Aucun des plus grands succès au box-office n’avait pour héros des vrais gens dans la vraie vie
On se plaint du manque de femmes dans les films, mais le problème est encore plus grave : on n’y trouve même plus d’humains. Sur les 20 plus gros succès au box-office mondial de 2016, un seul film met en scène des humains normaux dans un monde réel. Un seul, et il est 20e du top. Ce film est La La Land : Ryan Gosling et Emma Stone qui poursuivent leurs rêves en chantant dans un Los Angeles fantasmé sont ce qui se rapproche le plus de la réalité telle que nous la connaissons dans les plus grands succès de l’année.
IMDb introduit le "classement F" : attention, femmes en vue
Des personnages d’animations, des super-héros, des élus dans des galaxies très très lointaines, des magiciens, des sirènes ou, au mieux, des supers-espions surentraînés. Mais pas d’humains faits de chair, d’os et de défauts, comme nous, évoluant dans le monde dans lequel nous vivons. En 2015, Furious 7, Seul sur Mars, Fifty Shades of Grey permettaient de maintenir encore un certain degré d’humanité.
L’humanité ne paie plus
Le cinéma continue bien sûr de s’intéresser aux vrais gens. Mais les vrais gens, eux, ne s’y intéressent plus. Malgré ses qualités, son Oscar et sa surexposition médiatique, Moonlight a récolté 37 fois moins de dollars que Logan le week-end dernier. La promesse de découvrir un récit original qui explore des chemins rarement empruntés auparavant par un cinéaste dont on nous dit qu’il est bourré de talent ne fait pas le poids face à celle de retrouver pour la 8e fois un super-héros griffu. C’est anecdotique mais hautement symbolique. Il n’y a guère que la machine des Oscars pour donner, quelques mois par an, un peu de visibilité à l’humanité. Dans une tribune sur le site du Hollywood Reporter, un de ses journalistes stars s’émeut de ce que la réalité, à Hollywood, est une espèce en danger. Le besoin de fuir vers des mondes imaginaires serait pathologique et entraînerait un appauvrissement culturel et spirituel. Un opium du peuple – sur lequel « l’industrie du rêve » s’est construite, mais que les super-héros, les lointaines galaxies et la surenchère des studios ont transformé en drogue dure.
Un Oscar rapporte 37 fois moins que des superpouvoirs
Et la France dans tout ça ? Est-elle, elle aussi, sous opium ? Si le cinéma français s’intéresse presque exclusivement à la réalité, le public hexagonal cherche tout autant à y échapper : dans les 10 plus gros succès de 2016 au box-office français, on trouve à peu près les mêmes films, américains, que partout ailleurs, à l’exception de The Revenant, qui prouve qu’en France Leonardo DiCaprio est une drogue presque aussi puissante que les super-héros. Le seul film français à s’être hissé dans le top 10 ? Les Tuche 2 : le rêve américain…
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