Exposition Wes Anderson
La Cinémathèque française

Du 19 mars au 27 juillet 2025, place à la première exposition consacrée au réalisateur de The Grand Budapest Hotel.

Dans une expérience sensorielle unique, l’exposition de la Cinémathèque française nous ouvre les portes d’un voyage andersonien. Entre costumes, photos de tournage et accessoires, le public est invité au cœur du processus créatif de Wes Anderson. Avec des nuances de couleurs pastel et des extraits soigneusement choisis, c'est une expérience immersive inédite. Le cinéaste américain y dévoile tous ses secrets, cachés dans ses carnets de notes et ses décors. Pensée de façon chronologique, l’exposition de la Cinémathèque nous amène à explorer toutes les influences qui ont participé à la création de ce monde imaginaire.

Entouré de murs rouge vif qui foncent au fil de la visite, le spectateur redécouvre les histoires de Wes Anderson. A travers des thèmes qui rassemblent plusieurs œuvres dont on explore les coulisses, les multitudes d’objets emblématiques dans ses films sont à la disposition du public. L’exposition s’ouvre sur son premier long Bottle Rocket (un court métrage à l’origine) qui avait séduit le réalisateur des Affranchis, Martin Scorsese.

Exposition Wes Anderson
Photographie Stéphane Dabrowski - La Cinémathèque française

Des personnages burlesques aux histoires touchantes 

Le cinéma andersonien se caractérise par des personnages plutôt extravagants. La Cinémathèque célèbre cette excentricité à travers les costumes exposés. Du célèbre manteau en fourrure de Margot Tenenbaum (Gwyneth Paltrow) au survêtement rouge adidas de Chas (Ben Stiller) en passant par le fameux chapeau raton laveur de Sam (Jared Gilman), les personnages du cinéaste sont hauts en couleur et c’est ce qui les rend attachants.

Dans un genre de teen movie, ses premiers films explorent les questions de l’adolescence, de la rébellion et du passage à l’âge adulte. Dans Rushmore, La Famille Tenenbaum ou même Moonrise Kingdom, le cinéaste américain s’intéresse à l’entité familiale à travers les disputes, la place de chacun et la nostalgie. Les premiers pas de l’exposition nous font découvrir les dessins qui ont inspiré ses premiers personnages et ses premières histoires. Un extrait de Rushmore et de La famille Tenenbaum anime le fond de la pièce créant une expérience auditive immersive en plus de la découverte de carnets de notes, d’affiches inédites et d’une multitude de photos de tournage.

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Place aux road movies dans lesquels les personnages entreprennent un voyage riche en aventures et en introspection. Plongé dans la mise en scène de La Vie Aquatique, le spectateur redécouvre l’expédition inédite de l’équipe océanographique à bord du grand sous-marin jaune. Les drôles de poissons se mêlent au fameux bonnet rouge de Steve Zissou (Bill Murray). La magnifique maquette du darjeeling limited nous transporte cette fois-ci en Inde dans les coulisses du film. Des valises emblématiques trimballées par les trois frères au costume de Rita, tous les accessoires sont au rendez-vous. Ces road movies sont aussi caractéristiques de l’univers cinématographique de Wes Anderson avec un sentiment de nostalgie très présent dans son art. Au fur et à mesure de leur expédition, les personnages évoluent mentalement dans une introspection puissante. Une autre thématique largement abordée par Wes Anderson est la fuite. Moonrise Kingdom en est le parfait exemple bien qu’il y ajoute une bonne dose d’aventures. A travers des nuances de couleurs bleutées mises en perspective dans les peintures de la crique, les lettres des adolescents affichées sur les murs de l’exposition nous racontent leur fugue amoureuse une seconde fois.

Exposition Wes Anderson
Photographie Stéphane Dabrowski - La Cinémathèque française

Les dernières pièces de l’exposition dépeignent les univers des films plus récents du cinéaste. Avec un grand chemin de fer et une variété de couvertures du magazine imaginaire The French Dispatch, le réalisateur partage ses inspirations et plus précisément sa passion pour le New Yorker dont il collectionne les numéros depuis qu’il est étudiant. Sont également exposées les photographies des vrais journalistes qui ont inspiré les personnages du film. Asteroïd City est une véritable immersion dans l’Amérique des années 50. Cette œuvre rassemble un casting culte de Wes Anderson avec qui il collabore depuis des années : Jason Schwartzman, Roman Coppola, Anjelica Huston, Cate Blanchett, Bill Murray, Tilda Swinton, Willem Dafoe, Adrien Brody…

Dans son exposition, la Cinémathèque ne manque pas de mettre en lumière la façon dont les personnages de Wes Anderson ont à la fois un pied dans la réalité et dans le fantastique, réalisant l’exploit de rendre l’imaginaire crédible.

Exposition Wes Anderson
Première

Un esthétisme précis et coloré propre au cinéma andersonien

Que serait une exposition sur Wes Anderson sans faire briller son esthétisme visuel ? Comme dans une maison de poupées où s’entremêlent des dizaines de bibelots, la symétrie précise propre à ces œuvres contribue à rendre l’exposition aussi agréable que ses films. Les décors mis à disposition rappellent un aspect théâtral, omniprésent dans ses mises en scène. La Cinémathèque joue aussi sur les couleurs vives et pastel. Sans oublier les tons rétro des années 70. Ces nuances rendent l’expérience visuelle particulièrement saisissante. Sans créer un effet d’éblouissement désagréable, les couleurs restent condensées parmi les thèmes et les costumes abordés au fil de la visite, créant une certaine harmonie. Une tenue violette pour le lobby boy et un thème rose bonbon, que l’on retrouve dans The Grand Budapest Hotel, célèbrent un graphisme étonnant dominé par une atmosphère riche en couleurs.

