Sarah Paulson Hold your Breath
Searchlight

L'actrice star d'American Horror Story nous revient sur Disney Plus, dans un film inédit au décor asphyxiant. Rencontre.

Après nous avoir fait hurler de peur ou de bonheur dans American Horor Story, Rachted ou American Crime Story, la muse de Ryan Murphy porte sur ces épaules ce film inédit à voir dès aujourd'hui sur Disney Plus. Dans Hold your Breath - inspiré d'une histoire vraie - Sarah Paulson incarne Margaret, une mère de famille isolée dans sa petite ferme de l'Oklahoma des années 1930, où rien ne pousse. Une terre aride qui provoque de terribles tempêtes de sable et de poussière s'infiltrant dans les maisons et les esprits des habitants. Un cadre idéal pour faire briller l'une des reines de l'angoisse à Hollywood. Rencontre avec Sarah Paulson.

Hold your Breath
Searchlight

PREMIÈRE : Ce phénomène du Dust Bowl dans l'Oklahoma des années 1930, a réellement eu lieu et c'est assez impressionnant ! C'est presque un personnage à part entière dans le film, non ?
Sarah Paulson
: Oui. Et je vous conseille de voir un documentaire vraiment passionnant de Ken Burns, qui s'appelle The Dust Bowl (2012) et que j'ai vu juste avant de faire le film. On y entend des témoignages de personnes qui ont vécu ça, quand ils étaient enfants. Ils racontent des histoires assez folles, très angoissantes, sur ces tempêtes de poussière qu'on ne peut pas s'imaginer. Ca fait froid dans le dos d'écouter ces témoignages. J'en avais entendu parler à l'école, mais je ne savais pas exactement ce que c'était le Dust Bowl. Ce que ça avait fait à des centaines de familles...

Vous avez tout filmé dans des décors réels ?
On n'a pas filmé en Oklahoma, mais on a tourné à Santa Fe, au Nouveau-Mexique. En partie dans un studio fermé et en partie en extérieur. La production a construit la maison entière avec tout le terrain autour...

Hold your Breath
Searchlight

Comment ont-été reproduites ces spectaculaires tempêtes de poussière ?
Il y avait d'énormes ventilateurs industriels sur le plateau. Ils soufflaient très fort sur nous. Parfois, je me prenais directement des rafales à 120 km/h ! Et puis ils incorporaient d'énormes quantités de poussière dans ce vent artificiel. Ça en mettait partout, et on s'en prenait plein le visage. J'en recevais dans les yeux, dans le nez, dans la bouche, dans les oreilles... Il y a aussi un peu d'effets numériques rajoutés en post-production, mais la plupart du temps, on a utilisé des effets pratiques. Je dois dire que j'ai adoré filmer dans de telles conditions. C'était génial. Je n'arrêtais pas de crier : 'Boostez les ventilateurs ! Mettez plus de poussière !' C'est plus simple à jouer, quand vous n'avez qu'à réagir à des choses qui vous arrivent réellement.

C'est plus facile de jouer l'anxiété dans un cadre aussi oppressant ?
Disons que ce qui a grandement aidé, c'est la construction de la maison entière. On était dans une vraie maison, qui rappelait totalement les constructions de l'époque dans le pays. Tout ça était très réel : la ferme, la grange... On était vraiment immergé dans ce décor et on pouvait parfaitement imaginer le sentiment d'isolement que ces gens devaient ressentir dans l'Oklahoma des années 1930...

Hold your Breath
Searchlight

La poussière est un prétexte pour raconter une histoire sur le lien entre une mère et ses filles...
C'est vraiment l'essence du film je crois. Ça raconte jusqu'où une mère est prête à aller pour protéger ses enfants. Mon personnage, Margaret, a déjà perdu une fille, donc l'idée d'en perdre une autre est insupportable à ses yeux. Elle en mourrait. Et en conséquence, ça la ronge tellement qu'elle finit par perdre la tête.

On pense d'ailleurs au film Les Autres d'Alejandro Amenábar (2001) en voyant Hold your Breath. C'était une référence ?
Absolument ! C'était une énorme référence pour les réalisateurs (Will Joines et Karrie Crouse). Ils y ont beaucoup pensé pendant la production. Et on veut que les gens s'en rendent compte d'une certaine manière. Hold your Breath est totalement inspiré par Les Autres, sans le moindre doute.

Les Autres
Bac Films

Vous avez souvent joué le rôle d'une femme qui sombre dans la folie. Comme dans American Horror Story ou Ratched. C'est devenu comme une seconde nature pour vous ?
C'est clair que j'en ai joué plus d'un (rires) ! A des degrés différents. Après, je ne suis pas vraiment folle vous savez dans la vie... Mais disons que c'est un aspect de personnalité de l'être que j'aime explorer. Je trouve ça intéressant alors j'y retourne. Parce que je crois qu'on n'a jamais totalement fait le tour de la folie humaine. Surtout quand le déclencheur est un deuil...

Le genre horrifique, le thriller psychologique, c'est ce que vous aimez regarder aussi en tant que spectatrice ?
Pas du tout ! Je déteste ça. Je suis une peureuse et je n'aime pas du tout regarder ça. 

Vous vous voyez comme une « Scream Queen » d' Hollywood ?
Non, pas vraiment. Mais je prends le compliment ! Je préfère ça que de ne pas trouver de rôle... Surtout, j'aime beaucoup que les fans du genre s'identifient autant à mes histoires, que la communauté soit aussi sensible à mon travail. C'est agréable de se sentir appréciée.

Sarah Paulson
Netflix

Vous pensez être une meilleure « Scream Queen » aujourd'hui qu'il y a 15 ans ?
J'espère bien ! Au fil des années, j'ai appris qu'il fallait se moquer de la tête qu'on a quand on crie à l'écran. Peu importe qu'on ait l'air affreuse ou moche, on s'en fout. Parce que les gens à qui il arrive réellement des choses horribles se foutent de leur apparence quand ça leur tombe dessus. Alors ce genre de rôle, jouer ainsi la terreur, ça permet de s'oublier un peu, de laisser derrière une partie de sa vanité d'actrice.

Vous n'avez pas tourné avec Ryan Murphy depuis 3 ou 4 ans... Est-ce qu'il vous manque ?
Evidemment. Notre relation est incroyablement créative. C'est la plus fertile de ma vie d'actrice. Il m'a offert tellement d'opportunités. Il m'a permis de me révéler, dans tous les sens du terme. Un peu comme un coach dans un match, il m'a laissé tout le temps sur le terrain, il m'a gardé dans le match en permanence. Et plus vous jouez, plus vous vous améliorez. C'est aussi simple que ça. J'ai été prise par le théâtre à New York ces derniers temps, mais je vais le retrouver pour sa nouvelle série judiciaire, All's Fair. Je suis ravie !

Hold your Breath, film de Will Joines et Karrie Crouse, à voir sur Disney Plus à partir du 3 octobre.