César 2025 : le manque de réalisatrices se fait (encore) ressentir

Cette année, aucune femme n’a été nommée dans les catégories prestigieuses du meilleur film et de la meilleure réalisation.

Le collectif 50/50, une association française qui lutte pour l’égalité et l'inclusion dans le cinéma et l’audiovisuel, alerte sur le manque de femmes nommées aux César 2025. Le constat est clair : aucune réalisatrice n’est sélectionnée dans la catégorie du meilleur film ou de la meilleure réalisation. Même chose pour celles de la meilleure adaptation, des meilleurs effets visuels, ou encore du meilleur long métrage d’animation.

Une seule femme est nommée pour le César de la meilleure photographie, du meilleur décor et du meilleur film étranger. On notera quand même que Louise Courvoisier (pour Vingt Dieux) et Agathe Riedinger (pour Diamant Brut) sont en compétition pour le César du meilleur premier film. Le collectif écrit sur un post Instagram :

“En 2024, nous avons salué les efforts faits par l’Académie pour aller vers davantage de parité, toutefois ce manque flagrant de diversité de création ne reflète pas la réalité du cinéma français. Il est important de rappeler que ces nominations sont le résultat d’un vote. Aussi, pour ouvrir plus grand les portes du cinéma, pour que soient récompensés davantage de récits, nous encourageons le plus grand nombre de personnes éligibles à rejoindre l’Académie des César l’année prochaine. Le changement ne se fera pas sans vous !”

Fabienne Silvestre, cofondatrice et directrice du Lab Femmes de cinéma (autre think tank sur la parité dans l'audiovisuel), s’est exprimée sur la situation pour Le Film Français. Elle souligne avant tout un problème de fond, et non un manque de la part du comité des César : 

“L’Académie des César n’y est pour rien. Les César sont avant tout une vitrine et un miroir grossissant de l’état du cinéma français [...] Il est vrai que nous sommes dans une année où il y a eu moins de films de réalisatrices ayant eu un grand succès qu’en 2023, mais ce constat pose également la question des budgets alloués aux films de réalisatrices. La très grande majorité des films avec un budget élevé ont, cette année encore, été portés par des hommes [...] Je ne pense pas que l’absence dans les deux catégories maîtresses soit liée à la typologie des votants puisque 45% d’entre eux sont désormais des femmes. L’enjeu se trouve en amont."

En effet, comment faire face au Comte de Monte-Cristo (plus de 9 millions d’entrées en France), ou encore à L’Amour ouf (plus de 4,7 millions d’entrées) ? Les réalisateurs Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, Gilles Lellouche, Jacques Audiard, Boris Lojkine et Alain Guiraudie, ne laissent aucune place aux femmes cinéastes. Une rareté depuis les années 2010 (seuls 2014 et 2023 étaient dans ce cas). Coralie Fargeat aurait pu être citée si The Substance avait été éligible... mais il ne s'agit pas d'une production française.

“Ces nominations démontrent une nouvelle fois un blocage certain. Ce blocage est malheureusement la parfaite démonstration de chiffres que nous relayons fréquemment : les femmes représentent une personne sur deux dans les écoles de cinéma, une sur trois pour la réalisation du premier court métrage, une sur quatre pour les premiers et deuxièmes longs métrages et une sur six seulement à partir du troisième long métrage”, analyse Fabienne Silvestre. 

Les femmes sont beaucoup plus présentes dans les catégories des courts-métrages et des documentaires : 8 des 10 courts-métrages sélectionnés sont faits par des femmes et 3 documentaires sur 6 sont portés par des réalisatrices. Comme le conclut Fabienne Silvestre :  

“Reste à espérer que le cadeau caché de ce rendez-vous manqué sera de faire réagir et réfléchir les financeurs du cinéma français et qu’on s’attaque enfin aux causes systémiques qui font que les femmes n’ont pas accès aux films à gros budget et décrochent après leur court ou ne vont pas plus loin qu’un premier long prometteur…”

Il sera possible de suivre la 50e cérémonie vendredi 28 février, en clair sur Canal.