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Le danger d’un « show Carrey » existait, mais il est neutralisé par la force romanesque d’un récit qui justifie les actes les plus désespérés du héros, dont l’épaisseur psychologique s’affirme à chaque nouvelle séquence. Face à Carrey, il y a du répondant : Ewan McGregor, acteur à la sensibilité toute féminine, est l’autre excellente pioche du film.
Toutes les critiques de I Love You Phillip Morris
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Chez Requa et Ficarra, ce qui est, est. Et si la sincérité de leur personnage est totale, c’est précisément que derrière les masques, il n’y a rien.
Leonardo DiCaprio, dans Arrête-moi si tu peux (auquel on pense nécessairement), courait après une image précise du bonheur, celle du chromo familial interrompu.
Jim Carrey, lui, ne court qu’après la satisfaction de son bonheur matériel immédiat : être gay (et amoureux) coûte cher, point. Sans attaches, sans famille (question réglée avec une valise de billets et quelques gags hilarants), sans profondeur donc, il n’est que surface, visage-monde sur lequel tout se lit, à ciel ouvert. -
I love you Philip Morris est surtout une oeuvre extrêmement douloureuse, plus encore que le magnifique Arrête-moi si tu peux (leurs finals respectifs y sont sans doute pour beaucoup). Un film qui passe son temps dans les prisons et les hôpitaux et finit par dégager un parfum existentiel amer, une sensation de beau gâchis, à travers ces parcours prometteurs gâtés par quelques mauvaises décisions et la malchance. Un fil rouge surprenant traverse le film, à la fois entêtant et discret, qui est celui de la maladie - obsession inhabituelle pour une comédie d'escrocs.
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As des dialogues bien sentis, John Requa et Glenn Ficarra impriment un rythme soutenu, assez jubilatoire dans la première partie du film, purement comique. Toute la séquence d'immersion en prison est à ce titre une réussite totale, astucieuse (le novice n'est pas celui qu'on croit) et déjouant toutes les attentes du spectateur en matière de brimades homophobes en milieu carcéral. On rit beaucoup des gesticulations de Jim Carrey, excellent dans ce rôle de neo-gay, en quête de plénitude mais victime de sa tendance compulsive à la fraude acrobatique. Le mélo s'installe ensuite, plus attendu, pâtissant de la platitude du personnage incarné par McGregor. On retiendra donc la performance de Jim Carrey, dans son meilleur rôle depuis Man on the Moon, virevoltant par delà les registres (tragique, comique), en mouvement perpétuel. I Love You Phillip Morris pourrait tout aussi bien s'intituler « Attrape-moi si tu peux ».
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A trop jouer les équilibristes entre une comédie au coeur battant et un film d'arnaque pas totalement maîtrisé, I Love You Phillip Morris passe son temps à nous désarçonner.