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Que cache donc ce titre un peu blague qui évoque une comédie de Francis Veber ? « La cravate » est ici synonyme de respectabilité. Quand Bastien, 20 ans, gueule ronde à peine sortie de l’enfance, l’attache, il entre dans la cour des grands. On le sent un peu gourd dans son costume, lui, l’habitué du sweat baggy qu’il enfile pour ses parties de Laser Quest, la deuxième passion de sa vie. La première ? Le militantisme, et pas n’importe lequel : celui d’extrême droite, celui qui vous stigmatise. Arrêt prématuré de l’école, fâcherie avec les parents, difficultés pour trouver un travail... Les idées rances, ça fait tache sur un CV. En réagissant face caméra au texte de la voix off racontant son histoire que lui soumettent les réalisateurs, Bastien joue quitte ou double. « Ça va changer ma vie ou pas ? », se demande-t-il dans un sourire. Avant de lâcher : « Est-ce que je suis un connard du coup ? » La réponse n’est pas simple. Tout comme le parcours de ce militant du Nord, politiquement actif depuis ses 15 ans, qui s’est trouvé au Front national une famille d’accueil dont il a rapidement gravi les échelons au niveau local. Alternant scènes sur le vif tournées lors de la dernière campagne présidentielle et témoignage à froid recueilli un an plus tard, La Cravate trace de façon édifiante le portrait d’un jeune homme ordinaire, intelligent, revanchard et prudent, parfaite incarnation de la « dédiabolisation » en marche de l’extrême droite. La cravate ne fait pas le moine. À moins que...