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Le plus francophile des cinéastes s’est aussi lancé dans le stop motion avec deux œuvres emblématiques de sa filmographie : Fantastic Mr. Fox et L’île aux chiens. Son esthétisme rigoureux est d’autant plus visible à travers l’exposition de ses figurines. Avec le détail des méthodes de production, les spectateurs redécouvrent leurs films d’animation préférés et les coulisses de leur fabrication. Au sein d’une mise en scène de marionnettes minutieuse, image par image, créant un effet saccadé un peu vintage, le réalisateur explore des sujets sérieux tout en conservant son absurdité légendaire parfaitement dosée. Les décors miniatures et les marionnettes sont scrupuleusement fabriqués, à des tailles différentes afin de pouvoir jongler entre divers plans. Ces figurines en pâte à modeler plasticine sont façonnées à partir d’illustrations conceptuelles par une équipe d’artistes anglais. Grâce à elles, les moules sont créés et permettent de multiplier les exemplaires.

Exposition Wes Anderson
Première

Dans La Vie Aquatique, Wes Anderson et son équipe ont entièrement imaginé la faune marine avec des créatures extravagantes, riches en couleurs : requin-jaguar, poissons zébrés, hippocampe arc-en-ciel… Le visuel de The French Dispatch qui rappelle le format de bande dessinée est tout aussi captivant. La façon de filmer du réalisateur est aussi célébrée. Entre longs travellings et slow motions accompagnés de musique, l’émotion se saisit du récit dans un surréalisme minutieux. Les accessoires exposés à la Cinémathèque occupent une place de choix dans chaque histoire, donnent vie au récit et contribuent à créer un lien avec le téléspectateur.

N’oublions pas la musique qui rythme les récits de Wes Anderson, façonnant les émotions des personnages dans une atmosphère souvent nostalgique. Elle est aussi à l’origine de scènes mythiques. Que ce soit à travers des personnages qui écoutent quelques notes, Hey Jude dans La Famille Tenenbaum ou une reprise de David Bowie dans La Vie Aquatique, la musique est partout.

Exposition Wes Anderson
Photographie Stéphane Dabrowski - La Cinémathèque française

Un univers fortement influencé par la culture européenne

Au fil de la visite, impossible de passer à côté de la place qu'occupe la culture européenne dans les œuvres du cinéaste. Le choix de la Cinémathèque comme premier lieu d’exposition n’est pas anodin. Il souligne notamment l’importance de Henri Langlois dans son “éducation cinématographique”. En plus de son imagination débordante, les inspirations qui façonnent son style se retrouvent dans les livres et notamment dans les récits d’auteurs européens. Stefan Zweig lui a inspiré l’histoire du Grand Budapest Hotel et Roald Dahl, qu’il lisait petit, a créé l’univers de son premier film d’animation, Fantastic Mr. Fox, ou encore la série de courts métrages qu’il a réalisé pour Netflix. Mais cette inspiration se retrouve aussi dans la configuration de ces récits : des films chapitrés avec une mise en abyme d’un roman dans un film grâce à des scènes d’ouverture emblématiques. 

Exposition Wes Anderson
Première

Rattachée à la Nouvelle Vague, la filmographie de Wes Anderson est notamment influencée par le cinéma français. Des cinéastes comme Lubitsch, Truffaut ou encore Godard ont participé à la création de son univers. L’influence européenne est aussi visible à travers ses décors. C’est l’intérieur d’un ancien centre commercial de Görlitz en Allemagne qui a inspiré le décor de The Grand Budapest Hotel. The French Dispatch est tourné à Angoulême dans un village imaginaire nommé Ennui-sur-Blasé et, une fois de plus, Wes Anderson s’inspire d’un Paris des années 50 et 60, une ville qu’il porte dans son cœur depuis toujours.

L’exposition donne accès à des pièces uniques et centrales de certains films du réalisateur, souvent reliés à la culture européenne. On retrouve notamment les valises emblématiques du Darjeeling Limited, le fruit d’une collaboration avec la marque Louis Vuitton. Sans oublier le fameux Birkin de Margot Tenenbaum.

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C’est aussi à travers l’appareil photo de Jacques Henri Lartigue que Wes Anderson puise son inspiration. La Cinémathèque expose quelques-unes de ses œuvres et pointe l’hommage que lui fait le cinéaste francophile dans la scène d’ouverture de Rushmore : le personnage principal Max Fischer est assis dans une salle de classe et contemple les photographies de l’artiste. Photographe français favori du réalisateur, celui-ci ne manque pas de lui témoigner une seconde fois son admiration dans La Vie Aquatique dont le nom du personnage principal est inspiré de Maurice, le frère de Lartigue, surnommé Zissou.

Enfin, la musique européenne est omniprésente dans les films de Wes Anderson et la Cinémathèque n’a pas manqué de le mentionner. L’exposition revient sur sa collaboration de longue date avec le compositeur français oscarisé Alexandre Desplat qui a accompagné Wes Anderson sur tous ses long métrages depuis Fantastic Mr Fox. Des partitions sont dispersées un peu partout au fil de la visite. Entre Joe Dassin, Christophe ou encore Françoise Hardy, les références sont nombreuses. Le vinyle de cette dernière, embarqué par Sam alors qu’il prépare sa fugue dans Moonrise Kingdom, ne manque pas de figurer parmi les pièces exposées. Projetés sur un écran, Sam et Suzy (Kara Hayward) célèbrent leur scène iconique à travers cette fameuse danse sur Le temps de l’amour.


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