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Mais si le récit est visiblement réaliste, documenté, très minutieux dans la description des rouages et des rapports (de force) humains, L'Exercice de l'Etat est aussi un grand film romanesque qui, entre deux séquences de réunion de travail, peut devenir spectaculaire. Avec un sens de la mise en scène rare, Pierre Schoeller mêle ainsi les instants de la vie quotidienne à de magnifiques envolées visuelles, séquences de rêve à l'ambiance lynchienne (ou kubrickienne façon Eyes Wide Shut) ou scène d'accident époustouflante qui interrompt avec une rare violence le cours du récit. Ces effets disruptifs ne sont pas de pures prouesses de style ; chaque élément, même le plus fantaisiste, est une étape sur le parcours du personnage ou un révélateur de sa personnalité. Dans ce tourbillon d'événements qui peut être d'abord déconcertant, on réalise vite que tout fait sens et que le chaos apparent cache un ordre très maîtrisé. Une maîtrise que Saint-Jean - figure symbolique du pouvoir qui ne peut pas grand chose - n'a pas, lui, sur la réalité. Pas plus que sur son propre destin.
Si L'Exercice de l'Etat ne cède pas, loin s'en faut, au tous pourris, livrant un discours bien plus complexe et nuancé, le film de Pierre Schoeller dresse malgré tout un constat cruel en décrivant une classe politique qui exerce un pouvoir qui en réalité lui échappe. -
Ce qui frappe dans ce troisième film politique présenté à Cannes en mai dernier, en marge de La Conquête et de Pater, c’est sa force de vérité. Tout est inventé et pourtant tout sonne juste au sein de ce petit cercle de gouvernants en constante ébullition. (...) Percutante dans tous les sens du terme, la mise en scène ambitieuse et documentée de Pierre Schoeller (Versailles) cerne les couleurs et les humeurs, les jeux et les enjeux du pouvoir. Côté interprétation, Gourmet, Blanc et Breitman sont impressionnants, et le film, palpitant, reste violent et passionnant, y compris dans ses moments les plus complexes.
Toutes les critiques de L'exercice de l'Etat
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Son ivresse féconde, détachée de tout vouloir-dire, est l'objet même de ce film construit sur la surchauffe narrative. Si, entre deux courses-poursuites virtuoses, Spielberg ne parvient pas toujours à retrouver l'humour de Hergé (sans doute trop littéraire, notamment avec Milou et les Dupondt, privés de bons mots), il trouve sa voie, plus légère et ludique, dans l'auto-citation d'une part, mais surtout dans l'action pure. Moins romanesque, plus mental, voire abstrait, le Spielberg des années 2010 s'annonce passionnant.
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De coups bas en concessions, les vicissitudes de la fonction ministérielle. Un film affûté et passionnant. On vote pour !
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Dans ce rôle, Olivier Gourmet a saisi avec force les paradoxes de la bête politique : sympathique, agressif, galvanisant. Il tient ce film et forme avec Michel Blanc un tandem parfait.
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Pour Saint-Jean, servir l’Etat, c’est renvoyer une image où tout le monde puisse se reconnaître : le peuple, la majorité, ses modèles, peut-être même sa femme. Tout le monde, sauf lui. La grande force du film est alors de montrer, avec une précision documentaire saisissante, combien l’Etat "dévore" littéralement ceux qui le servent. En perte d’influence constante face aux groupes financiers, décrédibilisé auprès d’une bonne partie de l’opinion, il est réduit à une image, à une "fonction" indéfinissable, à un exercice de communication permanente - belle performance de Zabou Breitman. Accrochés à un idéal du pouvoir (le personnage de Gilles, qui écoute en boucle l’oraison funèbre de Jean Moulin par Malraux), les personnages doivent se résoudre à accepter cette évidence : la politique est devenue un jeu qu’il faut jouer malgré tout. Une fiction nécessaire. Nos engagements personnels de spectateurs ressortent grandis par l’expérience de ce film adroit, intense et intelligent. Une oeuvre précieuse à l’approche des présidentielles. Mais aussi, un grand film politique.
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« L’exercice de l’état » est un film intelligent et bien plus subtil que « La conquête », film présenté également au dernier Festival de Cannes hors compétition et qui montrait la prise du pouvoir de Nicolas Sarkozy en 2007. Le film de Pierre Schoeller réussit, lui, avec une splendide lucidité et une belle sagacité, à nous montrer, à nous faire toucher du doigt la solitude des politiques face au pouvoir. Pas de gauche ni de droite ici mais simplement des êtres dépassés qui semblent parfois même fragiles devant des événements, des trahisons et des rivalités qui les écrasent ou les broient. Des hommes cherchant, dans la fuite d’un univers qui les dévore, « les corps de leurs ennemis ». Magnifiques acteurs, Olivier Gourmet et Michel Blanc sont à la hauteur de ce film très ambitieux qui touche au but : ces cent quinze minutes au cœur d'un monde impitoyable fait de petits marquis et de coups bas, deviennent une leçon de cinéma engagé. Le seul véritable engagement qui vaille en nos temps troublés : la recherche de la vérité.
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(...) ce long-métrage qui commence sur les chapeaux de roue et qui, jusqu'à son dernier plan, ne perd ni sa vitesse, ni son propos, ni ses spectateurs.
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L’Exercice de l’Etat, joué à la perfection (...), superbement écrit, sort à point nommé.
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Pierre Schoeller propose quelques mois dans la vie d'un ministre des Transports. Et c'est passionnant comme un thriller (…), le cinéaste est allé au-delà des apparences des effets de tribunes et du clinquant des voitures à cocarde pour s'intéresser à l'exercice de l'Etat au quotidien.
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Parce que Pierre Schoeller s'amuse avec brio à démonter ces mécanismes, L'Exercice De L'Etat repose en partie sur cette sensation, si plaisante pour le spectateur, d'accéder enfin à une réalité qui lui échappe.
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L'Exercice De L'Etat dispense une vision désenchantée mais sans doute lucide de la politique au plus haut niveau du pouvoir.
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Singulier par sa forme, étrange par son ton, (la bande-son est parfois même intrusive), crédible par son interprétation et fascinant par sa narration, cet "Exercice de l'Etat" nous force à regarder d'un autre oeil ces serviteurs de la nation. Même lorsqu'ils nous tirent la langue de bois.
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(…) "C'est la première fois qu'un film montre le fonctionnement du pouvoir avec un tel souci de réalisme."