Première
par Frédéric Foubert
Après quelques incursions pas franchement mémorables dans le registre de l’animation en images de synthèse (Souris City, Mission Noël – les aventures de la famille Noël), les studios Aardman reviennent aux fondamentaux avec un film fabriqué en bon vieux stop-motion des familles, le genre qui a fait leur gloire à l’époque de Wallace et Gromit. Ici, pas d’ingénieur intrépide ni de chien loufdingue à l’horizon, mais une bande de pirates losers gardant la banane en toute circonstance, ainsi que des monstres marins, une baleine volante, un singe savant, un perroquet-miracle et du jambon, beaucoup de jambon. Plutôt économe en scènes d’action (elles sont homériques, mais il n’y en a que deux), le film de Peter « Chicken Run » Lord préfère se concentrer sur un redoutable et très sophistiqué sens du nonsense, dopé à l’occasion aux spéculations gastronomiques (« les cochons sont-ils une sorte de fruit ? »). Au passage, il en profite pour hisser très haut le pavillon de l’Union Jack : balade dans les rues de Londres en compagnie de la très méchante reine Victoria, Guinness coulant à flot, bande-son garnie de morceaux des Clash, tempo comique imparable de la distribution vocale emmenée par Hugh Grant… Sans temps mort ni une seule faute de goût, ce Pirates explosif, pétaradant et dynamique, rappelle à quel point l’équipe d’Aardman, derrière son attachement presque désuet à l’animation image par image, sait encore fabriquer de vraies petites bombes artisanales.