Rencontre avec Les Bodin's, "les Daft Punk de l'humour"
SND

Ils partent en vrille au cinéma, et en Thaïlande à la télé. Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet se confient dans Première.

Après Mariage chez les Bodin's en 2008 et Amélie au pays des Bodin's en 2010, deux toutes petites comédies qui ont battu des records de rentabilité, les paysans les plus drôles de France ont connu un joli succès fin 2021 avec Les Bodin's en Thaïlande, à revoir en ce vendredi soir sur M6.

Le pitch ? Maria Bodin, vieille fermière roublarde et autoritaire de 87 ans, doit faire face à une nouvelle épreuve : son grand nigaud de fils, Christian, 50 ans, a perdu le goût de la vie. Suivant l’avis du psychiatre, qui conseille le dépaysement, la mère Bodin se résigne donc à casser sa tirelire pour payer des vacances à son fils… en Thaïlande ! Quand la mère et le fils Bodin s’envolent, pour la première fois, à plus de dix mille kilomètres de leur terroir natal, le choc est énorme : hôtel club, touristes, plages de sable blanc et autres massages exotiques, ils n'ont clairement pas le mode d'emploi … pas simple de dépayser des paysans ! Les Bodin's s'embarquent alors dans un road-movie rocambolesque à travers tout le pays, avec pour seuls bagages leur audace, leur cœur et leur bon sens paysan.


Mariage chez les Bodin's : Le film le plus rentable de 2008 après Bienvenue chez les Ch'tis

Fort d'1,6 million de spectateurs au box-office au moment où le public français sortait à peine du Covid, Les Bodin's en Thaïlande a depuis peu une nouvelle suite : Maria et Christian Bodin's "partent en vrille" depuis mercredi au cinéma, et une nouvelle fois, ça marche fort : la comédien de Frédéric Forestier (Mon poussin, Chasse gardée...) a attiré 130 000 curieux dans 564 salles de France le jour de sa sortie. Première a justement rencontré ses créateurs et interprètes, Vincent Dubois et Jean-Christian Fraiscinet, pour parler de leur succès sur le petit et le grand écran, et sur la scène, le duo faisant, en parallèle des films, salle comble avec leurs spectacles. Au cœur de cet entretien, ils évoquent notamment leur rapport à la télévision, à leurs "concurrents" tels que Les Tuche ou à la célébrité. Morceaux choisis :

"On n’a jamais vraiment couru après la télé. On est des gens de terrain, des artisans du spectacle. On a commencé chez nous, dans notre région Centre, Jean-Christian dans le Berry et moi en Touraine. La télé, c’est formaté pour le stand-up, les sketchs rapides, la vanne mitraillette. Nous, on a besoin d’une narration un peu plus longue pour faire vivre nos personnages. Notre humour a besoin de temps pour élaborer une histoire, des situations… C’est peu compatible avec le rythme télé. On a longtemps été méfiants. Mais Patrick Sébastien nous a ouvert la porte le premier. Quand on a commencé à viser les Zénith avec leurs 4 000 places, il fallait de toute façon passer par là. On a appris à s’adapter au format court, même si ce n’était pas trop naturel. Maintenant, on a une émission par an sur M6, qu’on scénarise comme un petit film, histoire de garder notre ADN."

"Avec ces personnages des Bodin’s dont l’enveloppe est caricaturale, on se doit d’être le plus sincère et juste dans notre jeu. Si on choisit les mauvaises émissions avec ces personnages-là, ça peut nous fracasser."

Rencontre avec Les Bodin's, "les Daft Punk de l'humour"
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Les Bodin's en Thaïlande (2021)

"On voulait absolument garder notre façon de travailler. Depuis le succès des Bodin’s en Thaïlande, les producteurs nous poussent souvent : 'Faut faire comme Les Tuche, sortir un film tous les deux ans !' Mais non ! On a besoin que ça mature. On est menés par ce qu’on raconte, pas par le calendrier. Si le prochain film doit être un huis clos, ce sera ça. On ne veut pas devenir une usine à films."

"La Thaïlande, c’était autour de 6 millions (de budget, ndlr), et Les Bodin’s partent en vrille autour de 9. Mais quand on regarde le résultat à l’écran avec tous les costumes, la figuration… C’est dingue ce qu’on arrive à faire ! Il y a des films à 20 millions pour lesquels on cherche encore où est passé l’argent. Nous on fait attention à chaque euro, et je n’ai pas l’impression que ce soit dispendieux pour rien. Peut-être que ça vient de nos racines rurales."

"Les Bodin’s nous accaparent beaucoup. Ce n’est pas du tout un regret parce qu’on n’aura pas assez d’une carrière pour leur faire vivre tout ce qu’on a envie de leur faire vivre. On décline nos personnages : au théâtre, dans les émissions télé, au cinéma, en BD aussi. C’est très foisonnant, on passe de l’un à l’autre, donc il n’y a pas de lassitude.

 

Rencontre avec Les Bodin's, "les Daft Punk de l'humour"
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Les Bodin's partent en vrille (2025)

"On nous a poussés mille fois à prendre des acteurs connus. Dès les premiers films. On nous proposait même plus d’argent pour avoir des têtes célèbres. Mais nos personnages sont des ruraux, ils sont ancrés dans la réalité. Mettre un Fabrice Luchini ou une Catherine Deneuve à côté de Maria ou Christian, ça casserait tout. Il faut des personnages du quotidien pour que nos 'monstres' sortent. C’est un choix artistique qu’on assume complètement. Rien à voir avec le système… C’est plutôt nous qui essayons de protéger nos personnages."

"On a le bon côté du vedettariat sans les inconvénients. Tu sais comment les médias nous appelaient à un moment ? Les Daft Punk de l’humour. C’est rigolo non ? Derrière les masques, ces deux mecs étaient connus dans toute la France, dans le monde entier même et faisaient rarement des émissions à visage découvert. Bon, nous, c’est pas au point des Daft Punk. (Rires.) Mais ça nous permet d’avoir une vie normale.

"C’est primordial. Pour écrire nos personnages, on a besoin d’observer la vie normale et quelqu’un qui serait coupé du réel en parle forcément moins bien."

 

Pour lire l'entretien des Bodin's dans son intégralité, rendez-vous en kiosques : elle est au cœur de Première n°560, avec Mickey 17 en couverture. Voici la bande-annonce des Bodin's partent en vrille, en ce moment au cinéma :


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