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Peintre de la difformité, du réalisme transcendantal et du regard sublimé, Diego Velazquez (1599 – 1660), comme tous les grands maîtres, échappe à toute définition. C’est ce mystère qui guide ce film de Stéphane Sorlat et en dessine les contours quitte à nous laisser exsangue devant l’immensité du tableau. La voix profonde de Vincent Lindon s’insinue dans les entrailles d’une étude comme un rappel à l’ordre : « La vérité, la personnalité…, c’est là tout le dogme de l’art moderne dont l’origine est Velasquez. » La caméra caresse les toiles, isole des détails, des experts exultent leur amour. Velazquez, lui, reste cette insondable présence au cœur de ses Ménines dont le regard au-delà de la toile est autant une invite à s’engouffrer dans les méandres de l’univers représenté qu’une façon de garder son secret. Parce que l’énigme reste pleine et entière, qu’aucun discours sentencieux ne vient la salir, le présent documentaire restitue paradoxalement toute la portée du génie.