Avant de créer les effets-spéciaux du Choc des Titans ou de Jason et les Argonautes, l'artiste a adapté Raiponce, Le Petit Chaperon Rouge, Hansel & Gretel...
2020 marque les 100 ans de la naissance de Ray Harryhausen, décédé en 2003. Né précisément le 29 juin 1920, ce créateur d'effets spéciaux est devenu célèbre pour sa fabrication de monstres incontournables du cinéma, notamment du bestiaire de Jason et les Argonautes (Don Chaffey, 1963), et du Choc des Titans (Desmond Davis, 1981). Son travail a influencé plusieurs cinéastes populaires, de Peter Jackson à Tim Burton en passant par Guillermo del Toro ou Terry Gilliam.
Saviez-vous qu'il a aussi mis en scène des courts métrages destinés aux enfants, entre 1946 et 1952 ? Les Contes de la mère de l'oye, Le Petit Chaperon Rouge, Hansel et Gretel, Raiponce, Le Roi Midas et Le Lièvre et la tortue, que Carlotta sort cette semaine en DVD et blu-ray sous le titre Les Contes merveilleux par Ray Harryhausen. Des oeuvres de jeunesse assez éloignées de ses productions habituelles, mais captivantes. Elles sont d'ailleurs décryptées dans les bonus, et accompagnées d'autres créations de son début de carrière, tels qu'un combat entre dinosaures (qui mélange animation de figurines et acteur en live, préfigurant ce qu'il créera par la suite), ou conçus pour l'armée durant la Seconde Guerre Mondiale. On y apprend ainsi que le fait de tourner ces films de commande sans narration et en stop motion était censé aider les soldats à mieux retenir les instructions qui y étaient montrées : comment construire un pont ou des cabanes pour stocker des armes et munitions, par exemple. L'analyse de son travail par Gilles Penson -à qui l'on doit le captivant documentaire Ray Harryhausen – Le Titan des effets spéciaux, disponible chez Potemkine- qui répond en détails aux questions d'Alexander Poncet, permet de mieux comprendre en quoi ces créations moins connues ont été cruciales dans son parcours.
Fasciné par le King Kong de 1933, dont les effets spéciaux avaient été créés par Willis O'Brien, son modèle absolu, il rêvait déjà de mettre en scène des monstres. Pourtant, en se tournant vers la réalisation de courts plus familiaux, il a pu perfectionner ses talents de réalisateur et d'animation en stop motion, technique qu'il affectionnait tant : on y découvre notamment des "tests" intéressants, comme le fait d'intégrer des images d'une vraie rivière ou d'un feu crépitant au coeur de ses séquences animées, ou encore des mouvements de caméra innovants à l'époque pour ce genre de création, comme un travelling suivant le loup jusqu'à la maison de la grand-mère du Petit Chaperon Rouge. Loup dont l'apparence inspirera plus tard la créature à trois tête du Choc des Titans, d'ailleurs. Cette passion pour l'animation en stop motion demandait beaucoup de temps, de la minutie et plusieurs visages différents pour chaque figurine, afin de pouvoir donner vie à leurs histoires. Elle était aussi communicative, comme le prouve l'extrait expliquant que les propres parents de Ray Harryhausen, chez qui il vivait encore à l'époque, l'aidaient à concevoir ses poupées et décors. Une aide bienvenue qui a permis à l'artiste de tourner plusieurs courts métrages pour les diffuser dans des écoles. Connaissant un certain succès auprès du jeune public (il avait d'ailleurs fait bien attention à adoucir les contes en question pour toucher ce public), ces petits films charmants lui ont permis de gagner assez d'argent pour vivre entre deux fabrications d'effets spéciaux pour des longs métrages, et même si l'un d'eux, Le Lièvre et la tortue, fut abandonné en cours de route, Ray Harryhausen a eu la chance de pouvoir boucler son court plusieurs décennies plus tard, en 2002, quand deux animateurs passionnés lui ont proposé de le finir ensemble. Une belle histoire vraie qui conclut parfaitement ces Contes merveilleux.
Les Contes merveilleux par Ray Harryhausen est disponible à partir du mercredi 2 décembre. Plus d'infos sur le site de Carlotta.
Retour sur la carrière exceptionnelle de Ray Harryhausen
Commentaires