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De Stephen Daldry, on avait adoré Billy Elliot et The Hours, œuvres aussi singulières que brillantes. (...) Le cinéaste n’a rien perdu de son savoir-faire technique ni de son habileté à entremêler les époques, The Reader jouant des flash-back et des passages des années 90 aux années 50-60 avec une fluidité étonnante. Daldry affirme aussi son goût pour les plans très pensés, à la limite du symbolique, et sa capacité à s’entourer des meilleurs techniciens. Il confirme enfin son talent de directeur d’acteurs : ce n’est pas pour rien que Kate Winslet a remporté un Oscar pour ce rôle, comme Nicole Kidman en avait eu un pour The Hours.
Mais on ne peut évidemment se contenter de regarder The Reader d’un simple point de vue technique ou esthétique. Comme le livre dont il est issu, le film porte à nouveau le fer là où ça fait mal, dans la plaie jamais cicatrisée de l’histoire allemande. (...) Il interroge la question jamais résolue de la culpabilité individuelle et collective des Allemands dans les crimes nazis. Il sonde également la monstruosité ordinaire ainsi que les rapports complexes entre les générations nées après la guerre et celle de leurs parents ayant participé, de près ou de loin, à l’extermination des juifs. Le livre de Schlink était assez ambigu sur ces thèmes-là, faisant de ses lecteurs les otages d’une émotion omniprésente et d’une empathie irrésistible envers Hanna, tout à la fois bourreau et victime. Même s’il souffre de défauts similaires, le film de Daldry transcende le roman en créant un malaise durable... -
(...) un indigeste best-of socio-historico-psycho-philosophique qui écrase et annihile sa portée sous le poids de sa propre importance. Daldry alterne tout en permanence : les actions (faire la lecture ou l’amour), les époques (années 50-60 ou années 90), les genres (histoire d’amour taboue ou mélodrame historique avec un crochet par le nec plus ultra du film de procès, celui contre les crimes de guerre nazis !), et le casting (Anglo-saxons ou vrais Allemands, avec Bruno Ganz en caution germanique). Impression désagréable d’être sur un pont suspendu entre deux rives, c’est-à-dire nulle part.
Toutes les critiques de The Reader
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Metteur en scène au talent sûr, Stephen Daldry adapte le best-seller de Bernhard Schlink et livre un drame sensible où l'émotion nourrit la réflexion. Ici, l'intime et l'Histoire entrent en collision et questionnent (un peu vite) la part de monstruosité tapie en chacun. Récompensée par un Oscar pour ce rôle de femme dont les mots ont "pensé" les maux, Kate Winslet porte ce film avec une belle intensité.
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Inspiré du roman de Bernhard Schlink, ce très beau portrait d'une époque dépassée par ses contradictions émeut et intrigue jusqu'au dénouement final.
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Avec audace, The Reader ose faire des crimes nazis non pas son sujet principal, mais la toile de fond d'une histoire d'amour et de culpabilité. En s'étirant sur plusieurs décennies le film explore les questionnements de générations entières. Que pèse la connaissance charnelle que l'on a d'une personne en regard des actes qu'elle a commis ? Comment s'accommoder d'avoir aimé un monstre ? Jamais manichéen, d'une sobriété infaillible, le film s'abstient de toute réponse : implacablement, ces questions minées nous sautent à la figure.
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Dernier film produit par Sydney Pollack et Anthony Minghella, « The reader » a valu cette année à Kate Winslet l’Oscar du meilleur rôle féminin. Une fois de plus, Ralph Fiennes prouve qu’il est un immense acteur dans le rôle de Michael Berg, cet homme habité par un amour et un secret enfouis, une culpabilité que seule une mort et un voyage à New York chez une rescapée d’Auschwitz libèreront enfin. Bruno Ganz dans un second rôle, celui d’un professeur de droit qui accompagne les doutes de son jeune élève est comme souvent remarquable. Stephen Daldry, à qui l’on doit « The hours » et l’inoubliable « Billy Elliot », réalise avec maestria un film courageux sur un thème très sensible : la responsabilité du peuple allemand face à la Shoah.
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L'histoire de ce projet est édifiante, en ce qu'elle illustre la manière dont Hollywood peut pervertir les meilleures intentions du monde. Le réalisateur Stephen Daldry et son scénariste, David Hare, sont bien conscients qu'un tel sujet sensible n'autorise pas d'ambiguïté. Et pourtant, The Reader dérape...
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En dépit des qualités du film, on ressent un malaise face à cette histoire qui nous impose d'avoir de l'empathie pour cette ancienne SS, responsable de la mort de centaines de juives et présentée en héroïne romantique sous les beaux traits de Kate Winslet. A vous de juger cette "Bienveillante"...
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S'il n'y a pas grand chose à redire du point de vu artistique, le fond, en revanche, est plus problématique. Daldry privilégie plus le drame personnel d'Hanna à la tragédie vécue par les prisonnières qu'elle gardait.
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Ici, c'est l'absence de regard qui glace : aucune aspérité, mais du sentimentalisme. Aucune audace, rien que de la joliesse gnangnan. Hollywood a toujours su aseptiser l'horreur : la preuve.