On a vu le grand épisode de conclusion, qui (ouf !) offre une véritable fin à l'histoire, même si...
Après deux saisons merveilleuses, 22 épisodes passionnants et 1 très beau "Christmas special", on ne pouvait pas laisser partir les Sensates sans un chant d'adieu digne de ce nom. Netflix a répondu à l'appel des fans et a donc signé un (gros) chèque pour que soit tourné une conclusion à Sense8. Un téléfilm final filmé pendant deux mois (en France et en Italie notamment) et qui fait le job. Sans plus.
L'histoire reprend juste après la fin de la saison 2. On retrouve notre "Cluster", qui se cache du BPO, dans un appartement parisien. Avec Whispers comme monnaie d'échange, ils cherchent à récupérer Wolfgang, toujours aux mains du terrible Bureau, tout en essayant de percer les obscures motivations de l'organisation, qui tente encore et toujours à mettre la main sur les Sensates du monde entier, avec un but particulièrement sombre en tête...
Comment fait-on rentrer un paquebot dans une bouteille ? Le défi promettait d'être gigantesque pour Lana Wachowski, le jour où Netflix a commandé ce grand final. Réussir à intégrer l'immense histoire de la saga, sa mythologie, ses multiples intrigues, mais aussi sa "vibe" unique, ses messages politiques, sociaux... en 2h30 !
Autant le dire tout de suite, cet ultime épisode ne traite pas tout, mais seulement l'essentiel. Plus clairement, il abandonne les intrigues individuelles, pour se concentrer sur le BPO et le fil rouge de Sense8. En une seule phrase, au bout du premier quart d'heure, Will annonce la couleur : "Je sais qu'on cherche tous à s'accrocher aux choses qui nous tiennent à coeur personnellement. Mais Wolfgang a besoin de nous. Et on est en guerre." Voilà. Vous ne verrez donc pas l'ascension politique de Capheus au Kenya. Ni la reprise de l'entreprise familiale par Sun en Corée. Ni l'explosion de la carrière d'acteur de Lito à Hollywood. Lana Wachowski a choisi de faire des impasses, et elle a certainement eu raison.
Parce qu'il se passe déjà beaucoup de choses en 2h30. Un peu trop même, donnant parfois le sentiment que le script est rempli ras la gueule, penchant dangereusement vers l'indigestion (fallait-il absolument faire revenir le détective Mun ?). Penchant aussi périlleusement vers un "fan service" qui va mal avec la complexité brûlante de la série.
À trop vouloir faire du Sense8, jouer avec l'espace et les personnages, les capacités des uns et des autres, ce final perd un peu du charme des 23 épisodes précédents. Il ne se dégage pas non plus la même émotion, la même force affective, tant on sent la volonté écrasante de conclure sur un happy end. La troublante exaltation des deux premières saisons, sa fièvre enthousiasmante et le sentimentalisme exacerbé des personnages fait trop souvent place à des saynètes cul cul, pour ne pas dire un peu noeud noeud (le triangle entre Kala, Wolfgang et Rajan est résolu de manière franchement déconcertante), jusqu'à un épilogue bêtement cul, et cet ultime plan final sur un god (!), qui se veut osé mais qui ne rend finalement pas justice à la puissante déclaration d'amour que fut Sense8.
Heureusement, au-delà de ces maladresses, il reste ces personnages qu'on adore. Riley, Will, Sun, Nomi et les autres n'ont rien perdu de leur complicité. Une belle alchimie qui porte ce téléfilm de la première à la dernière minute et qui donne à ce final la délectable impression d'une conclusion "feel good". Les scènes d'action s'enchaînent, le rythme est effréné et la plupart des réponses aux questions qu'on se posait sont dévoilées. De quoi offrir à cette grande série la véritable fin qu'elle méritait, même si on ne peut s'empêcher de penser que Lana Wachowski aurait sans doute fait mieux, avec une vraie saison 3.
Sense8, le final, ce vendredi 8 juin sur Netflix.
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