pour ce genre de plaisir SF 90s qui se range entre Judge Dredd avec Stallone et Planète hurlante de Christian Duguay. Le plaisir tient avant tout de voir Pamela Anderson faire tout son possible pour botter des culs et balancer des répliques vénères au milieu d’hommes objectivement très laids (sauf Tumuera Morrison avec des cheveux et Udo Kier en butler chauve) : la palme revient à Steve Railsback, colonel américano-nazi dont le titre de gloire est d’avoir incarné Charles Manson dans le fameux téléfilm Helter Skelter en 1979. Il était une fois à Hollywood, on vous dit.

Barb Wire (1996)
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Mais en fait, la star cachée du film, c’est sa scénariste, Ilene Chaiken : alors scribouillarde chez le roi du soap des 90s Aaron Spelling après un passage dans l’équipe du Prince de Bel-Air, elle n’est pas encore la future créatrice de la série The L World (2004) ni la productrice de The Handmaid’s Tale. On y pense devant les scènes du Hammerhead, le bar/boîte de nuit détenu par Barb Wire, le Rick’s Café local où dansent notamment des femmes avec d’autres femmes.

Anderson, elle, ne reviendra au cinéma qu’en 2002, jouant son propre rôle dans la version live action de Scooby-Doo (écrite par James Gunn, et oui). On lance ça comme ça : quelqu’un se porte volontaire pour tourner façon Rocky Balboa ou John Rambo un Barbara Kopetski - le vrai nom de Barb Wire - avec la Pamela Anderson d’aujourd’hui ? Ce sera pour un Il était une fois à Hollywood imaginaire - si tant est qu’il en existe un réel.

Barb Wire est disponible à la location sur Apple TV, Filmo TV, Amazon et Microsoft Store. Après un passage en DVD en 2005, le film a été édité en Blu-ray en 2011 et se trouve toujours dans le commerce.